Bonsoir,
Papyboom, vous demandez :
"Propos sage pour une personne sensée. Mais dans la douleur,
sommes-nous encore des gens sensées ? Par chance, le n’ai jamais été
confronté à cette pénible situation.
Comme cela restera entre nous, j’avoue que, peut être, je demanderai vengeance.
Le pire des crimes, c’est de toucher un enfant."
En complément des commentaires de sissy972, je me permets d’apporter
mon témoignage en tant qu’ancienne victime, n’en déplaise à certains...
Viols par mon père pendant une
dizaine d’années à partir de ma petite enfance, parfois accompagné
d’actes que je peux difficilement qualifier autrement que de torture et
de barbarie. Puis abus par mon frère à la suite, durant toute mon
adolescence. Mère complice aveugle, au moins coupable de non
dénonciation de crimes en ce qui concerne son fils et de complicité à
mauvais traitements sur mineurs de 15 ans pour ce qui est de son mari.
Voilà pour l’histoire.
Pour l’un comme pour
l’autre, je ne demande pas qu’une quelconque vengeance soit faite.
Et
tout comme vous, je ne souhaiterais en aucun cas prononcer leurs jugements. Quelle horreur ! Il faudrait en plus que je sois responsable de leur sort ?
Après avoir assez longuement réfléchi sur le sujet, je pense que le
sens de la justice est d’affirmer l’autorité de la loi, de se donner
les moyens de conduire autant que possible à l’amendement des
délinquants et criminels et de contribuer à la réparation des
éventuelles victimes dans le respect des droits fondamentaux des
condamnés.
Dans cette perspective, il me semble que la prison sert
effectivement le premier but, dans la menace que la privation de
liberté représente en cas de non respect de la loi.
Pour ce qui est du
deuxième en revanche, rien n’est moins sûr. En effet, je vois mal en
quoi le milieu carcéral - français, pour citer mon pays - oeuvre à
l’amendement des détenus... il semblerait que ce soit plutôt l’inverse.
Je conçois que la prison serve aussi de mesure de protection des
citoyens par enfermement d’individu dangereux, mais si c’est pour que
les plus dangereux ressortent inchangés, voire encore plus dangereux,
c’est raté.
Sur le dernier point (souci de réparation pour les éventuelles
victimes), ce qui compte pour moi serait la reconnaissance collective
de la gravité des actes subis via la justice. Je n’ai rien à attendre
en soi de la durée d’une peine de prison. En tant que
leur victime, celle-ci ne me concernerait que dans la mesure où il se
trouve que les peines sont proportionnelles à la gravité des infractions commises, compte
tenu des éventuelles circonstances atténuantes. Par exemple, si mon
père prenait 18 mois de prison avec sursis alors que les faits commis
sont passibles de la perpétuité, je le vivrais comme une criante
minimisation de leur gravité et m’estimerais lésée par ce jugement
banalisant. Après, s’il en prenait 10, 20 ou 30, ça ne changerait strictement rien pour moi.
Par ailleurs, savoir que leur dignité ou leurs droits risqueraient
d’être bafoués en prison ne m’apporte aucune sorte de soulagement. Au
contraire. Je tendrais plutôt à m’en sentir coupable.