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Commentaire de Moristovari

sur Critique de la pensée de droite dans l'umps (3)


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Moristovari Moristovari 15 juillet 2009 20:48

Sans être esclave de la psychologie - pseudo-science encore jeune, trop centrée sur l’enfant et la famille au dépend d’autres facteurs formateurs du psychisme -, j’avoue croire, comme Sainte-Beuve et contre Proust, que l’homme fait l’oeuvre. Votre article n’étant pas objectivement scientifique, il est donc pour moi soumis à votre personnalité, facteur d’erreur fondamental.

En citant une phrase de Lacan, vous croyez que je prend Lacan comme référence ? Pensée simpliste, sans nuance : le besoin de l’étiquette. Un homme, ce n’est pas qu’un sujet, une unité : c’est toute une vie et une évolution de pensée, parfois contradictoire. J’ai cité cette phrase de Lacan parce qu’elle me paraît juste ; mais l’homme a aussi dit des bêtises, telles ses comparaisons entre concepts psychologiques et concepts mathématiques (comparaisons rendus nécessaires à la fin de sa carrière : atteint de troubles cérébraux, Lacan perdait la parole durant ses séminaires. Il dut donc avoir recours au tableau noir et aux schémas).

Qu’est-ce que la paranoïa ? Un concept vague qu’on utilise par défaut, par raccourci (comme je disais : « Quand une argumentation portant sur des concepts compliqués et au sens indéfini comme libéralisme et capitalisme ne fait que quelques dizaines de lignes, ce ne peut être une vulgarisation, juste une caricature. Mon article n’y échappe pas »). Je dis « Vous êtes un peu parano » car vous en avez certaines caractéristiques, peu développées. Morice, contributeur assez connu, est un exemple plus sûr de trouble de la personnalité paranoïaque. Ses articles ne doivent pas être rejetés pour autant : cet état n’empêche pas la découverte et l’expression de vérités.

Qu’est ce qui me dérange dans vos articles ? Rien ne me dérange (ne peuvent prendre vos articles au sérieux que les « esprits infantiles »), un trait m’intéresse : leur logique propre incompatible avec celle de la réalité (paranoïa). De loin, vos articles peuvent paraître vrai, de près on remarque ici et là le bricolage de la réalité. Pas d’orgueil superflu : nombreux font comme vous. L’explication de cet état général, de cette difficulté à cerner la réalité, me paraît trouvé par Deleuze : ainsi, selon lui, le capitalisme produit des schizophrènes.

Vous semblez avoir besoin d’une victime, d’un bouc émissaire pour expliquer le désordre du monde : c’est la « prédation », concept si creux que vous y faites rentrer tout ce qui vous semble « mal » ou « complotiste ». Et il y en a.

Parlons d’un exemple : pour vous, le sérial-killer au cinéma est un repère de prédation. Je traduis ainsi : la multiplication des films utilisant ce personnage-type est une conséquence culturelle de la multiplication de « prédateurs compulsif » au niveau social. Ce genre de films seraient donc enfants et reflets de leur époque.

Passons à la critique : les films de sérial-killers se sont démocratisé en même temps que la violence au cinéma. Cette démocratisation eut lieu avec le nouvel Hollywood (qui eut lieu entre la fin des 60’ et la fin des 70’). Avant le nouvel Hollywood, ce type de personnage est marginal : les films d’horreurs existent mais sont peu réalistes (Frankenstein, Dracula). Ceci dû à la censure et aux majors, qui préfèrent les films commerciaux. Les années 60 laissent entrevoir les changements qui bouleversent la société américaine (jeunesse, Viet-Nam) mais c’est la fin de cette décennie qui marque l’arrivée du nouvel Hollywood : Bonnie & Clyde, Le lauréat, Easy rider, La nuit des morts-vivants... La société américaine, rajeunie par le baby-boom, ne se retrouve plus dans le « cinéma de papa », il faut des films qui lui parlent. La réussite commerciale de ces films indépendants à faible budgets bien dans l’air du temps allèchent les majors : ils confient leur rênes et leur argent à de jeunes réalisateurs talentueux (ou pas). La série B, Z, la blaxploitation vont connaître leur âge d’or durant les 70 grâce à ce nouvel hollywood. Le sérial-killer devient un personnage « bancable » (comme on dit aujourd’hui) : L’inspecteur Harry et Massacre à la tronçonneuse représente les sommets de ces séries B violentes. Pourquoi le sérial-killer intéresse-t-il le spectateur : car il représente notamment la contestation ou la folie de la jeunesse (réact’ ou pas réac’), jeunesse alors assez libérée et en colère.

Arrive les années 80. Le Viet-Nam étant passé, la jeunesse ayant trouvé des emplois de bureau, la société américaine ne se retrouve plus dans la contestation. Elle préfère la tranquilité du bling-bling assurée par l’envolée économique, elle préfère la magie des effets spéciaux naissants. Le sérial-killer aurait pû disparaître mais il réussit à survivre en perdant son statut contestataire au profit du seul statut horrifique, lucratif : le spectateur a prit goût à ce sang dévoilé par le nouvel hollywood. Maniac et vendredi 13 découvrent le filon, Freddy & cie s’y ruent. Si Scream relancera la mode des films d’horreurs dans les 90« , c’est les 80 qui voient se multiplier les jeunes filles en robe de nuit poursuivies par des sadiques ricanant.

Voilà un petit résumé sur sérial-killer, cinéma et société. Donc je ne crois pas que les films de sérial-killers soient simples fruits de leur époques : la littérature du XIXème utilise souvent ce personnage. En fait, simplement, l’Homme est naturellement attiré par le morbide et la peur. Monstres, extraterrestres, sérials-killers ou robots fous : qu’importe le moyen, seul la peur qu’ils procurent compte.

Involontairement, vous vous êtes fourvoyé : en essayant de comprendre l’histoire, la réalité, vous avez commencé à construire une réalité de plus en plus divergente de la »vraie". Le sérial-killer eut des sous-entendus sociaux-politiques durant les 70’, durant les 80 il ne fut qu’un pantin pour faire peur. Qu’importe que ayez confondu 70’ et 80’ ou imaginé votre idée : l’erreur est là et cet exemple vaut pour d’autres, plus porteur de conséquences (en économie et politique).

Vous vivez probablement en banlieue : la banlieue n’est pas le monde. La culture ghetto n’est pas une culture dominante de la fin du XXème, elle n’est qu’une sous-culture digne de la culture gay ou hippie. Les ghettos se sont formés et se sont maintenus tout seul. Là où la police n’exerce plus l’ordre, la mafia et les caïds de quartier les remplacent. Il y a toujours quelqu’un pour prendre le pouvoir, il n’y a aucun plan gouvernemental dans l’histoire et le mode de vie des banlieues. Contre votre concept de prédation, creux, je vous encourage à découvrir celui de dominance chez Laborit (la nouvelle grille, éloge de la fuite), ses idées et sa vision du monde centré sur la biologie - instincts - pouvant vous intéresser.


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