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Commentaire de easy

sur Le vrai handicap est dans la tête des faibles !


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easy easy 28 juillet 2009 15:41


Imaginez bien que j’avais prévu vos réactions.
Je connais par coeur ces réactions de déni. « Quoi ? une personne sans membres vaudrait moins qu’une personne valide ? C’est scandaleux ! »
On l’aura entendue des millions de fois cette réaction.
Mais au fait, pourquoi l’aura-t-on entendue des millions de fois ?
Parce que constamment, ce que vous appelez « la bêtise crasse de la majorité des gens », énonce le plus naturelement du monde qu’il VAUT (du verbe VALOIR, lié au substantif VALEUR) mieux être valide qu’invalide (Etant entendu que nous sommes tous au moins un peu invalides quelque part ; étant entendu aussi qu’une maladie s’espère transitoire ; étant entendu enfin qu’on peut être à la fois sans jambes et idiot car toutes les combinaisons de chances et de malheurs existent)

Il est bien logique que ceux qui ont à se débrouiller avec un handicap protestent à l’énoncé de leur dévalorisation. Et face à leur révolte, les plus valides qu’eux se taisent, leur laissent l’os à ronger (Par bonne ou par mauvaise pitié ? Je ne sais pas). Cette réaction concerne évidemment les visiblement handicapés eux-mêmes mais aussi leurs géniteurs, leurs proches, bref, ceux et celles qui leur sont liés, y compris ceux qui vivent d’un métier lié au handicap. C’est logique et c’est bien ainsi.
A côté de ceux qui ont « de bonnes raisons » de s’indigner devant la notion de VALEUR, il y en a un bon paquet qui ne sont pas exactement concernés par un handicap, du moins à première vue, mais qui croisadent en faveur des handicapés. Que font-ils là ? A mon sens, ils souffrent d’un handicap invisible ou dénié. On ne prêche jamais que pour sa paroisse

Derrière tout cynisme, il y a une vérité intéressante d’énoncée (Sans cela, le cynisme ne serait jamais conséquent, n’aurait jamais fait parler de lui)

J’ai un enfant handicapé et j’ai vécu les affres de tous les parents d’enfants handicapés,
Il va de soi que notre famille s’est mobilisée pour réduire sa perte de valeur. Par son courage, ses talents propres, cet enfant a développé des charmes ou attraits qui font qu’à nos yeux, il vaut plus que certains valides. Mais je pense n’avoir pas le droit de dénier la vérité. Si son handicap invisible était visible (Par exemple s’il l’affichait sur son front) il perdrait bien des places dans le classement de valeur des gens (Et les gens c’est quelque chose, ce n’est pas n’importe quoi, c’est fait de gens raisonnables et sensés aussi) Si son handicap était affiché, on ne lui confierait pas les commandes d’une entreprise, d’un avion, d’une mission spatiale, d’un gouvernement, son choix de partenaire conjugal sera limité, etc. (Cette restriction est-elle un Bien ou un Mal ? Je ne me prononcerai pas, pas tout de suite en tous cas)


A vous qui poussez des cris d’orfraie quand je parle de valeur, vous en voyez beaucoup des individus qui sont myopes et qui ne souffrent pas que cela se remarque ? Vous en voyez beaucoup des analphabètes se vanter de leur handicap ? Vous en voyez beaucoup des gens qui sont diabétiques et qui l’affichent ; qui sont schizophrènes et qui l’affichent ; qui sont leucémiques et qui l’affichent ; qui sont incontinents et qui l’affichent, qui ont de l’acné et qui ne se sentent pas diminués ?

Pourquoi vous vaccinez-vous ?

Tout ce que l’on peut cacher de ses handicaps de tous ordres, on le cache et dire le contraire c’est grotesque. Dire qu’un handicap ne diminue pas la valeur d’une personne est puéril. Etant toujours entendu que des handicapés en tous genres ont parfois su apporter au Monde quelque chose de précieux qui n’aura pas été reconnu de leur vivant : Je pense ici à Vincent Van Gogh. Etant entendu aussi que certains handicapés en tous genres ont été très précieux aux yeux d’au moins une personne, ce qui est déjà magnifique : Je pense ici à Virginia Wolf que son mari adorait malgré ses crises.


