@mcm :
vous écrivez : « Votre
distinction entre l’identité et l’identification nous éloigne du centre du
problème, toute la reconaissance d’identité par vidéo surveillance ou
photographie légale est anéantie par le port d’une burka qui ne permettra pas
d’identifier le contrevenant lors d’une enquête après ou avant le délit ! »
donc si j’entends bien votre
propos est sous le coup de la « présomption de culpabilité » dans l’hypothèse
où un jour il serait impliqué dans un délit ou crime : partant de là, l’espace
public a pour propos d’identifier l’ensemble des citoyens, l’espace public
devenant de fait un espace voué à la surveillance et au contrôle : désolé
mais cela évoque en mi certaines périodes troubles de notre histoire.
D’un, sur les photographies
légales, (passeport, C.I, etc…) il est certain que nul compromis n’est
possible, c’était d’ailleurs mon propos, nul ne saurait échapper à l’obligation
de décliner ou justifier son identité aux détenteurs légaux de l’Autorité, et à
eux seuls cette obligation est assujettie : donc non pas à l’ensemble des
citoyens, cet argument ne tient pas, à condition que suivant votre logique, l’espace
public soit dévoué à la surveillance et au contrôle de chacun, que les citoyens
soient voués à être « délateurs » et que la présomption de
culpabilité remplace celle d’innoncence.
Bref, continuons :
Mcm : « Pourquoi
certains citoyens sans burqa seraient les seuls à être identifiables par ce
biais ? Quel autre moyen que la vidéo surveillance ou photographie légale
pour identifier en temps réel un individu en lui évitant les contrôles
directs ? Aucun !
Donc clairement notre société n’a
pas à favoriser les uns pour défavoriser les autres, soit la vidéo surveillance
est abolie, soit la burqa est abolie, sinon il n’y aurait aucune équité ! »
Je n’aurai aucune objection à ce
que la frénésie « vidéosurveillance » connaisse un ralentissement,
nous n’avons pas à être présumé coupable d’un futur hypothètique comportement
délictuel ou criminel en permanence, ce qui justifie le déploiement toujours croissant
de yeux et cerbères électroniques. Soit, nous nous éloignons du sujet, cet
argument ne peut suffire dans le cas de la burka.
Mcm : « Pourquoi donc
devrions nous modifier notre législation pour interdire la vidéo
surveillance ? Surtout qu’il faut ajouter au déplacement la perte
financière d’un outil de sécurité performant et déjà installé mais devenu
inutilisable ! Qui va payer la grosse addition ? En majorité des gens
qui ne portent pas de burqa ?
Ni pour la communauté musulmane
ni pour une autre nous n’avons à sacrifier des lois communes, ou des biens communs
tous les citoyens sont tenus de respecter les lois communes successivement
votées par nos gouvernements communs. »
Je ne saisis pas vraiment votre obsession
sécuritaire, la porteuse ou « victime » de burka est tenue de justifier
son identité de la même façon qu’autrui, cela étant non-négociable, me semble-t-il.
La vidéosurveillance n’a rien à voir dans cette affaire, nous ne sommes tenus à
justifier notre identité et être identifiable qu’aux autorités légales de ce
pays, et non pas à des « supplétifs électroniques ».
Maintenant, si la Loi existe, chacun doit la
respecter, la Loi s’appliquant à l’ensemble, partant de ce fait, une loi « spéciale »
serait en infraction à ce principe : une loi d’exception ne saurait être
compatible avec ce que nous entendons par Droit et Loi dans notre pays.
Bref, loin de moi l’idée de défendre ou non la
burka, cela est un débat stérile, mon questionnement est bien plus quant au
caractère « particulier » d’une loi anti-burka, qui ne pourrait de
toute manière être formulée ainsi, au risque d’être perçue comme discriminante,
mais sur la jurisprudence que cela créerait : loi spécifique à l’encontre d’un groupe, d’une
population ciblée, d’une idéologie, d’une religion : la Loi n’autorise toujours
que des termes vagues afin de coïncider avec son application collective, par
voie de conséquence jurisprudence serait créée et applicable demain à d’autres
groupes, populations…Bref, rien de bon là-dedans.
Enfin pour conclure, si les arguments « oppression »,
« discrimination sexuelle », « aliénation mentale » s’appliquent
à l’objet « burka », notre appareil législatif fournit pléthore d’outils
juridiques et légaux pour traiter cette question, sans nécessité d’une nouvelle
loi, sans besoin de créer un « buzz médiatique » pour un phénomène
ultra-minoritaire, quand des problèmes d’une toute autre importance et échelle
représentent une menace bien plus réelle.
Cordialement