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Commentaire de mithys

sur La rationalité de la science est-elle inversement proportionnelle à l'importance émotionnelle du sujet étudié ?


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mithys 13 août 2009 17:16

Merci, Serge WUNSH, d’avoir si bien résumé la difficulté d’appréhender les principaux facteurs, éminemment complexes, qui sous-tendent le phénomène religieux.

Je comprends que vous ne soyez quand même pas entré dans le détail des mécanismes biochimiques, encore très peu connus, qui concrétisent l’imprégnation affective du cerveau émotionnel, notamment  à la suite d’une éducation religieuse, et qui influencent la rationalité.

J’ai apprécié que vous écriviez, in fine : « En tout cas, ce qui semble indéniable, c’est qu’existe chez l’être humain un besoin d’une certaine spiritualité. Et il serait souhaitable de chercher comment le satisfaire de la manière la plus constructive, pour faire obstacle aux phénomènes spirituels omnipotents et intolérants. (Pour l’histoire, la révolution française avait essayé de promouvoir le Culte de la Raison pour remplacer le christianisme.). Et là encore, où sont les structures dont l’objectif serait d’étudier toutes ces problématiques, d’informer sur les aspects positifs et négatifs des mouvements spirituels existants, et de proposer des alternatives spirituelles constructives ? ».

« Des alternatives spirituelles constructives » : c’est bien la question !  Certes, la spiritualité religieuse, les repères religieux sécurisants sont en perte de vitesse, sauf dans l’islam, mais ils  n’ont pas été remplacés par une spiritualité laïque. Au contraire, comme l’écrit André COMTE-SPONVILLE (dans « L’esprit de l’athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu » Albin Michel 2006), « le dogmatisme revient, avec, trop souvent, et l’obscurantisme, et l’intégrisme, et le fanatisme parfois. On aurait tort de leur abandonner le terrain. Le combat pour les Lumières continue, il a rarement été aussi urgent, et c’est un combat pour la liberté. Un combat contre la religion ? Ce serait se tromper d’adversaire. Mais pour la tolérance, pour la laïcité, pour la liberté de croyance et d’incroyance ».

Michel ONFRAY, dans son Traité d’athéologie, estime qu’ « en mettant à égalité toutes les religions et leur négation, comme y invite la laïcité qui triomphe aujourd’hui, on avalise le relativisme ». Selon ce philosophe, « il faut promouvoir une laïcité post-chrétienne , à savoir athée, militante et radicalement opposée à tout choix de société entre le judéo-christianisme occidental et l’islam qui le combat. Ni la Bible, ni le Coran ». Mais cela revient à prôner une pensée laïque unique, aussi critiquable que celle des dogmatismes religieux !

Quant à André COMTE-SPONVILLE, il ne propose aucune solution concrète pour parvenir à une alternative laïque. Je constate qu’il en est apparemment resté aux notions de Sigmund FREUD, donc d’avant 1939, et qu’il semble donc tout ignorer des observations psycho-neuro-physiologiques actuelles, relatives par exemple à  l’influence de l’éducation sur le cerveau émotionnel, de son influence sur le cerveau rationnel et donc sur la réflexion philosophique. A propos de l’expérience mystique, il cite seulement Michel HULIN : « l’intellect est mis hors circuit » …

J’aurais au contraire souhaité voir ces deux philosophe adopter une saine conception de la neutralité et faire la promotion de la « laïcité philosophique », celle qui, tout en refusant toute référence à un absolu transcendantal, n’est pas pour autant antireligieuse puisqu’elle prône, par simple honnêteté intellectuelle, une information minimale, objective et non prosélyte, permettant de choisir, aussi librement que possible, de croire OU de ne pas croire.

Mais André COMTE-SPONVILLE (non pas « athée fidèle », mais, à mon sens, agnostique regrettant de ne plus être croyant …) semble obnubilé par la dimension poétique de son expérience mystique (= limbique … ! ) : « vivre ensemble le mystère et l’évidence, la plénitude et la simplicité, l’unité et l’éternité, le silence et la sérénité, l’acceptation et l’indépendance … C’est le sommet de vivre, qu’on n’atteint qu’exceptionnellement ». Pour lui, la spiritualité, « c’est notre rapport fini à l’infini ou à l’immensité, notre expérience temporelle de l’éternité, notre accès relatif à l’absolu ». (…). Le véritable esprit de l’athéisme : non l’Esprit qui descend, mais l’esprit qui s’ouvre (au monde, aux autres, à l’éternité disponible) et qui se réjouit. Ce n’est pas l’absolu qui est amour ; c’est l’amour, parfois qui ouvre à l’absolu. (…) C’est l’amour, non l’espérance, qui fait vivre ; c’est la vérité, non la foi, qui libère. Nous sommes déjà dans le Royaume : l’éternité, c’est maintenant ».

A mes yeux, tout être humain, en présence une circonstance qui le dépasse, ou dans un épisode heureux ou malheureux de son existence, devient sensible à une forme ou l’autre de spiritualité, soit  religieuse, soit laïque : elle se découvre aussi bien par la méditation zen, le bouddhisme, la Musique de Mozart, voire lors d’un orgasme simultané. André COMTE-SPONVILLE y fait allusion.

Mais j’aurais apprécié que son « introduction à une spiritualité sans Dieu » soit plus « laïque » ! Ce philosophe semble ignorer que la spiritualité laïque a aussi une forme active et engagée dans tous les aspects de l’existence :

Ce qui, pour l’athée, est « sacré », dans le sens d’inviolable, c’est d’abord le respect de la dignité de l’homme, de la femme et de l’enfant, (ce qui implique l’interdiction de l’excision par exemple), et celui de leurs droits et libertés, à commencer par celle de ne pas se voir imposer unilatéralement une éducation religieuse.

La spiritualité laïque consiste à se sentir sur la même longueur d’onde que celle d’hommes et de femmes animés par un idéal commun d’émancipation, de perfectionnement humain, individuel et collectif, par la promotion et le respect de certaines valeurs, principes et objectifs communs. Il en résulte une confiance mutuelle a priori, rare de nos jours.

La spiritualité laïque, à mes yeux, c’est finalement tout ce qui concourt à l’harmonisation de l’individu par lui-même, au cheminement qui consiste à se construire soi-même et à édifier sa vie, à la fois par le dialogue, la tolérance et le respect mutuel.

Bien amicalement,

Michel THYS http://michel.thys.over-blog.org


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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