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Commentaire de Naja

sur Une vie en prison


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Naja Naja 5 août 2009 01:34

(Suite)

Je ne prétends pas non plus à la béatification.
Je pense par exemple que je retirerais une grande satisfaction de savoir mon père déchu de l’image d’honnête citoyen et père respectable dont il jouit toujours. De même que je trouverais assez juste qu’il soit privé pour un temps de la petite vie tranquille qu’il mène en toute impunité.
Vengeance ou besoin de rétablissement d’une certaine forme d’équité ? Je serais bien incapable de théoriser la différence avec rigueur et clarté.
Il me semble cependant que ces satisfactions ou attentes portent seulement sur les conséquences légales de leurs actes et de leur responsabilité, ce dans un état de droit égalitaire. A la différence des mauvais traitements en prison.

Dans l’idéal, je ne vois pas ce que je pourrais espérer de plus qu’une prise de conscience sincère et totale de mes agresseurs. Prise de conscience du caractère préjudiciel de ses actes pour l’un, de leur monstruosité pour l’autre. Cependant, je ne me fais pas d’illusions à ce sujet.
 A ce propos, voici un article que j’avais trouvé assez intéressant sur un programme mis en place par la justice canadienne allant en ce sens : http://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article143

Pour conclure -et peut-être mieux répondre à votre question-, je dirais que la douleur ne rend pas forcément insensé.
Il m’arrive d’éprouver des émotions très violentes en rapport avec mon histoire douloureuse. Mais j’ai la modestie de croire que ces affects ne rendent pas mon idée de la justice inique et mes attentes envers celle-ci injustes et déraisonnables. Par contre, ils influent lourdement sur mon moral... et ma vaisselle, lol.

J’ai souvent lu ou entendu que les émotions risquaient de venir troubler le jugement (des magistrats, des jurés, des politiques, des citoyens).
J’en suis venue à la conclusion qu’au contraire l’absence de sentiment pouvait justifier toutes les atrocités et que les émotions ne troublent jamais autant le jugement que quand elles sont niées.
Les exemples d’individus prétendument purement objectifs et strictement rationnels qui pensent d’abord en fonction de leurs angoisses et peurs inavouées sont nombreux (voir par exemple certains commentaires de l’article précédemment cité en réponse à Sissy972).


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