Il me semble qu’il y a un moyen « simple » de distinguer la droite de la gauche : la droite est inégalitaire alors que la gauche est égalitaire. Ce qui complique les choses, c’est que l’on peut être égalitaire à certains égards (pour l’égalité entre hommes et femmes par exemple) et inégalitaire à d’autres égards (contre l’égalité des richesses). Il est clair que Cohn-Bendit, du point de vue économique au moins, est à droite. J’ajouterai que ce n’est pas à cause de son esprit libertaire. Les vrais libertaires sont pour une abolition des hiérarchies sociales et économiques, alors que les libéraux comme Cohn-Bendit sont pour la soumission des salariés aux patrons et aux actionnaires. Contrairement à ce qu’on dit souvent (chez les libéraux, en tout cas), il n’y a pas à choisir entre la liberté et l’égalité : les deux vont ensemble. Dès qu’il y a de fortes inégalités, des rapports de domination s’installent entre les groupes humains.
J’aimerais maintenant faire une petite remarque à Julius sur le conservatisme. Malgré les apparences, être conservateur n’est pas forcément une mauvaise chose : vouloir conserver ce qui est beau et utile à la vie (ressources naturelles, oeuvres d’art, beauté des paysages....) n’a rien de déshonorant. C’est un beau métier que d’être conservateur de musée ou conservateur du littoral. C’est en ce sens qu’il faut dire que les vrais écologistes sont conservateurs : ils sont contre la destruction de ce qu’il y a de beau et d’indispensable. Une fois qu’on a compris cela, on peut comprendre qu’il n’y a pas nécessairement d’opposition entre conservation (et non conservatisme !) et progrès. Comment peut-il y avoir un progrès durable et réel si on gaspille et qu’on détruit les conditions matérielles et culturelles du progrès ? Peut-on dire, par exemple, que l’agriculture « conventionnelle » est un progrès, si elle pollue à outrance les sols, l’air et les nappes phréatiques ? La question mérite débat, me semble-t-il.