Chère Céline,
Vous faites bien de préciser votre pensée, et cela m’inspire quelques commentaires, et notamment sur la notion de libre-arbitre.
D’abord, le libre-arbitre ne va pas de soi. De même qu’un enfant abandonné dans une forêt à sa naissance ne deviendra pas, s’il survit, un être humain à jour de ses cotisations, le libre-arbitre, la capacité à penser par soi-même, n’est pas inscrite dans notre code génétique. Sans éducation, l’homme ne vaut guère mieux qu’un animal. Et sans instruction, un homme n’est pas un citoyen : on ne peut penser à partir de rien, la réfléxion ne se fait pas ex nihilo. Cela pose la question de l’école et, dans ce domaine comme dans tant d’autres, la France va à reculons. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet.
Ensuite, quand vous décrivez la « morale naturelle » de chacun comme son ressenti profond, allié à la « puissance de mécanismes d’auto-conviction », je serais presque d’accord. « Presque », car cette vision, un tantinet trop libérale aux yeux du hobbesien que je suis, fait l’impasse, ou en tous cas semble vouloir la faire, sur la bêtise crasse et la méchanceté profonde dont la plupart des gens sont sciemment capables de faire preuve, sans qu’à aucun moment ils ne ressentent le besoin de se confectionner, dans leur for intérieur, une justification quelconque.
Vos fréquentations sont sûrement plus recommandables que les miennes. Ou alors, vous vivez bel et bien dans une caverne (simple plaisanterie, cette fois).
Frédéric Alexandroff