Une fois posé le fait qu’à priori, un handicap, une maladie réduisent la valeur d’une personne, que doit-on faire de cette moins value d’un point de vue social ?
Et bien je vois que certains de mes protestataires ont les idées bien mal placées. J’ai bien peur qu’ils projettent sur moi leurs propres arrières pensées honteuses. Citer Hitler au moment où je dis l’évidence de la moindre valeur à-priori d’un handicapé, révèle de bien sombres pensées. Il y en a donc ici qui font un lien entre dévalorisation et élimination.
[Je rappelle que sur ce site, on essaye de montrer qu’on peut réprouver le sionisme tout en ne trouvant rien à redire contre la religion juive]

Il a existé et il existe toujours des gens considérant qu’un individu doit être de valeur ou disparaître (Je me demande s’ils seraient capables d’appliquer à eux-mêmes leur concept). Je pense que ces eugénistes déclarés sont en fait peu nombreux. Je pense que la plupart des gens sont conscients qu’ils peuvent virer handicapés (ou chômeurs ou SDF) du jour au lendemain.
Mais pour ma part, en aucun moment, en aucun endroit, je n’ai évoqué le concept d’élimination. J’ai même cité plusieurs exemples d’handicapés ayant pu apporter aux autres, aux gens, à la société ou au moins à une partenaire conjugal, des richesses ou joies que bien des valides ne savent, ne peuvent ou ne veulent pas apporter.

Selon les exemples que j’ai cités, il n’était pas difficile de comprendre que je recommande donc au minimum la patience vis à vis de tout malade, de tout handicapé, de toute personne diminuée (déprimés et prisonniers inclus) . Ils sontde moindre valeur à priori et il faut être patient, espérer d’eux un surpassement quelque part. Il faut croire que les miracles peuvent se répéter de mille nouvelles manières.

Et si je préconise de la patience, cela veut bien dire que je considère qu’il faut, dans une certaine mesure, les aider ou en tous cas leur laisser la possibilité de faire des prodiges quelque part. J’attends des handicapés des surpassements qui m’épateront comme d’autres handicapés m’ont épaté.
 (Quand je vois que des unijambistes courent plus vite que moi ça me fait forcément du bien, ça me rassure, ça me montre que perdre une jambe n’est pas si catastrophique que ça. Idem quand je vois une victime de la thalidomide tenir une fourchette avec ses orteils)

Mais c’est une chose de laisser à chacun sa chance, c’est autre chose d’imposer la mobilisation de toutes les énergies à la catagorie des diminués.
C’est une chose qu’une personne -selon ses disponibilités, selon son économie personnelle et ses motivations- donne ou consacre ce qu’elle veut d’elle à un handicapé ; c’est autre chose d’imposer à la collectivité une démarche handicapiste.



A l’instar de ce qui se passe dans une famille, il ne faut pas que le service aux handicapés mobilise toutes les énergies de la société. Trop de fratries ont souffert d’avoir été sacrifiées sur l’autel de la solidarité à un handicapé (Etant entendu là encore que certains disent avoir trouvé en cette humilité solidaire, une grande source de joie. Certains, pas tous)

Heureusement pour les Colomb, les Pasteur et autre Lavoisier, on n’est pas tous tenus à une humilité absolue. Elle peut être relative, circonstancielle mais elle ne doit pas être absolue. Il est donc abusif et diatoire d’invoquer à tout bout de champ le manque d’humilité des uns ou des autres pour imposer le concept handicapiste.



Sur un aure plan maintenant.

