Je vous remercie de votre réponse approfondie dont je retiens que vous considérez comme moi que ces caricatures sont une faute politique (« mauvaises »), dans la mesure où elles ne pouvaient pas être reçues par la majorité des musulmans pacifiques autrement que comme un offense, voire un affront, à la religion musulmane dans son ensemble et adressée à tous les croyants qui s’y reconnaissent.
Il me semble que, sur le reste, nos divergences tiennent au fait que vous admettez, au contraire de moi, le droit d’offenser des personnes qui ne partagent pas a priori les mêmes conceptions politiques ou religieuses que vous, en tant que ce droit ferait partie de la liberté d’expression qui devrait être absolu. ce que je conteste : un droit est toujours relatif à d’autres droits ; aucun liberté n’est et ne doit être considérée comme absolue, sauf à verser dans une vision métaphysique (donc dogmatique et intolérante) ou quasi religieuse du droit et de la politique. Une liberté absolue ne peut que déboucher sur la violence (et l’insulte et le mépris sont des violences,, elle est donc liberticide du droits des autres à être respectés dans leur liberté de croire et de pratiqués leur religion, droit reconnu par notre constituion et la loi sur la laïcité de 1905. Est-ce à dire que vous niez la valeur du respect des religions et des croyants (ce que je ne suis pas) , sur laquelle j’insiste, comme nécessaire à la vie publique et démocratique ?
D’autre part vous semblez confondre preuve et argument ; or une preuve concerne le domaine de la connaissance et établit qu’un discours est cohérent en lui-même et avec l’expérience objective universellement reproductible qui en est le référent, alors qu’un argument est toujours ouvert au débat, car il concerne plutôt le domaine de l’éthique et de la politique, en montrant qu’un acte ou un discours génèrent des conséquences cohérentes ou opposées aux principes et finalités dont on reconnaît la valeur pour la vie sociale (respect d’autrui, refus de l’insulte, liberté régulée ou civilisée etc..). Tout serait plus simple en effet si ces principes étaient spontanément compatibles ; ce qui n’est jamais le cas. Il n’y a d’autre validation possible de la justesse d’un argument éthique et politique que de montrer que l’idée ou son expression a des conséquence éthiques positives dans la régulation pacifique des relations sociales. Or la moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas de ces caricatures dont la publication fait l’objet d’une défense totalement aveugle à ses conséquences au nom de la valeur « en soi » d’un principe qui n’existe pas dans le droit (qui peut même être considéré comme contraire au droit) : celui d’offenser des personnes pour le seul motif qu’elles partagent une même croyance religieuse..
Mais ma position est donc plus éthique ou philosophique et politique que juridique. Ce qui relève du droit d’expression de tout citoyen.
Je constate, enfin, que vous semblez incapable de vous mettre à la place d’un musulman pacifique qui se voit traité de terroriste à travers une caricature fallacieuse du prophète auquel, ce qui est son droit dans une société laïque, il se réfère au plus profond de sa croyance identitaire, ce que je peux comme vous regretter ; caricature que, du reste, personne ne défend sur le fond (et pour cause), même ceux qui se sont empressés de la publier au nom d’une liberté d’expression sauvage (sans règle ni limite), mis à part la Ligue du Nord (droite ultra-chauvine et raciste) en Italie, la tiennent pour mauvaise, voire dangereuse.
Une telle caricature n’a rien à voir avec la critique argumentée et par là respectueuse des croyants d’une religion, critique qui me semble, comme à vous, tout à fait nécessaire en démocratie.
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