@ThatJazz :
Mon propos n’était pas une invitation à « discuter socio » ou à comparer la validité de telle ou telle thèse sociologique, ethnologique, anthropologique, etc…C’était un constat, où simplement je disais qu’on ne peut plus séparer « situations locales » d’une situation globale, où on ne peut plus faire l’impasse alors que tout se retrouve interconnecté, s’influant réciproquement et produisant certaines des situations que vous avez décrites dans votre article. Et je crains à mon tour que le « problème » dont vous parlez n’a rien de « trivial » mais qu’il s’inscrit parfaitement dans cette phase de mutation qui impacte l’ensemble des sociétés humaines, la société occidentale particulièrement.
Vous écrivez : « L’urgence aujourd’hui c’est ces problèmes graves, violents et inacceptables dans notre culture présente. » le fait est qu’à proprement dit il n’existe plus de « culture présente », ce que j’ai développé dans mon commentaire précédent.
Cette « atmosphère délétère” ne peut se limiter à la confrontation de cultures différentes, soit cultures contemporaines différentes, soit une culture patriarco-machiste passé s’opposant à une culture « moderne »…Bref, si le problème était d’ordre culturel, il ne serait pas véritablement un problème, le Politique au travers de la Loi et du Droit, serait à même de le gérer.
Le problème est bien cette anti-culture que j’ai décrite précédemment, car cette « atmosphère délétère” ne peut se limiter à cette « culture méditerranéenne, machiste », aux mariages arrangés, aux femmes voilées, soit à certaines manifestations culturo-religieuses liés à l’islam à des degrés divers et variés : cette « atmosphère délétère » est produite par le système, et cela au-delà de toute différence catégorielle, ethnique ou sociale : elle est part intégrante de cette anti-culture de contrôle et conditionnement, et focaliser sur les particularités/particularismes, ne fera que retarder une prise de conscience nécessaire et vitale.
Soit…vous écrivez : « La claustration et la séparation des sexes, la diabolisation du corps, du plaisir, de la liberté. », il est intéressant que vous posiez le problème au niveau de la Sexualité, et que vous associez plaisir et liberté comme si les deux étaient effectivement liés ou synonymes. Soit, vous évoquez votre grand-mère, personnifiant la « femme d’hier » dans ses luttes, ses combats, son oppression, etc…en parallèle, la dite « révolution ou libération sexuelle » des années 60/70, ou « révolution « morale » qui a eu pour conséquence la libération de la Sexualité de la Morale. On peut considérer cela comme positif, mais on pourrait aussi se demander de quelle manière cette dite « révolution ou libération » n’avait sans doute pas le parfum de spontané qu’on nous présente généralement et qu’elle n’est pas apparue par hasard, mais qu’elle répondait bien non pas à une évolution de la société mais à son adaptation à une nouvelle donne économique : la croissance économique post-guerre, aboutissant : d’un l’intégration de la Femme dans la sphère du Travail, de deux la démoralisation de la Sexualité : deux évènements qui ont surtout eu des conséquences positives au niveau économique plus qu’au niveau politique ou social. Economiquement, l’intégration de la Femme au marché du Travail a coïncidé avec une immigration massive, deux facteurs qui ont favorisé la constitution de « classes fragiles et précaires » travailleuses et travailleurs immigrés. Politiquement, peu à peu on a basculé de revendications collectives de progrés sociale vers des revendications particulières. Socialement, la disparition de l’oppression féminine n’a jamais eu lieu, la Loi elle-même a mis des décennies avant de considérer toute son ampleur (législation sur le mariage, divorce, devoir conjugal, état-civil, viol, harcèlement, parité,etc…) bref, cette dite « libération/révolution » associé à un Féminisme affirmé n’a pas eu un effet immédiat autre qu’économique.
