Je ne pense pas que la question de l’humanisme soit de favoriser le bonheur de soi ou bien des autres, mais, se fondant sur des principes éthiques de justice et de respect mutuel, de prétendre pour chaque être humain aux mêmes droits fondamentaux. Le bonheur est une notion bien floue et trop variable pour l’ériger en idéal rationnel. Saurions nous-ce qu’il peut-être, l’humanisme aspirerait à celui de tous.
Bien sûr de nombreux systèmes furent conçus pour apporter réponse à tout. Mais tous ne débouchent pas sur un programme politique visant à établir un modèle de société, en tant que tel destiné à s’imposer à tous. En politique, les systèmes totalisants aboutissent aux régimes totalitaires.
Tout comme l’humanisme, le libéralisme à certainement une vocation universelle, mais ne cherche pas à l’imposer, c’est toute la différence : l’universalisme propose quand le totalitarisme s’impose. Il ne se pose pas comme pensée unique, puisqu’il autorise à penser différemment. Dans une société authentiquement libérale, rien ne peut être imposé que par voie de droit.
D’autre part, ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui « la pensée unique » recouvre plutôt l’idéologie « néo libérale » des économistes, cache-sexe du capitalisme, que le libéralisme philosophique. Et le débat sur le port de la burqa semble opposer notamment des penseurs-uniques du tout sécuritaire à des partisans des libertés publiques.
Votre analyse des motifs de l’accession de l’Inde à l’indépendance n’engage que vous. Remarquons cependant qu’elle a été imposée aux britanniques contre leur gré, après un long conflit.
Enfin, quand vous dites : « Mais quand l’on voit le temps et la sueur qu’il fallu aux Noirs pour obtenir ce droit si simple, si fondamental dans une société par avance démocratique et libérale, qu’est l’égalité, comment penser que le pacifisme aurait eu un effet quelconque en 1789 ? », je pense qu’il ne faut pas tout mélanger : l’action non-violente a pu aboutir vis-à-vis des pouvoirs anglo-saxons (Royaume-Uni comme USA), justement parce qu’il s’agissait néanmoins d’Etats de Droit.
Il est certain qu’a contrario, le contexte des régimes tyranniques n’y est pas favorable. C’eut donc été peu propice en France lors de la monarchie absolue (si l’on avait alors connu la non-violence), tout comme aujourd’hui au Tibet sous le joug communiste.
« Comment croire qu’à l’heure où le féodalisme économique s’impose, la non-violence pourra ramener l’égalité sur terre ? » Dès lors que nous sommes encore, justement, dans des sociétés libérales, imprégnées de valeurs éthiques, l’action non-violente pourrait s’avérer très efficace. Lorsque nous aurons abandonné ces valeurs pour faire place au seul règne de la force, alors il sera trop tard.