Vos pensées virevoltent comme des mouches, il est difficile de les attraper. « Et personne ne s’est dit » « on leur enlève », de qui parlez-vous : la famille, l’état ? Mais restons sur un seul exemple, ce sera mieux :
Quand vous parlez de « la drogue et son idéologie positive tolérée », vous parlez, si je ne m’abuse, d’une propagande nationaliste destinée à calmer les tensions sociales. Mais comme fondement de cette hypothèse, vous indiquez un seul ex, un personnage des shows de Collaro. Donc pour vous la culture populaire est grandement influencé par les autorités politiques et économiques.
Mais comment peut-on influencer la culture populaire ? Des hommes des services secrets ont-ils obligé Collaro à présenter un personnage baba sympathique ? Et si, simplement, Collaro avait créé ce personnage pour se moquer des tabous moraux tel qu’ils subsistaient encore à cette époque dans certaines classes de la population, celles dites « petits-bourgeois » ou « vieille france » ?
Je disais que vous mélangez l’effet et la cause. C’est le cas ici : la culture populaire, surtout française, se moque de l’autorité par principe. L’état interdit les drogues ? Et bien Collaro fait son métier d’humoriste, provoque et dit le contraire de l’autorité.
Mais si aujourd’hui la drogue est moins tabou qu’autrefois, consommée plus souvent, c’est moins grâce aux efforts d’un lobying quelconque qu’une réaction sociale naturelle : ceux qui voulurent l’accès aux drogues, ce fut la génération qui aujourd’hui détient l’autorité.
Cette idée que les drogues illégales sont utilisés sciemment pour calmer les tensions sociales ne repose sur rien. Le tabac et les antidépresseurs sont plus faciles à se procurer, mieux régulés par l’état. Les drogues sont interdites par les états car ceux-ci ont peur d’une surconsommation, car les drogues ne permettent guère de bons rapports sociaux : elles individualisent, coupent de la réalité et provoquent un manque qui peut conduire à des accidents.
L’état à de bonnes raisons d’interdire les drogues et la culture populaire de bonnes raisons d’avoir un avis moins tranché. Il n’y a pas de complot machiévélique, l’état n’utilise pas les drogues pour calmer des tensions, notamment celle des ghettos. L’explication est telle qu’elle est en réalité : simple et, pour celui qui s’attend à une révélation, chiante.
Amicalement de même, Barbouse. Certainement un peu parano, mais la paranoïa étant pour Lacan la structure même de notre quête de la connaissance, au fond sympathique.