Les services aux malades et handicapés n’a cessé de croître depuis Avicennes.
Au fur et à mesure que notre société a augmenté ses dépenses de soutien aux diminués, il est apparu des diminués en tous genres.
Vous qui venez protester de mon cynisme en posant que les glandeurs profiteurs coûteraient plus cher que des handicapés en terme de dépenses sociales, vous n’avez pas l’air de piger que ce second groupe profite du courant de mansuétude vis à vis des handicapés physiques. Les paresseux se nourrisent au sein de l’handicapisme
(Etant entendu qu’un paresseux pourrait être considéré comme un handicapé mental si notre société perdait en cynisme et gagnait en compassion)

Victor Hugo citait le principe de la cour des Miracles où chacun s’évertuait à se déguiser en indigent pour profiter de la charité. Et bien aujourd’hui, de façon moins visible, une grande masse de gens, se déguisent en invalides pour profiter de la charité sociale.
Plus on aidera les handicapés lourds, plus les handicapés égers les envieront.


Tout étant lié, les choses en sont au point que bien des misérables de la planète envient le soutien que nous accordons à nos chiens et nos chats (Quand nous ne les abandonnons pas)
Comment un Nigérien affaibli par la seule malnutrition, par l’eau insalubre, par la malaria, pourrait-il ne pas regarder avec perplexité, la dépense que nous faisons en ascenseurs dans les collèges et lycées de France ?

Quand je parle de la VALEUR d’un individu, je vous offusque ?
Naïfs !
Hypocrites qui ne mariez pas vos enfants à des handicapés tout en prétendant ne pas faire de différence !

Lorsqu’à l’hôpital Saint Louis, on doit, avec une enveloppe budgétaire forcément limitée, choisir de dépenser 300 000 € pour sauver une vie par un traitement de type chimio+ greffe, un concile de médecins choisit parmi les 5 malades du plateau quel sera l’élu. Ils font un classement de priorités dans le plus grand secret.
Ils ne se voient évidemment pas discuter avec des gens comme vous de la VALEUR de tel ou tel malade. Ils n’en discutent évidemment pas avec les familles. Ils ne prononcent d’ailleurs jamais le mot VALEUR. Mais il est implicite.
Appelez leur classement comme vous voulez, moi je dis que c’est un classement de valeur (ou d’espérance ou de logique utilitariste ou de logique sociale...)

Etre cynique c’est gérer un choix budgétaire et médical (donc les énergies collectives) de façon cynique ou c’est dire les choses comme elles sont ?


Est-il normal de faire l’énorme dépense de la greffe d’un foie à une personne qui a grillé le sien en s’alcoolisant alors qu’on pourrait consacrer cette somme à sauver une personne ayant perdu un organe dans un accident dont elle ne serait pas responsable, par exemple ? 
Il n’y a pas une notion de VALEUR dans cet exemple ?
 


D’autre part.
Réclamer de l’argent pour éviter à un unijambiste l’effort de grimper trois étages est abusif. C’est à cet unijambiste de réclamer (ou mendier) s’il en a envie. Le faire à sa place c’est souffrir du syndrôme de l’ambulancier ou avoir des arrières pensées bien plus égoïste qu’il n’y paraît.
Oui égoïste et manipulatoire. « Faites ce que je ne peux ou ne veux pas faire moi-même ».
Celui qui appelle « Les Autres » à contribuer à la dépense d’un ascenseur, devrait commencer par porter le cartable de cet écolier (S’il ledésire, ce qui est loin d’être acquis)
Ces manières de mendier par procuration me dégoûtent car elles cachent une hypocrisie, une volonté secrète de se faire porter soi-même par les autres.


Appeler à ce que les Autres paient, nous épargne de payer nous-mêmes.


Je crois quant à moi que tout organisme pensant -individu, famille, groupe, collège, tribu, société- doit consacrer une part de ses énergies, de ses richesses à la solidarité. Ne serait-ce que d’un point de vue intelligent « Un jour ça pourrait être moi ou mon enfant »
Est-ce que ceux qui braillent d’indignation avec leur clavier ont offert leur argent, leur temps, leur sang, leur moelle osseuse, leurs organes, leur dignité, leur confort, voire leur vie à qui que ce soit ? Sont-ils allés au bout de leurs dons possibles ?

Je connais la réponse à cette question. C’est NON.
Car il y a mille fois plus de braillards handicapistes que de donneurs de plaquettes.


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