Je ne pourrai réagir aux statisques de Brice Hortefeux que je connais pas en profondeur et je me limiterai à rappeler que malgré une palanquée de lois et de promesses électorales, la situation ne s’améliore pas, mis à part pour les vols d’autoradio et de voitures dans la cause semble technique. J’ai du mal à imaginer le lien direct entre les propos de Ruwen Ogien et ces chiffres, tout simplement parce que la « trangression » des lois liberticides dont parle Ruwen Ogien ne me semble pas « produire » des chiffres significatifs en matière de délits. Mais il y a peut-être des relations plus complexes que d’autres mettront au jour.
Cela dit, les
propos de Ruwen Ogien sont salvateurs au sens où ils décapent la couche
d’intégrisme religieux qui se dépose sur nos démocraties. Pourquoi
parler d’intégrisme religieux ? Car c’est une démarche prosélyte qui
tend à imposer comme des normes sociales des interdits dont la
transgression ne porte préjudice ni aux autres, ni à soi-même. Exemple
: la sexualité avant le mariage, le recours à l’Assistance Médicale à
la Procréation, le choix de mourir dans la dignité. Trois domaines où
l’intégrisme nous parle d’un pêché gravissime, alors que la seule
« chose » offensée est l’intolérance d’empêcheurs de vivre en rond. Autre
exemple, la gestation pour autrui que certains ont voulu circonvenir à
la mère porteuse. Peut-on un seul instant croire que dans un état de
droit une femme ne puisse pas prendre une décision libre et éclairée de
porter par altruisme l’enfant d’une famille qu’elle souhaite aider ? Ne
sommes-nous pas en face d’un despotisme (et d’une misère
intellectuelle) quand l’égérie de la fraternelle Pie X, Sylviane
Agacinski, nous dit que c’est à des personnes comme elle de définir ce
qui est humain et ce qui ne l’est pas ? Le concept de ne pas faire de
mal à autrui impose de vérifier que toutes les conditions d’un
consentement libre et éclairé sont respectées, mais qui ne peut se
permettre de se substituer à l’autonomie d’une personne. La loi ne peut
interdire des actes dont les risques ne sont qu’une probabilité faible
au regard des bénéfices attendus par les protagonistes. Mais elle est
dans son rôle quand elle pousse à vérifier que toutes les protections
possibles et existantes ont été prises en compte. Si nous fermons les
yeux sur ces principes, S. Agacinski et consorts nous proposeront
d’interdire le mariage, la contraception et l’avortement comme concepts
immoraux car portant en eux le risque d’une appropriation par la
domination masculine des capacités sexuelles et procréatives de la
femme.
Alors oui, les propos de Ruwen Ogien sont salutaires pour nos
libertés individuelles et pour un rappel des valeurs laïques, seules à
même de faire bien vivre nos différences.