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Commentaire de NICOPOL

sur L'ensorcellement publicitaire dans une affiche d'Harry Potter : le leurre de la pression du groupe


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NICOPOL NICOPOL 12 août 2009 10:15

Monsieur Villach,

Comme souvent avec vous, que d’audacieux déploiements métaphysiques à partir de pas grand chose !

Bon, je me contenterai de réagir sur ce passage qui me semble symptomatique de votre ’’pensée’’ :

’’L’ensorcellement dont il s’agit est le leurre de cette publicité qui consiste à faire croire à des gens ignorants que l’opinion du groupe est le critère de la vérité, du bien et du beau, quand l’Histoire est une succession de tragédies où le groupe a le plus souvent fait le mauvais choix, face à des individus qui ont osé s’opposer à lui en ayant raison contre lui. Un exemple ? la Résistance française dans la France de Pétain, ou la Résistance allemande dans l’Allemagne nazie. Un autre exemple ? Combien de toiles Van Gogh a-t-il vendues de son vivant ? Une seule, sauf erreur !’’

Ce passage me semble tout à fait typique de l’idéologie d’une certaine élite culturelle autoproclamée qui pense, dans la droite lignée de Platon et de l’Idéalisme des Lumières, qu’il existe une notion universelle du ’’Beau’’ et du ’’Bien’’ (ce qui est philosophiquement hautement contestable) ; et qui pense, bien entendu, en être le dépositaire et le censeur, tandis que la plèbe vulgaire et nombreuse des ’’beaufs’’ et des ’’français moyens’’ se complait dans le mauvais goût et la lâcheté morale. Votre petite analogie finale est tout à fait révélatrice : d’un côté, ceux qui apprécient Van Gogh sont associés à la « Résistance », de l’autre ceux qui préfèrent Harry Potter sont associés à la ’’Collaboration’’. 

C’est cette idéologie là, parfaitement identifiable et traçable dans l’histoire de la pensée, qui conduit ses adeptes (les Voltaires, les Rousseaux) à voir dans la masse du peuple des moutons stupides et ignorants qu’il faut ’’(ré)éduquer’’ ou plutôt ’’conduire’’ (quand ce n’est pas ’’renouveller’’), sans quoi, entrainés par leurs mauvais instincts, ils se transformeront en beaufs collaborateurs. Ces ’’idéologues’’, aussi méfiants envers la ’’volonté générale’’ qu’ils ont une inébranlable certitude de leur supériorité intellectuelle, esthétique et morale, ont généralement une attitude très ambigue vis-à-vis de la ’’démocratie’’ (dont ce pauvre peuple ne serait pas ’’digne’’ tant qu’il ne vote pas comme ses Guides le souhaitent) ; se sentant investis de la mission quasi-divine d’édicter les normes du Beau et du Bon qui leur auraient été révélées par leur esprit supérieur, ils ne perdent pas une occasion de cracher leur mépris à la figure des ’’nigauds’’, ’’pingouins’’, ’’rustres’’, pour ne citer qu’un petit florilège de votre champs lexical lorsque vous parlez des ’’français moyens’’, qui n’ont pas l’heur d’apprécier Kierkegaard, Kandisky ou Ingmar Bergman. 

Donc libre à vous, M. Villach, fort de votre formation en Lettres classiques et de votre longue et honorable carrière dans l’enseignement supérieur, de vous fantasmer en dépositaire du Beau et du Bien, en Résistant contre la médiocrité fasciste de la foule, en Aristocrate de la pensée et des arts ; libre à vous de gloser à l’infini à destination de vos égaux, dans ce qui s’apparente quand même fort à l’équivalent philosophique de la ’’conversation de bistrot’’, sur les goûts de chiotte et le conformisme des ’’français d’en-bas’’... Et libre à moi, qui ais particulièrement apprécié ce dernier épisode d’Harry Potter, de rire au nez de votre prétentieuse posture.

Ha ha ha ha ha ha.

Cordialement,


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