(Suite)
Je ne prétends pas non plus à la béatification.
Je pense par exemple
que je retirerais une grande satisfaction de savoir mon père déchu de
l’image d’honnête citoyen et père respectable dont il jouit toujours.
De même que je trouverais assez juste qu’il soit privé pour un temps de la petite vie tranquille qu’il mène en toute impunité.
Vengeance ou besoin de rétablissement d’une certaine forme
d’équité ? Je serais bien incapable de théoriser la différence avec
rigueur et clarté.
Il me semble cependant que ces satisfactions ou
attentes portent seulement sur les conséquences légales de leurs actes et
de leur responsabilité, ce dans un état de droit égalitaire. A la
différence des mauvais traitements en prison.
Dans l’idéal, je ne vois pas ce que je pourrais espérer de plus qu’une prise
de conscience sincère et totale de mes agresseurs.
Prise de conscience du caractère préjudiciel de ses actes pour l’un, de leur
monstruosité pour l’autre. Cependant, je ne me fais pas d’illusions à ce sujet.
A
ce propos, voici un article que j’avais trouvé assez
intéressant sur un programme mis en place par la justice canadienne
allant en ce sens :
http://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article143
Pour conclure -et peut-être mieux répondre à votre question-, je dirais
que la douleur ne rend pas forcément insensé.
Il m’arrive d’éprouver
des émotions très violentes en rapport avec mon histoire douloureuse. Mais j’ai la modestie de croire
que ces affects ne rendent pas mon idée
de la justice inique et mes attentes envers celle-ci injustes et déraisonnables. Par contre, ils influent lourdement sur mon moral... et ma vaisselle, lol.
J’ai souvent lu ou entendu que les émotions risquaient de venir
troubler le jugement (des magistrats, des jurés, des politiques, des citoyens).
J’en
suis venue à la conclusion qu’au contraire l’absence de sentiment
pouvait justifier toutes les atrocités et que les émotions ne troublent
jamais autant le jugement que quand elles sont niées.
Les exemples
d’individus prétendument purement objectifs et strictement rationnels
qui pensent d’abord en fonction de leurs angoisses et peurs inavouées
sont nombreux (voir par exemple certains commentaires de l’article précédemment
cité en réponse à Sissy972).