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Commentaire de easy

sur Le vrai handicap est dans la tête des faibles !


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easy easy 29 juillet 2009 14:42


A Aziz,

Je vous demande si la dévalorisation n’est pas une élimination, tout au moins symbolique du monde des bien-portants...de nos jours, il y a bien certains regards ou mépris qui ont plus d’impact (en terme balistique) qu’une balle de Mauser derrière la nuque

Cette association d’idée entre dévalorisation et élimination c’est vous qui la faites, c’est vous qui l’entrenez ici et peut-être ailleurs aussi.
Et je sais bien que vous n’êtes pas le seul en ce cas.
(Je connais ad nauseam cette formule consistant à comparer une réflexion désobligeantge à une balle dans la nuque mais elle est abusive, mensongère. Personne ne préfèrerait une balle dans la nuque à une méchante réflexion)

Pour ma part, il y a beaucoup d’objets dévalorisés que je garde quand même.
J’utilise mes voitures et je les entretiens indéfiniment. Elles ont clairement pour beaucoup une très failble valeur mais voilà, je fais avec. Je ne dis pas qu’elles ont de la valeur de façon absolue, je dis qu’à mes yeux, mes tacots ont de la valeur et je serais triste qu’on me les vole ou me les casse.
Ce que je dis là pour des objets pourtant remplaçables, je me dirais au centuple pour des personnes, pour des animaux, pour des plantes même.
Question de lucidité, je sais que je peux être tout à fait heureux en compagnie d’un ami misérable et borné à la musique et à la poésie (Donc réduit ou diminué ou handicapé aux yeux de certains qui ne trouvent aucun avantage à le fréquenter) Je peux donc dire qu’à mes yeux cet ami a une grande valeur.Je ne veux pas m’en passer ; il m’est cher, mais je ne peux pas dire qu’il a une grande VALEUR aux yeux de la plupart des gens (Pour eux, un champion de golf ou de foot aura plus de VALEUR, sera plus entouré, adulé, espéré etc.) 

Ma vieille voiture, cet ami misérable, je le sais, n’ont de valeur qu’à mes yeux ou aux yeux de peu de personnes. Pour la majorité des gens, ils n’en n’ont pas ; ma voiture n’est pas vendable ou difficilement vendable, mon ami n’est pas mariable ou difficilement mariable

Quand des parents découvrent que leur enfant est handicapé, ils pleurent, ils ne dansent pas (Vous danseriez, vous, Aziz ?) Ils pleurent parce qu’ils se retrouvent face à l’affreuse réalité de la dévalorisation conséquence du handicap. 
Reste qu’avec le temps, le courage, le talent et le travail, certains handicapés parviennent à reconquérir de la valeur et peuvent parfois crouler sous les demandes en mariage
Je trouve le critère de la demande en mariage très révélateur de la cote sociale réelle d’une personne et quand je dis VALEUR, je parle de cette cote de mariabilité (Mais on peut y associer la cote de responsabilités confiées : commande d’une entreprise, pilotage d’un Airbus, d’un paquebot, d’un Rafale, etc) 

Nous avons tous une cote sociale, une VALEUR sociale qui ne cesse de varier de jour en jour (Et là N ; Sarkozy vient de perdre quelques points, p’tet même aux yeux de sa femme)
C’est un fait, mais il convient, par décence, de le nier et de s’accrocer naïvement au concept d’Egalité. Non sans blaque, Aziz, tu prendrais un avion piloté par un tétraplégique ou un trisomique ? Tu confierais les commandes du pays à ton cousin illéttré du bled ? Tu monterais dans un car piloté par ma grand-mère de 98 ans ?


Oui, perdre de la VALEUR expose à la relégation, à l’abandon, voire à l’élimination. M’enfin il y a eu des gens de VALEUR qui ont été éliminés aussi Ted et JF Kennedy, Henri IV, Luther King, Marie Trintignant, Jean Moulin, Omar Mokhtar, etc.
Au fond, on risque sa peau, son élimination à tous les étages de la VALEUR. et pendant les guerres ou les révolutions, ce ne sont pas les invalides qui dérouillent le plus (D’où le fait qu’on se mutilait volontairement pour éviter de crever sur un champ de bataille)



Cependant, cela ne vous autorise pas à traiter insidieusement les autres d’handicapés quoique ce terme n’éveille en moi aucune sensibilité excessive du fait que nous devons tous être bloqués un peu quelque part.
Vous admettez donc ce que j’en disais, à savoir que les valides s’avèrent souvent être des invalides quelque part mais de façon moins visible. Nous voilà d’accord sur ce point.
Et il se trouve que je le dis. Comme c’est suffisamment vrai pour être dit, je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de le dire.

Vous voilà en train de m’interdire de le dire tout en le disant vous-même et vous me l’interdisez non en votre nom (puisque vous précisez que ça ne vous gêne pas d’être traité d’handicapé) mais au nom des autres.

Et bien là encore, vous versez dans le syndrôme de l’ambulancier. Pin pon pin pon, bougez pas j’arrive à votre secours !

Je vous l’ai dit, je ne suis pas du tout certain que l’unijambiste sur lequel vous vous appuyez pour toucher la conscience de votre lectorat, apprécie cette démarche. Je suis prêt à parier qu’au contraire ça le blesserait qu’on mendie pour lui quelque chose qu’il a préféré assumer seul. Question de fierté bien comprise.

D’un autre côté, il est également vrai que pour cette même question d’orgueil, il convient que l’on plaide pour la cause d’autrui. Ainsi, l’abbé Pierre aurait eu raison de plaider la cause des misérables qui eux, fierté oblige, préféraient assumer en silence leur mauvais sort.
Faut-il ou pas plaiser pour d’autres ?
La question est délicate

Alors se jeter hâtivement dans une plaidoierie sans avoir bien pesé dans tous les sens, les tenants et les aboutissants, peut faire plus de mal que de bien (Et il se pourrait que SOS racisme fasse pire que bien, même si elle résout ici et là quelques points)
Sur ce topic, il semble que vous n’ayez pas réussi à mobiliser en faveur de cet unijambiste.

Plaider pour autrui et pro bono oui mais il faut au minimum le plein accord de cet autrui car il y a toujours un risque de retour de manivelle, il y a toujours un risque à s’exposer. On s’occuperait de très près du cas de cet unijambiste que vous utilisez ici, il serait forcément examiné de près, sous toutes ses coutures, des aspects rebutants de sa personnalité pourraient surgir et ...patatras, il sera mis à mal. 

Avouez que ça frôle l’indécence
Oui, je l’avoue.
Mais peut-être pas tant que ça puisque je ne suis pas encore censuré.
Il n’y a que l’indécence qui vaille d’être dite. La décence on la connaît par coeur et par avance. Tout ce qui se dit sur le ton de la décence, je le sais avant de l’avoir lu.
Sommes-nous sur un forum pour ronronner et dire que les nounours sont gentils ou pour dire quelque chose de neuf, de saillant, de pertinent, d’impertinent ?

Ici, on parle de guerre, on parle de pollution, on parle d’arnaques, on parle de meurtres, on parle de manipulations, on parle de racisme, on parle de violences, c’est décent ?


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