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Commentaire de J. GRAU

sur Du racisme, partie 1


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Jordi Grau J. GRAU 13 août 2009 10:58

Merci pour cet article riche et intéressant. Je ne suis pas sûr d’être d’accord sur tout (il faut dire qu’il y a tellement d’idées que je n’ai sans doute pas tout retenu ni tout compris), mais beaucoup de choses me paraissent très justes. Vous êtes notamment convaincant quand vous écrivez :

« Elle induit que le racisme n’est pas que la haine de l’autre, le replis identitaire et l’affirmation de la supériorité de sa race (et des identités et communautés de pensées attenantes), sur celle de l’autre pour mieux s’autoriser a le traiter en sous humain corvéable à merci ou en chose a plaindre ou a craindre selon son sentiment de force identitaire comparé, mais aussi la conscience que l’autre est en potentiel son égal, et qu’il faut lui nuir pour l’empêcher d’avérer ce potentiel, au sein d’une même société, pour ne pas rentrer en concurrence avec lui sur les places les plus enviables ou sérieuse en détention de pouvoir, tout en lui laissant autant que possible les taches les plus manuels et considérées comme pénibles et ingrates. »

Derrière le mépris ou la haine se cache souvent, en effet, la crainte que l’autre soit notre égal (voire notre supérieur). Les antisémites ont généralement une grande admiration pour les juifs, qu’ils estiment d’une intelligence supérieure (ce qui est en grande partie faux, bien sûr, mais semble confirmé par le fait que les juifs, pour des raisons historiques, sont très présents dans les professions intellectuelles). Et c’est justement à cause de cette admiration qu’ils craignent et haïssent les juifs : ils ont peur que ces derniers ne prennent le contrôle du monde.

Il en va de même pour la puissance sexuelle qu’on attribue à certaines « races ». Il y a bien sûr, le grand fantasme des blancs sur le pénis des noirs, mais le phénomène semble universel. Dans son Introduction à la psychanalyse (Payot), Freud raconte que les Anglais, lors de la conquête des Indes, imaginaient que leurs ennemis avaient un plus gros pénis qu’eux. Et le plus drôle, c’est que les Indiens avaient le même fantasme vis-à-vis des Anglais.

Tout ceci m’amène à penser, comme vous, que le racisme est en grande partie le produit d’une concurrence acharnée entre les hommes. Lorsque les places désirées sont rares, on se serre les coudes entre gens qui se ressemblent et on tente d’exclure ceux qui - comme le disait malicieusement Desproges à propos des juifs sépharades - ont « le type étranger ». D’ailleurs, on peut observer une montée en puissance de la xénophobie et du racisme en période de crise économique. C’est que la concurrence est alors plus rude, et notamment sur le marché du travail. Violences anti-italiennes dans la France des années 1900 ; fort antisémitisme dans les années 30 ; recrudescence du racisme (anti-maghrébin en France, anti-turc en Allemagne, etc.) depuis la fin des Trente Glorieuses. Comme de par hasard, ces trois périodes étaient (ou est, pour la dernière des trois) des périodes de crises ou de déclin économiques.


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