• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Moristovari

sur Critique de la pensée de droite dans l'umps (3)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Moristovari Moristovari 16 juillet 2009 13:54

@ barbouse

Chercher l’homme derrière le pseudo : c’est un peu ça, sans les certitudes ni le fanatisme catégorisateur bureaucratique. Je répète souvent ce mot de Nietzsche : « les convictions sont des prisons ». Que vous soyez banlieusard ne fait pas de vous un sous-cultivé, par contre cela peut expliquer l’importance que vous consacrez au « ghetto » dans vos articles. Importance surréaliste car vos articles parlent du monde occidental dans son ensemble : or, dans ce monde, la plupart des gens ne vivent ni en banlieue ni dans des banlieues « ghetto » difficiles. Mais la banlieue est devenue médiatique contrairement au petit village du terroir qui ne l’est plus.

Nous arrivons au pouvoir des médias et à la culture ghetto. La culture ghetto, je la caractérise par les rappeurs : les rappeurs ont eu une influence certaine sur la jeunesse et les banlieues. Les rappeurs furent au départ un phénomène local, des artistes-contestataires sincères dans lequel se retrouvaient les jeunes. Mais leur réussite intéressa les managers avides d’argent et cette culture fut détournée au profit de la société de consommation : vendu comme produit de masse, nouvelles idoles des jeunes, les rappeurs devinrent des modèles à suivre. Et ce modèle eut un succès fulgurant, planétaire, notamment dans les banlieues dont ils parlaient. Les jeunes imitèrent leur allure, leur parler, leur mode de vie. Bien des banlieues ne connaissaient aucun gang avant que les rappeurs n’en parlent à la télé.

Creusons : au delà du mode de vie apparent des rappeurs, quelles sont les valeurs morales qu’ils promulguent comme raisons de vivre et qui eut tant de succès ? Et bien : égoïsme, égocentrisme, absence de morale classique et de spiritualité, paraître avant l’être... Cependant, ces valeurs ne sont pas typique des seuls rappeurs : ces valeurs sont aussi celles des stars, des millionnaires, des bourgeois. Ces valeurs, ce sont celles du nihilisme.

Si ces valeurs ont essaimé avec succès dans le monde, cela n’est pas dû au hasard : ces valeurs s’accordent merveilleusement avec le système capitaliste. Dans ce système la réussite, le pouvoir, est proportionnel à l’argent possédé. Or le meilleur moyen d’obtenir rapidement un emploi hautement rémunéré est de suivre ces valeurs. Dans le contexte d’une banlieue, celui qui gagne le plus est le dealer, un nihiliste, dans le contexte culturel c’est la star, aussi nihiliste. Social, politique, économie : la majorité de ceux qui réussissent sont nihilistes et l’argent est leur seul dieu.

Remâchons le bout de gras sur le sérial killer. Concrètement : il y eut tout le temps des sérials killers, a toute époque, et le succès culturel de ce personnage dans les 80’ n’a comme correspondance avec la société de l’époque que la perpétuation d’une tradition horrifique catharsique. L’Homme a besoin de monstres pour se faire peur et chaque génération a ses monstres fétiches. Il y a les monstres imaginaires qui font toujours recettes (Dracula, Frankenstein) et il y a les monstres humains caractéristiques de la culture dominante : aujourd’hui c’est le terroriste, hier ce fut le sérial-killer, avant le communiste, auparavant le nazi, auparavant le juif, auparavant la sorcière...

Tout homme à son fond de paranoïa, un goût pour la peur : on parle du marketing de la peur comme si cela était un complot gouvernemental récent alors que l’explication est si simple (et c’est généralement le cas : cf le rasoir d’Occam) : avoir peur est un instinct humain et chercher un bouc émissaire comme catharsis l’est aussi. Tout groupe, et c’est surtout visible chez les enfants, finit par trouver sa ou ses victimes qui permet(ent) à la majorité de défouler sa peur et sa violence. Le sacrifice rituel est propre à toutes les communautés humaines car c’est une résultante naturelle de ce contexte. Ce processus victimaire a notamment été étudié par René girard.

Donc la peur et la violence sont naturels. Donc chercher des boucs émissaires est naturel. Donc la plupart des boucs émissaires n’ont aucune raison de l’être. Mais certains boucs-émissaires le méritent : si la plupart des théories du complot sont l’oeuvre de paranoïaques, l’assassinat de Kennedy et l’attentat du 11 septembre sont effectivement douteux. Trier le bon grain de l’ivraie, c’est le travail de l’esprit critique.

Je peux répondre, si vous voulez, à vos deux assertions mais ce commentaire est déjà long. En l’état, je peux juste dire que vous m’apprenez que deux et deux font quatre et vous donner la réponse de Sartre : « L’homme est condamné à être libre ».

@ Lucien Denfer

Je n’assène pas des vérités : je dis ce que je crois vrai. Et n’utilise pas constamment le conditionnel par simple paresse et élégance littéraire. Personne ne peut connaître la réalité mais on peut juger si l’on en est proche ou loin. Personne dans l’antiquité ne pouvait faire le tour de la terre et pourtant Eratosthène en calcula la circonférence. Donner trop d’importance à la réalité locale que l’on connaît pour expliquer la réalité du monde est une erreur de jeunesse que j’ai aussi commise.

Les banlieues ne sont pas éloignés des centres de vie : elles entourent la ville. La ville, c’est là où tout les services et divertissement se trouvent, donc le prix de l’immobilier est élevé : tout le monde veut y habiter et ce qui est rare est cher. Donc les plus riches habitent en ville. Où vont les pauvres ? A coté, en banlieue, pas trop loin du travail. Les hlm ont été construits pour eux. C’est moche mais ça contient beaucoup de pauvres.

Je ne pas de réponse sur la police. Peut-être car la police et les banlieues, c’est chien et chat : ne jamais trop s’approcher sous cause de tension ? Vous dites que pas seulement : peut-être par manque d’effectifs, et que surveiller un quartier bourgeois est plus facile : les bourgeois aiment la police, symbole d’une autorité qui veillent sur leur (nombreux) biens. Le pauvre n’aime pas la police car elle représente un pouvoir sur lequel elle concentre sa haine d’être pauvre.

La drogue est parfaitement démocratique. Riche, pauvre, elle n’a aucun préjugé. Évidemment, la drogue est moins présente en Auvergne car l’y acheminer est plus difficile et la demande moins élevé, le trafic moins rentable. La ville et la banlieue sont les centres du trafic de drogues pour la simple raison que c’est là que ce concentre la population, la demande. Les jeunes qui y échappent ont juste la chance de ne pas avoir un dealer implanté près de chez eux, ce qui est plus courant en campagne.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès