Cher Ferdinand
Autant votre article était intéressant, autant votre remarque sur les banlieues prouve que vous n’êtes qu’un rêveur qui jamais ne refera réellement la révolution, même s’il se plaira à rédiger quelques pages de constitution.
Il faut de la colère, du courage, mais aussi du désespoir pour sortir du carcan sociétal et remettre en cause un système qui vous écrase et ne vous laisse aucun espoir. Ce passage à l’acte, ce n’est pas jeter de l’huile sur le feu en se présentant contre avec une langue bien pendue, c’est saisir autour de soi le premier objet qui peut servir d’arme, et s’en servir contre le premier symbole de sa misère.
Dans les banlieues, ce symbole, c’est le flic, et pour le faire venir, faut foutre le feu. Pas au habitations heureusement, mais à la ville ou aux voitures, qui finalement quand elles brulent ne risquent pas, comme pour une mairie ou une école, de mettre le feu à des immeubles voisins.
Ces gens-là que vous méprisez profondément, faut pas qu’ils lisent agoravox, sinon, ils vous perceront la couenne comme à celle de tous les bourges donneurs de leçon, qui s’empiffrent sur leur misère, en servant un système de l’argent roi et de diplômes qui ne laisse que peu chance à un gamin causant SMS et argot spécifique à la cité ou au rap.
Les laissés pour compte de 1789 ne sont pas les mêmes que ceux de 2009. Et vous ne voulez pas les voir. Entretemps, vous avez aussi oublié beaucoup de révoltes ouvrières (et déjà, ce n’était plus les paysans et les gueux citadins qui se révoltaient).
Les plus explosifs sont donc ces jeunes, sans éducation ni référence, qui peuvent servir de détonateurs pour la génération précédente, intégrée dans le monde du travail, mais à bas prix, endettée, et sans espoir de retraite. Voilà pouquoi ils sont stigmatisés. Ils peuvent être ceux qui feront bouger les autres. D’ailleurs, dès que les routiers, les sans-papiers, les agriculteurs ou dernièrement les gaudeloupéens manifestent, la télé officielle et les autres medias n’ont de cesse de les diaboliser.
Comme pour 1789, les bourges et les avocats (Danton, Robespierre par exemple) attendent leur heure pour reprendre la place qu’ils perdent, en 1789 à cause des nobles, en 2009 à cause des peoples en espérant que le bas peuple fasse le sale boulot. Là, il y a beaucoup moins de pavés aujourd’hui, les rues sont plus larges et le bitume ne permet pas d’accrocher des barricades solidement . Enfin, en 1789, il n’y avait pas de blindés, ni d’hélicoptères. Les foyers de révolte peuvent donc être rapidement circonscrits (merci Haussmann), et les masses s’endorment devant leur télé avec la parole officielle.
Quant aux philosophes révolutionnaires, ils sont bien rares et votre mépris de l’humanité de base vous écarte définitivement de leurs rangs.
Ne vous inquiétez pas pour autant. Si vous restez bien à l’abri, je pense que vous saurez tirer tout de même votre épingle du jeu. Mais ne comptez pas sur moi pour croire en vos belles paroles creuses