@franc :
Je ne suis ni
pessimiste, ni optimiste en fait, pas plus que défaitiste : j’observe, je
constate. Un changement majeur est en train de se produire : l’Humanité
elle-même dans ce qui l’a toujours défini : la Culture, se voit évoluer « négativement ».
Toute société se fonde sur la Culture, quelque soit les « dimensions »
qu’on lui accorde, Culture fondée sur l’Expérience (Réel, Monde, Soi, Autre),
aujourd’hui nous assistons à son remplacement par une « anti-culture »
de contrôle via conditionnement, neutralisant définitivement l’Expérience comme
référence, neutralisant la Culture comme participation à l’Histoire.
De ce constat, j’arrive
à cette interrogation : si ce qui a permis cette longue marche vers la
Raison, ces « moments » de génie tel que vous le présentez, de quelle
manière ceux-ci se reproduiront si les conditions nécessaires ne sont plus
réunies ?
Ce « génie »
ponctuel et déterminant qui s’est manifesté au cours de notre histoire, ne l’a
pu que parce que Singularité, Culture et Expérience « existaient » et
formaient la trame de notre évolution : aujourd’hui ces divers éléments
sont consciemment neutralisés, voir détruits par une « élite » qui
dispose de moyens d’une efficacité jusque là inconnus : résultat, le
Particulier, l’anti-culture, le Conditionnement se substituent aux éléments
précédemment cités : dés lors je ne vois pas de quelle façon la Raison
pourrait être le moteur de cette post-histoire, quand son influence se voit
neutralisée : nous ne saisissons plus le Réel, nous en sommes coupés, seul
un Décor nous est présenté : ce « nous » définissant la majorité
de nos contemporains. Si la Raison a besoin du Réel pour acter, quelle est sa
place quand un « décor » remplace le Réel dans les consciences
collectives ?
Bref, il ne s’agit
là ni de pessimisme, ni de défaitisme, mais un simple constat. Pour revenir à
Platon que vous évoquez, l’allégorie de la Caverne trouve dans notre société sa
réalisation la plus parfaite, la différence est qu’il n’y a plus d’ombres
projetées, ces ombres sur l’écran des consciences contemporaines ne sont plus issues
d’une transcendance mais de « laboratoires »(idéologique, économique,
politique,etc…) bel et bien humains.
Si le contact
entre émetteur et récepteur est coupé, comment le message peut-il passer ?
si la source est introuvable, comment s’y abreuver ?
Cordialement,