Bill Bonner, co-fondateur de La Chronique Agora, en Irlande
*** UNE ECONOMIE EN PHASE TERMINALE
** Notre foi vacille. Notre foi dans le fait que, tôt ou tard, le gouvernement américain réussira à causer de l’inflation.
* Revoyons notre prévision : la déflation maintenant, l’inflation plus tard.
* C’est très simple. Peut-être trop simple. Après un demi-siècle
d’expansion de crédit, nous avons désormais une contraction du crédit.
Dans ce sens, tout se passe comme prévu.
* On a vécu un krach et une crise du crédit à la fin de l’année
dernière. Puis les autorités ont paniqué. Elles ont répliqué par des
stimulants monétaires et fiscaux. Les taux ont été réduits jusqu’à zéro
ou presque. La Fed a inondé le système de cash et de crédit
facile — rachetant les mauvais investissements de Wall Street...
étayant les banques malsaines... et garantissant des milliers de
milliards de dollars de créances douteuses. Le gouvernement fédéral
américain, de son côté, a mis en place un plan de relance qui
autorisait plus de 700 milliards de dollars de dépenses.
* A partir du 9 mars, nous avons également vu un rebond
considérable des places boursières mondiales — comme prévu. Les
actions américaines ont grimpé de 40% environ depuis. D’autres places
étrangères ont grimpé plus encore. Les valeurs russes, par exemple, ont
plus que doublé. Les actions chinoises ont grimpé de plus de 60%.
* A mesure que le rebond se poursuivait, les gens ont commencé à se
faire des idées. Ils pensaient voir des « jeunes pousses » et "la lumière
au bout du tunnel". Mais si l’économie s’améliore vraiment, nous n’en
avons guère vu de preuves, dans les bureaux de la Chronique Agora.
Pour autant que nous puissions en juger, les prix de l’immobilier
continuent de baisser, le chômage continue de grimper... et, plus
important encore... les gens continuent d’agir comme si nous étions sur
la pente descendante du cycle du crédit. Les derniers chiffres que nous
ayons vus montrent qu’ils ont épargné au cours du premier semestre une
somme supérieure au total des « stimulants » qu’ils ont reçu. L’épargne
américaine — qui atteignait 5% la dernière fois que nous en avons
parlé dans ces lignes — frôle désormais les 7%. C’est exactement ce à
quoi on pouvait s’attendre. Mais c’est aussi un gigantesque
retournement de situation.
* Quant aux prix de l’immobilier, un million de prêts à taux
variables seront réajustés au cours des quatre prochaines années. Leur
sommet est prévu en 2011... avec des augmentations moyennes de 80%
environ. Cela mettra des centaines de milliers de maisons
supplémentaires sur le marché... et repoussera probablement le plus bas
de l’immobilier à 2012.
* Tant que les prix de l’immobilier chutent, que l’emploi décline
et que les consommateurs tendent à épargner plutôt qu’à dépenser, il
n’y aura pas de vraie reprise.
** De toute façon, selon nous, la reprise est impossible quoi qu’il
arrive. Parce que l’économie de pré-crise a atteint le stade terminal
du cycle du crédit — comme quelqu’un qui a une maladie mortelle en
stade terminal. Une fois que la personne est morte, on ne souhaite pas
qu’elle se remette... et redevienne comme elle était avant. Elle était
malade et mourante, avant ! Non, on signe le livre d’or, puis on tourne
la page. On laisse la vie prendre la place de la mort. On avance.
* Mais les autorités ont leur propre programme vampirique. Les
politiques ont mis la malheureuse économie sous machine de réanimation.
Un tuyau apporte l’oxygène du crédit facile. Un autre injecte plus de
« stimulants ». L’économie râle à chaque inspiration. Des entreprises
mortes, comme General Motors, annoncent qu’elles ont repris vie. Mais
enlevez le tube... et elles s’effondrent. Des ménages qui flottaient le
ventre en l’air apprennent à vivre submergés de dette... avec des
perfusions spéciales fournies par les autorités. Les économistes en
mort cérébrale de la Fed et du département du Trésor américain
continuent d’offrir leurs élixirs et leurs panacées — même s’ils n’ont
jamais fonctionné.