« est « obscurantiste » celui qui est favorable à l’interdiction de la burqua , coutume moyenâgeuse et discriminatoire envers les femmes ? »
Non, ce n’est pas ce que j’ai dis, mais est obscurantiste celui qui renonce à l’argumentation (Ce qui n’est pas le cas de votre dernier post, je le reconnais).
"Le vivre-ensemble est
évidemment bafoué par cette coutume car elle a pour but d’indiquer que
la femme qui le porte n’est pas disponible pour un non-musulman."
Si je comprends bien votre point de vue, le vivre ensemble est bafoué par le niqab ou la burqa, de par ce qu’il représente, la signification qu’il véhicule. Je n’admettrais pas cet argument pour le simple voile, qu’on peut voir comme rien de plus qu’une coutume (et qu’on retrouvait aussi dans nos campagne). S’agissant de la burqa, on peut admettre que la signification véhiculée par ce vêtement est contraire au vivre ensemble, que c’est une forme d’exclusion volontaire de la société en quelque sorte. D’ailleurs pour être franc, la burqa me choque aussi, me met mal à l’aise, et est contraire à beaucoup de mes valeurs.
Seulement mes valeurs sont démocratiques, et je suis persuadé que la grande force de ces valeurs tiens dans une sorte de pari : le pari que si on met en place un système dans lequel chacun est libre de s’exprimer, y compris ceux qui s’opposent à ce système, et bien malgré tout le système subsistera et la liberté l’emportera sur ses opposants. On ne peut lutter contre le totalitarisme par le totalitarisme. En cherchant à interdire certaines expressions, on ne fait que les renforcer. Les exemples sont multiples (la prohibition, ...). Finalement on ne gagne pas en imposant nos valeurs : ces valeurs s’imposent d’elles même de par leur force. La démocratie réussit là où la dictature échoue.
Quand j’étais petit et que mon grand frère m’embêtait, ma mère me
disait « plus tu réagit et plus il va continuer ». C’est un peu le même
principe...
Le port du voile semble s’être développé ces dernières années. A l’évidence, ce développement est purement réactionnaire : quand les femmes de pays arabes se sentent soumises en le portant, ici, elles se sentent rebelles. Plus on parlera de la burqa, plus on inventera des lois pour s’y opposer, plus on stigmatisera les musulmans et plus le phénomène se développera. Si au contraire nous choisissons simplement d’ignorer ce phénomène largement minoritaire, si le message est « faites comme vous le voulez », à coup sûr le mouvement s’essouflera de lui même, il s’inversera. Les femmes, n’ayant plus de raison de s’opposer bêtement, verront vite où est leur intérêt et quel mode de vie est préférable. C’est d’ailleurs déjà le cas pour beaucoup d’entre elles - une majorité, même.
C’est donc bien la tolérance qui est le fondement du vivre-ensemble. Et puis je vois bien un autre problème dans ce que vous dites : si on commence par interdire tout ce qui s’oppose aux valeurs démocratiques, où s’arrêtera-t-on ? Les signes religieux, les T-shirt anarchistes ou militants, les tatouages et les piercings ? Quel statut si particulier voyez-vous dans la religion pour décréter que ses signes doivent rester discret ? Selon la laïcité, la religion peut se manifester de manière associative. Doit-on interdire tout signe extérieur d’appartenance à une association ? Fini les T-shirt restos du cœur ou les démarcheurs de « action contre la faim »...
« si la loi impose la laïcité de l’Etat, cela a aussi des corollaires du point de vue des mœurs : on reste discret sur sa religion, on évite de l’afficher. »
Non la laïcité, principe politique, n’a aucun corolaire dans les mœurs. Dans nos sociétés nous ne jugeons pas des mœurs, et c’est ce qui fait leur force.