Esto quod es !
Même aux yeux d’un observateur « candide », c’est
un fait sociologique et statistique : la liberté de croire ou de ne pas
croire est généralement compromise, à des degrés divers : d’abord par
l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective
puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, ensuite par l’influence
d’un milieu éducatif croyant, excluant toute alternative humaniste non
aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 %,
la soumission y étant totale.
Les neurosciences tendent à confirmer cette
imprégnation :
- Richard DAWKINS estime
que la soumission est génétique : déjà du temps des premiers hominidés, le
petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son
cerveau tout à fait immature de gènes le rendant totalement soumis à ses
parents (et donc plus tard à un dieu … ).
- Dès 1966, le
psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université
catholique de Louvain, a constaté (son successeur actuel Vassilis SAROGLOU le confirme)
qu’ en l’absence d’éducation religieuse,
la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte
en dépend ( et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur,
substitutif et anthropomorphique (cfr Freud !), fût-il "authentique,
épuré, Présence Opérante du Tout-Autre" ...).
- Des
neurophysiologistes ont constaté que les hippocampes (centres de la mémoire
explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, mais que les amygdales
(du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs
inconscients, tels que les comportements religieux, puis les inquiétudes
métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du
cortex pariétal inférieur. L’IRM fonctionnelle suggère que le cerveau
rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le
libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés, à des degrés divers,
indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est
question de religion. Ce qui expliquerait l’imperméabilité des croyants à toute
argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire
l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se
déstabiliser (cf le pasteur évangéliste Philippe HUBINON : « S’il n’y
a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! » …
- La liberté de
conscience et de religion, et en particulier celle de croire ou de ne pas
croire serait plus effectives que symboliques si, après avoir inclus le
principe de la laïcité dans la
Constitution belge, l’on s’orientait enfin vers un système
éducatif pluraliste proposant à tous une information minimale, progressive,
objective et non prosélyte sur les différentes options religieuses ET sur les
options laïques actuellement occultées. L’école compenserait ainsi l’influence
familiale, certes légitime mais unilatérale et donc communautariste.
N’est-il pas logique et légitime dès lors que certains athées,
comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de
paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori
sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale ?
Henri LABORIT a écrit : « Je suis
effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le
système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance
exceptionnelle pour s’en détacher, s’il y parvient jamais.(...) Vous n’êtes pas
libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits
dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté !".
Loin de vouloir simplifier ou réduire la complexité du
psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des facteurs
psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son
approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique,
anthropologique, …) par une approche neuroscientifique ? Bien qu’encore très partielle, elle vise en
effet à mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi et
donc à permettre à chacun de choisir, en connaissance de cause, aussi librement
et tardivement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses ?
Certes les neurosciences ne démontrent pas l’inexistence de
« Dieu » (aucune inexistence n’est
démontrable), mais elles tendent à démontrer son existence imaginaire et
donc illusoire.Le droit de croire n’en restera pas moins légitime et
respectable, a fortiori si cette option a été choisie plutôt qu’imposée.
Michel THYS à Waterloo [email protected] http://michel.thys.over-blog.org