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Commentaire de jean-jacques rousseau

sur Le peuple souverain, l'auto-gouvernance...


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jean-jacques rousseau 4 juillet 2009 23:31

Ce que vous dites est interessant mais il me semble que vous vous contredisiez legerement.

La citation que vous avez choisi : ’’Il est préférable d’adopter un projet « imparfait » mais auquel tout le monde adhère plutôt qu’un projet « parfait » qui suscite des oppositions vives de la part de certains.’’ souligne la différence entre un monde idéal voir imaginaire et la realité.

Pour vous il est legitime de révoquer quasi-automatiquement un élu sous le prétexte qu’il se doit de « représenter tout le peuple ». Mais vous n’êtes pas sans ignorer que le principe de la représentation est une ficition juridique et qu’il serait abusif d’exiger d’une personne de porter l’exigence politique de tous et de chacun des électeurs. L’élu est un etre humain et porte en lui ses propres limites, ses convictions, ses certitudes, des aspirations et des ambitions qui lui sont propres, personelles. Vouloir le jour de sa prise de fonction qu’il se transforme en un etre multiple, une synthèse parfaite des opinions et des orientations de ses électeurs serait schizophrénique... Dans la réalité l’élu est déjà un personnage complexe tiraillé entre les mots d’ordre de son parti, son idéal politique, son environnement famillial et social et les émotions succitées par les rencontres humaines dans telle ou telle circonstance. Que peut-on lui demander de plus ? D’etre l’archetype de la vertu politique, le ministre d’un saint sacerdoce ? Il ne faudrait pas surestimer la nature humaine. 

Je prefererai que l’on se satisfasse de choisir comme représentant ou plutot comme mandataire un honnete homme, mesuré et concilliant comme on en trouve partout plutot qu’un etre sur-humain impossible a dénicher. D’ailleurs pour représenter un ensemble de citoyens il n’est pas necessaire de chercher une perle rare qui soit le meilleur d’entre eux puisque celui-ci ne leur ressemblerait pas et se placerait plutot comme une exception nullement représentative de l’electeur ordinaire.

 Ensuite vous dites que l’elu n’a pas besoin d’étre protégé. Pour moi il a besoin de cette protection ne serait-ce pour ne pas etre attaqué impunément par ses ennemis et ce d’autant plus qu’il est honnete et vertueux puisqu’il faut supposer que tout peut être tenté pour le décourager dans sa mission de servir loyalement les citoyens, pour le corrompre pour le compte d’intérêts contraires a celui du bien commun ou le faire tomber dans une machination. 

En tout cas ses ennemis ne doivent pas pouvoir l’atteindre dans son intégrité en usant contre lui l’argument d’opinions ou de votes emis par lui dans une assemblée ou une commission, etc. C’est l’objet de l’article 26 de la Constitution qui dispose « qu’aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Cette disposition me semble parfaitement justifiée.

Ensuite partant de l’idée que la représentation n’est pas un droit absolu et définitif. Toutes les décisions du représentant doivent pouvoir être controlée et corrigées par le mandant, c’est a dire le peuple qui doit rester souverain, qui doit garder la liberté, en dernier recours, de ratifier ou non les dispositions prises par son représentant. C’est la tout l’intérêt de la ratification par le peuple du texte légal, des dispositions négociées en son nom et idéalement dans l’intérêt de tous. 

Et c’est là que vous confondez dans votre defense de la révocation entre l’acte legislatif débatu et voté par le représentant et le représentant lui-même. « Si donc l’élu ne fait pas ce que le peuple veut, ce dernier doit pouvoir, à tout moment, le déposer. » 

Vous vous trompez de cible : ce qui est ici en cause n’est pas la personne du représentant mais la loi ou disposition légale qui fera force de loi. Au lieu de remettre en cause le texte, l’objet qui fait litige vous vous en prenez à la personne elle-même. 

Mais apres avoir « révoqué » cette personne pour des motifs secondaires, discutables voir confus et apres une dispute impossible à trancher sans préjugés et parti pris que faites vous du texte légal ou du traité à l’élaboration duquel elle a pris part ? Vous le laissez tel quel en place ? 

Vous ne laissez donc pas la liberté au peuple souverain de le rejetter si il ne lui convient pas ou de le ratifier et le laisser prendre ses pleins effets légaux dans le cas contraire ?

Tout votre raisonement est boiteux et c’est en claudiquant ainsi que vous démontrez que toute la question vous dépasse. Ne voyez vous pas que les slogans que vous reprenez sans les comprendre sur la « révocation automatique » par exemple sont des idées de songe-creux sans expérience ou de manipulateurs qui revent de mettre les defenseurs du principe démocratique du gouvernement du peuple par lui-même en situation d’echec ? 

Mais si vous etes un defenseur de l’anarchie et du désordre public poursuivez donc dans cette voie, je suis sur que vous obtiendrez de la sorte quelques petits succes dont vous aurez, apres toutes vos peines et tous vos discours aussi inutiles que oiseux, quelque satisfaction.


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