Mais revenons au propos principal : Morale et Sexualité : la question est donc en quoi la « démoralisation de la sexualité » permet-elle, telle que vous le faites, de faire coïncider plaisir et liberté ? Mise à part, cette anti-culture de contrôle-conditionnement que j’ai décrite, je ne peux voir d’autres raisons. Rassurez-vous, il ne s’agit pas pour moi d’avoir une perspective morale ou moralisante sur la Sexualité, je me considère volontairement comme amoral, la Morale n’étant qu’une forme différente de contrôle-conditionnement, mais de faire ce constat : cette « démoralisation de la Sexualité » et l’association plaisir(sexuel/corporel généralement ) et liberté n’a d’intérêt qu’économique et ne démontre aucunement un quelconque « progrés » social ou politique : bref, un « détournement économique » de ce qui aurait pu représenter un changement radical dans nos sociétés.
Si cette morale a quitté le Sexe, elle a permis le développement de tout un marché économique jusque là étouffer par la Morale et sa traduction juridique et légale : il ne s’agit pas uniquement de la pornographie, mais de toute la récupération économique de la Sexualité et du concept de plaisir dans une perspective et une logique de rentabilité économique. On aboutit donc à la situation inverse de ce qu’aurait dû produire toute libération, à une forme d’aliénation pleinement consentie puisque le plaisir sexuel/corporel/hédoniste est complètement associé mentalement à la notion de Liberté (liberté qui elle-même se retrouve traduite avant tout par la capacité de consommer sans limites ou presque) : concept de plaisir bien entendu formaté, élaboré non pas par la Culture mais bel et bien par le marketing-conditionnement et la captation des énergies libidinales individuelles.
Une des conséquences qui nous intéressera particulièrement concerne la Femme et la manière dont cette « démoralisation du sexe » a entrainé non pas une amélioration de la perception du sujet « femme » mais bel et bien une dégradation : quelque soit le terme que vous préférerez : femme-objet, femme-salope, femme-nympho, etc…ces stéréotypes ne sont pas véhiculés par une quelconque culture machiste, méditerranéenne qui ne connaît que les stéréotypes ou archétypes mère, vierge ou putain ; mais bel et bien par cette anti-culture de contrôle-conditionnement, qui colonise les consciences collectives non pas d’une pornographie visuelle mais de schémas-rapports homme/femme strictement déshumanisés selon un scénario porno-économique. Et cette « atmosphère délétère » procède avant tout de cela plutôt que de pratiques culturelles « archaïques » : car elle opère sur une échelle collective, mentale auquel personne ne peut échapper : les sifflets, les gestes obscènes qui vous agressent dans la rue ne naissent pas de lectures pauliniennes ou coraniques mais de ces écrans qui conditionnent représentations mentales et comportements : ce qui est le but bien entendu.
Pour élargir un peu plus, un simple constat, si la Morale a disparu en-dessous de la ceinture, elle est réapparu juste un peu au-dessus : la Morale ne siégeant plus dans la région pelvienne mais dans le ventre : le Sexe na plus à être morale mais la Nourriture oui : cela influe aussi sur la condition féminine, qui après les diktats patriarcaux, les schémas pornographiques, se retrouvent soumises à la dictature diététique : situation qui impacte autant sa condition que les facteurs précédemment cités. Il n’y a plus de culpabilité dans le sexe, la culpabilité nait de l’acte de manger.
Bref, tout cela pour dire que seule une perspective globale permettrait de saisir non pas la ré-émergence d’une culture ou de comportements machistes, trop facilement imputables à des communautés qui semblent être voués au « bouc-émissariat », sans doute afin d’empêcher une prise de conscience globale, mais bel et bien de saisir la mise en place d’un système et d’une société où les oppressions ne feront que s’affirmer, mais que nous pourrons difficilement combattre, car trop occupé par nos revendications particulières : ce qui est d’ailleurs le but. Une « burka » portée est facile à reconnaître et à combattre selon tel ou tel principe, mais les « burkas mentales » nées de cette anti-culture seront bien plus difficile à combattre : on ne les enlève pas une fois chez soi : un « chez soi » lui-même conforme à l’ « ikeasisation » des esprits.
Cordialement,
15/07 22:16 - Amada
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