Intéressante contribution d’Ahmet INSEL à cette pétition qui, espérons-le rendra caduque un fantasme largement répandu dans nos medias : celui d’un peuple turc homogène soudé dans sa haine du minoritaire arménien..

Geste symbolique ? Pas tant que ça si l’on considère le fait que signer une pétition, comme certains ici le font à la chaine, n’a pas les mêmes conséquences que de l’autre côté du Bosphore.

Signer un tel document en Turquie c’est une prise de risques conséquente pour celui qui appose son paraphe..

Un point me laisse songeur dans le discours d’Ahmet INSEL, et qui devrait faire réfléchir ceux qui, dans nos états, sont prêts à la validation de toute mesure de restriction des libertés fondamentales et à la mise en place de mesures d’exception pour peu que soit invoqué le prétexte de :

« La lutte contrte le terrorisme » :

« Mettre au même niveau, les actions de bandes illégales utilisant la force contre un groupe de population considéré comme ennemi et l’action de nettoyage ethnique commis par un Etat contre ses propre citoyens en prétextant la différence de langue, de religion et de race revient à considérer l’Etat en question comme un Etat de bandits. »

L’auteur se réfère à une justification a posteriori des massacres présentant ceux-ci comme conséquences des actes terroristes commis par les ultra nationalistes arméniens.

Souvent est ainsi évoqué un acte fondateur du terrorisme moderne : la prise d’otage de 1896 de la Banque Ottomane à Constantinople. Acte fondateur par son retentissement médiatique à l’époque et par sa conception même d’une action de communication violente..

Pour plus de détails :

http://confluences.ifrance.com/textes/20chiclet.htm

Cette action, puis d’autres, puis le fantasme d’une « cinquième colonne arménienne » présente sur le terrtoire ottoman et prête à apporter une aide aux forces russe menaçant le territoire national seront parfois utilisées par des historiens turcs d’état pour présenter les massacres divers qui suivirent puis le génocide de 1915..

Cette stratégie de justification, si elle provoque immédiatement une réprobation légitime par chez nous.. devrait pourtant nous faire réfléchir car nous l’entendons régulièrement..

C’est cette même logique qui veut qu’une démocratie menacée par le « terrorisme » est en droit d’utiliser des moyens qui sont ceux d’une dictature et qui veut qu’une population présentant des critères communs d’appartenance « ethnique » avec un mouvement menaçant soit légitimement présentée comme une cinquième colonne potentielle.

Cette logique « sécuritaire » a permis ainsi à un état se présentant comme le premier défenseur des libertés humaines d’ouvrir des centres de torture « industriels » (Guantanamo et autres..) et d’autoriser des « pressions physiques modérées » dans une formulation juridique permettant toustes les dérives vers la torture pure.. mais légale..

C’est aussi cette logique que l’on entend lorsqu’est justifié a posteriori l’emploi de la torture par la France durant ses guerres coloniales par la description complaisante d’actes barbares commis par des bandes armées de l’autre bord. Une bombe autorisera ainsi à torturer une centaine de personnes...

D’autant plus choquant que des gouvernants français vertueux adoptèrent un jour une reconnaissance d’un génocide commis par une autre nation.. et lui enjoignant sans cesse d’effectuer un travail de mémoire.. sans avoir assumé son passé comme a pu le faire l’Allemagne de l’après guerre.

gAZi bORAt