A Bobby,
Je ne vois pas bien ce que Guillaume le conquérant vient faire dans ce topic où l’on cherche à comprendre pourquoi les Français parlent si mal l’anglais. Si c’est pour faire valoir la chandelle que l’anglais nous doit car nous en serions les géniteurs, ça me semble maladroit. Car il y aurait alors de notre part comme un rejet de « Ces enfants de bâtard d’Outre-Manche » puisque nous refusons d’en parler la langue.
Et jouer de l’argument de la paternité en partant de Guillaume le Conquérant qui est précisément un descendant de Rollon le Viking, c’est se servir de l’étonnante capacité des Viking à s’adapter pour se mettre en avant alors qu’on n’y est pour rien dans leurs talents.
Je vis près de Paris dans un endroit où il n’y a que des étrangers, surtout des blonds. Je vois que, comme ça a été déjà dit plus haut, le Français achope surtout sur l’accent tonique de l’anglais.
Dans la langue Vietnamienne (seule langue du Far East à s’écrire en caractères latins) il y a plein de modulations sur chaque syllabe. Disons que ça chante, que ça fait gazouillis ( Il est fort difficile d’hurler en vietnamien)
Et bien les Français parviennent plus facilement à respecter ces modulations sur chaque syllabe du viet (Sans cela les mots -monosyllabiques- seraient complètement incompris) qu’à respecter l’accent tonique de l’anglais. Il faut dire que ces modulations sont indiquées clairement dans l’écriture viet par des accents, des signes diacritiques (du genre é, è, ê, etc)
Alors que l’accent tonique anglais n’est pas marqué dans l’écriture. On ne peut donc pas adopter cet accent tonique si on n’adopte pas l’Anglais si on refuse de s’y immerger. A défaut d’immersion, on peut lire pendant des années des livres ou des journaux anglais mais le jour où nous devons parlar anglais, ça sort tout plat, monocorde. Buerkkk !
Les Hollandais pratiquent un léger accent tonique et se régalent à marquer celui de l’anglais.
Enfin, il me semble que dans une chanson en anglais, l’accent tonique est atténué. « Yellow submarine » chanté ne vaut pas « Yellow submarine » parlé. On pourrait donc chanter régulièrement des chansons en anglais tout en restant encore déficitaire d’accent tonique dans la conversation, surtout face à des Londoniens
(Je ne perçois pas d’accent tonique dans le globish)
Petit exemple, les Américains disent volontiers « Great ! ».
Ce faisant, ils allongent la durée des dernières notes du mot. Ils jouissent d’en allonger la durée et plus ça dure plus ça marque la force de leur sentiment de contentement. Un Français va torcher ce mot en un quart de seconde sans prendre le moindre plaisir à le prononcer. Il va paraître triste, déçu. Ca ne fera pas raccord.
Cette histoire de plaisir à parler-chanter-jouer la langue, se retrouve aussi dans l’italien de Naples. Là-bas, ils jouissent du jeu des tonalités alors qu’un Français qui y débarque va parler platement et passera pour un mal baisé.
Un Français dira « Je t’aime » (Pour la première fois surtout) sur un ton monocorde, se concentrant sur le contenu de cette déclaration, alors qu’un napolitain ou un New-Yorkais dira l’équivalent en jouant de la sonorité, du chant pour traduire la profondeur ou la qualité de son sentiment.
Le Français dira « Je t’aime » de façon dramatique et très intimiste, presque honteuse ou secrète. Le Napolitain le dira dans un esprit Roberto Benigni. Son jeu de scène fera la différence.
Le jeu de vocalisme dont a fait preuve Marilyn Monroe dans son « Happy birthday tou you mister president » traduisait la qualité de sa pensée.
Nos voisins Hollandais préfèrent largement les films US. Ils trouvent que les films français sont trop intellos. En fait toute cette « intellectualité » dont on nous parle souvent, sous tous les horizons, pourrait ne provenir que du non-chant de notre langue.
Comme par hasard, on n’accorde pas cette même intellectualité-gravité à ceux qui parlent avec l’accent de Marseille ou de Toulouse déjà bien plus chantant que celui de Paris
Dans les films avec Will Smith, 50% des mots sont inutiles sur le fond et ne sont prononcés que pour servir de support chanté à l’émotion des personnages. 20 gros mots à la minute ça leur sert à jouer de vocalisme, de chant, rien d’autre. Ce n’est pas le sens des mots qui compte mais la manière dont ils les chantent
Enfin mention spéciale pour le rap qui, étrangement, tend à effacer la dimension chantée d’une langue, comme pour dire la gravité de la situation. Le Blues semblait avouer le même drame mais au contraire du rap, il était très chanté et traduisait au fond une résignation bien plus qu’une révolte. Le rap originel est une colère, il réduit le chant, il ne laisse pas de blancs, il n’accorde pas le temps de respirer, il mitraille, il rafale.