Au-delà du plaisir de la caricature, je pense que sur le fond le parallèle entre les propos de Le Maire - datant, je le rappelle, d’avant la 2nde élection de Bush - et ceux d’Obama n’est pas dénué de sens.
Nombreux étaient en effet les observateurs autorisés qui dès 2003 voyaient partout la décadence irrémédiable des Etats-Unis, un pays de conservateurs narcissiques et cyniques, incapables de dépasser du regard le Mac Do du coin et de s’intéresser à autre chose qu’à leur nombril certes profond.
Même avant les élections de 2008, il y a moins d’un an, personne parmi les journalistes politiques spécialisés ne pariait sur Obama, justement parce qu’il tenait un discours trop ouvert, trop « européen ». Et jusqu’à quelques jours du vote, nous étions nombreux à penser que l’Amérique profonde voterait Mac Cain, parce qu’il correspondait plus à l’image qu’elle avait donné d’elle-même durant la dernière décennie.
Puis Obama a été élu, et il a recentré son discours diplomatique sur ce qui fut la raison d’être de l’indépendance américaine de 1776, dont la déclaration avait inspiré celle française des droits de l’homme en 1789. En ceci, il a rectifié le tir dans le sens de ce que prévoyait Bruno Le Maire - et non dans le sens d’un durcissement pro-occidental, comme le craignaient beaucoup.
Bruno Le Maire n’est donc pas un voyant extra-lucide : il a juste, à mon sens, une approche éclairée des enjeux diplomatiques, qui plus est avant beaucoup de ses confrères. D’où mon titre.