• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de BA

sur Les patriotismes révélés


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

BA 14 juillet 2009 15:02

« Alain Peyrefitte.- Et Paul Morand ?

Général de Gaulle.- Lui, c’est pire encore ! Laval ne lui demandait même pas de rentrer. Londres et Vichy étaient prêts à accepter le maintien de sa mission économique ; elle pouvait entretenir des liens discrets, tout en ne faisant pas obstacle à ce que les relations diplomatiques soient officiellement rompues… Il est parti par le même bateau que l’ambassade. On ne voulait pourtant pas de lui à Vichy et on lui a tenu rigueur de son abandon de poste. Il était victime des richesses de sa femme, qui était roumaine, comme vous savez. Pour les récupérer, il s’est fait nommer ministre de Vichy à Bucarest. Puis, quand les troupes russes se sont approchées, il a chargé un train entier de tableaux et d’objets d’art et l’a envoyé en Suisse. Il s’est ensuite fait nommer ministre de Vichy à Berne, pour s’occuper du déchargement.

Alain Peyrefitte.- Vous pensez que la collaboration et la fortune avaient partie liée ?

Général de Gaulle.- Vous ne croyez pas si bien dire ! Ce qui a rendu si rares les Français libres, c’est le fait que tant de Français soient propriétaires. Ils avaient à choisir entre leur propriété – leur petite maison, leur petit jardin, leur petite boutique, leur petit atelier, leur petite ferme, leur petit tas de bouquins ou de bons du Trésor – et la France. Ils ont préféré leur propriété. Quels ont été les premiers Français libres ? Des braves types comme les pêcheurs de l’île de Sein, qui ne possédaient que leur barque et l’emmenaient avec eux ; des garçons sans attaches, qui n’avaient rien à perdre ; des Juifs qui se sauvaient parce qu’ils devinaient qu’ils allaient tout perdre. Ceux qui avaient à choisir entre les biens matériels et l’âme de la France, les biens matériels ont choisi à leur place. Les possédants sont possédés par ce qu’ils possèdent. »

(Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, tome 1, Fayard, page 148)


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès