@barbouse,
Dans une démarche de compréhension du réel, je ne m’embarrasse guère de critères de forme ou de protocole et seule l’information brute m’importe. L’objectivité des interprétations et tentatives d’explications qui peuvent en découler est forcément compensée par de multiples facteurs de distorsion liés au vécu de l’individu qui les émet, au lieu, à l’époque, à l’environnement social, etc. Toutefois ces « distorsions » ne sauraient remettre en question la validité et la logique d’une réflexion bien menée et étayée par des faits.
Cette maladie des penseurs dont vous faîtes état pour la sociologie touche malheureusement de nombreux autres domaines, dont l’économie. L’analyse par instantanés photographiques statiques (même les plus rigoureux) d’une dynamique évolutive ne peut rendre compte de la réalité du phénomène observé. Sans aller jusqu’à faire une analogie avec le principe d’incertitude d’Heisenberg des débuts de la mécanique quantique, il serait pertinent de se poser une question : « Dans quelle mesure peut-on questionner les sciences humaines pour trouver une réponse aux défis de la vie en société ? »
La politique c’est les tentatives des hommes d’organiser la cité selon des plans, des schémas de pensée, des idéologies diverses mais surtout nombreuses, en parfaite illustration du principe universel d’entropie. Cependant, certains aspects de ces organisations humaines, pas les plus reluisants, sont en parfait accord et suscitent un plébiscite spontané, par delà toutes les différences qui opposent leurs membres le reste du temps.
Le machiavélisme de certaines politiques consiste à exploiter ces constantes grégaires. Comme pour les sociétés animales, les rapports sociaux suivent la « stratégie du bourgeois » : Les comportements malveillants entre membres de société distinctes sont systématiques. On se bat sur son territoire et on fuit sur le territoire adverse, les signaux déclencheurs de l’attaque correspondent aux carences en ressources. Le coté avancé des sociétés humaines c’est la mise à contribution du concept bien pratique de bouc émissaire ainsi que la justification idéologique et/ou religieuse de comportements indignes de l’humain.
La clé de voûte de l’édifice, c’est de maintenir l’illusion que tous sont soumis aux mêmes lois, bénéficient des mêmes droits et sont redevables des mêmes devoirs, quand on peut constater l’existence de sociétés distinctes sur des territoires bien délimités, dont les individus sont soumis à des interprétations différentes des lois, droits et devoirs.
La paranoïa n’a strictement rien à voir avec cela, sinon cela reviendrait à décréter paranoïaque toute personne faisant ce constat de manière empirique.