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Commentaire de NICOPOL

sur A qui profite le chômage Français ?


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NICOPOL NICOPOL 21 juillet 2009 10:38

Bonjour Barbouse,

Tout d’abord, merci de votre longue, modeste mais surtout courtoise réponse. Merci de ne pas m’avoir, comme d’autres Agoravoxiens dans les derniers sujets où je suis intervenu, traité de « malade mental », « porte-parole de l’UMP » et autre « propagande de l’oligarchie financiére capitaliste la plus réac ».

J’ai lu attentivement vos précisions. Je vous avoue, hélas, avoir un peu de mal à saisir la démonstration. Par exemple ceci, qui semble résumer votre pensée :

"Pour etre schématique, plus le particularisme identitaire s’affirme économiquement, plus l’intéret du décicisionnel est orienté vers la spéculation boursière, plus le chomage est sociologiquement utile, voir indispensable pour maintenir le systéme financier en état.« 

Je suis vraiment navré, mais j’ai beau prendre cette »démonstration« par les 2 bouts, le milieu et à l’envers, je ne la comprends pas. Que voulez-vous dire par »particularisme identitaire«  ? Quel est le lien entre la spéculation boursière et l’intérêt sociologique du chômage ? Idem pour les développements qui suivent : vous n’expliquez pas clairement pourquoi le »système« découlant de l’ »idéologie de droite« qu’incarne l’ »UMPS« a »intérêt« à maintenir un taux de chômage minimal.

Si d’autres participants à ce débat ont compris, merci d’essayer de m’expliquer. Je vous assure que j’y mets toute ma bonne volonté.

 »L’umps gère la France via une appartenance et une dépendance a un systeme spéculatif virtualisant les capitaux sans lequel elle « s’écroule » si on confond son intéret avec son cac 40,« 

Là, je pense qu’on touche un vrai débat, celui de la prééminence récente du pur spéculatif sur l’économie réelle. La majorité des flux de capitaux vont maintenant vers des produits dérivés de produits dérivés de produits dérivés de... qui s’éloignent de plus en plus du »support sous-jacent« (or, pétrole, blé...). On ne place plus son capital dans le secteur automobile, les nouvelles technologies ou le gaz, mais sur des »indices« de plus en plus virtuels. Sur ce constat, je vous rejoints totalement. 

 »la question est de savoir dans quel mesure la France UMPS a besoin du chomage pour que la partie dépendante de la spéculation boursière de son économie reste compétitif,« 

Mais là, encore une fois, toutes mes excuses mais je décroche. En quoi le chômage est-il nécessaire pour que la spéculation boursière reste compétitive ? Voulez-vous en fait dire que le chômage introduit une »tension« sur le marché du travail (offre de travail supérieur à la demande) et donc fait baisser les »prix« du travail (les salaires en l’occurence) ? Et donc augmenter les profits des entreprises ? Ah ah, ce serait ça le coeur de la démonstration ? Là, il y aurait un début d’argument sur lequel on pourrait débattre rationnellemment. Qu’en pense le Péripate ? N’est-ce pas exactemement la thèse de Marx dans le Capital ? Thèse largement contestée, y compris par les propres disciples de Marx, qui voient aujourd’hui davantage dans le chômage un »symptome« de l’incapacité du système capitaliste d’assurer le plein emploi (ce qui peut être examiné), qu’un »moyen« des capitalistes pour augmenter leurs profits (ce qui ressort à mon avis du pur fantasme). Et que penser des autres »écoles« économiques, qui pensent que le chômage découle des entraves à la concurrence (école néoclassique), d’une insuffisance d’investissement (keynesiens), ou d’un arbitrage avec l’inflation (NAIRU) ? Les néo-keynésiens, qui ne sont pas franchement »de droite« , affirment même que le chômage résulte de salaires trop élevés (ce qui est à peu près l’inverse de votre thèse marxiste) !

Bref, j’ai finalement l’impression que votre article n’est qu’un énième copié-collé de la critique marxiste du capitalisme... Critique aujoud’hui largement nuancée, si ce n’est critiquée, et qui appartient davantage au domaine de l’histoire de la pensée qu’elle ne fournit un outil de compréhension valable du réel. Ce n’est donc pas avec ce genre d’ »argument« qu’on va faire avancer les choses. Pourquoi pas citer le Talmud ou l’Ancien Testament tant qu’on y est !

Pour ma part, j’ai plutôt l’impression que la »rentabilité« d’une entreprise dépend, certe, à court terme, de la réduction de ses coûts de production, mais sur le long terme, de sa croissance. Effectivement, lorsque les perspectives de croissance sont »bouchées« , comme en temps de crise, la tentation est grande de faire des économies partout où on peut pour tirer malgré tout de la bête agonisante un »taux de croissance« des bénéfices purement artificiel. Mais sur le long terme, la vrai richesse d’une entreprise (et donc de ses actionnaires) provient de sa croissance réelle, de sa capacité à se développer, à mettre sur le marché de nouveaux produits, à »sentir« les tendances, à devancer ses concurrentes, à investir dans la recherche et le développement, à embaucher un personnel de qualité et motivé par le projet.

Cet »esprit du capitalisme« à l’ancienne (le »capitalisme d’industrie« , par opposition au »capitalisme financier« ) me paraît davantage créateur d’emploi que de chômage. On en revient donc au même point : là où le bas blesse, c’est dans ce »capitalisme financier« à court terme qui ne repose plus sur un projet industriel mais sur un taux de retour sur intérêt instantané. Mais peut-on dire qu’il s’agit d’une idéologie »de droite«  ? Et surtout, comment en conclure que nos gouvernants successifs, de droite comme de gauche, s’efforcent réellement de maintenir un taux de chômage élevé ? Et par quels mesures concrêtes ? Ce que je crois, moi, c’est que c’est en période de crise que les actionnaires exigent des entreprises des »pressions salariales« , mais c’est aussi précisémment en période de crise que le chômage est le plus menaçant. Les deux phénomènes coincident naturellement, si je puis dire, il n’y a pas de »pilotage« du chômage par un gouvernement tout-puissant à la solde des lobbys financiers.

 »Je reconnais volontier que l’ensemble est écrit sous un angle purement « spéculatif »« 

Finalement, en y réfélchissant bien, je maintiens que ce type d’article très spéculatif, qui plus est simplistement marxiste, en tout cas reposant sur le seul pseudo-argument de »à qui profite le crime« , n’est pas très utile, voir emême dessert la réflexion.

Parce que, avec la même trame, je peux facilement arriver à la conclusion inverse :

 »Traditionnellement, l’électorat de la gauche et de l’éxtrême gauche, c’est les couches précaires de la population. Donc, l’ « idéologie de gauche » a intérêt à maintenir une forte population précaire, qui vote pour elle.« 

CQFD : le chômage est un produit de l’idéologie de gauche. Que répondez-vous à cela ? C’est l’exact symétrique de votre »démonstration« ...

Notre bon Chavez ne dit-il pas lui-même dans ses moments badins : »c’est les pauvres qui votent pour moi, pourquoi voulez-vous que je les développe ?". 

Ceci étant dit, et en mexcusant de la longueur de ma réponse (mais le sujet est passionant), au plaisir de vous lire.

Cordialement

Nicopol


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