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Commentaire de easy

sur Levons le voile sur le burkini


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easy easy 15 août 2009 19:43



Ce qui est sûr c’est que depuis les questions posées par le féminisme, et l’homosexualité, rien n’aura autant questionné nos fondamentaux républicains, nos constitutions et nos Grandes Déclarations de Principes que l’intégration des musulmans.

Ce qui est alors dommage c’est qu’au lieu de nous dire qu’il est bizarre que nos Principes ressortent si fragiles, si constestables, si bourrés de contradictions alors qu’ils nous semblaient en béton et aisément défendables, nous en venions à agresser de toutes sortes de façon ceux qui en révèlent la fragilité.


Il me semble que la première chose que nous devrions faire quand on nous dit que le Père Noël n’existe pas, c’est de nous demander pourquoi nous avons pu croire un canular pareil et non d’agresser celui qui nous révèle notre naïveté 

[ A ce propos, je serais très reconnaissant à ceux des autres cultures, de me dire s’il existe, ailleurs qu’en Europe, des canulars spécifiques aux enfants. Et surtout des canulars directements construits au sein de la relation parent/enfant], des canulars où les parents prennent leur enfant pour un débile].



Quoi que nous ayons pu en penser ou en dire, nos Principes sont fragiles (Et pas seulement la démocratie)
Parce qu’ils sont fragiles, nous devrions les bichonner et les couver ?
Ou ne ferions-nous pas mieux de piger d’abord pourquoi nous n’avions pas vu leur fragilité avant, et comment établir de nouveaux principes sans se tromper encore sur leur solidité.


Concernant le pourquoi de la fragilité des Principes Occidentaux. je propose l’hypothèse suivante :

Pour établir nos Principes, nous aurions été à la fois contraints à des compromis en fonction de l’état des lieux et nous aurions été aveuglés par les Lumières 
Certes, les Lumières ont dit énormément de bonnes et nouvelles choses, mais elles avançaient en territoires inconnus et bien des bêtises furent dites aussi.
D’autre part, pour des questions de communication, elles privilégiaient énormément la forme au fond. (L’auditoire principal était la Cour) En lisant les discours des Lumières, on voit nettement le soucis de séduire par brillance oratoire. La volonté de rationalité se diluait devant la nécessité de plaire.

Dans l’ordre chronologique, il faut déjà regarder d’où nous est venu l’idée de « sortir du Moyen-âge » comme on se gargarise très bêtement de le dire aujourd’hui.

L’impulsion au changement n’est pas venue d’une seule personne ni en un seul jour bien entendu mais permettez que je simplifie sinon on va s’y perdre.

Aux environs de 1620, Descartes n’avait que 23 ou 24 ans quand un matin, sans doute inspiré par les turpitudes de Galilée, il s’est dit qu’il fallait inventer une nouvelle vision ne passant pas par la grille de lecture du religieux (Qui lui semblait farcie de dogmes) mais uniquement par la raison. (Ce qui introduisait directement au scientisme)
Un peu comme vexés d’avoir pu croire si longtemps que la Terre était placée au centre de tout par Dieu, beaucoup voulurent tourner le dos à l’Eglise et suivirent Descartes. Le courant rationaliste allait croître. Mais d’autres ne voulaient pas lâcher le morceau et continuaient à tisser leur foi religieuse en avalant la couleuvre Galiléenne

Si bien que 100 ans plus tard, vers 1720, le naturaliste Buffon, sous Louis XV et Louis XVI, en hésitait encore à dire que les Noirs, les Rouges, les Jaunes étaient des hommes comme les Blancs et qu’ils devaient leur couleur à leurs conditions de vie (On pouvait alors les laver en les déplaçant). La pression de l’Eglise était encore si puissante, qu’il n’osait aller plus loin dans l’égalité et affirmait que l’Homme Blanc était le seul à être accompli, les autres étant des formes de dégénérés. (Selon lui, les ressources de la nature étaient inépuisables et les bêtes à griffes et à crocs étaient à exterminer pour assainir cette nature. L’Eglise n’obligeait pas à un tel zèle !)


Et bien après Buffon, quand on commença à graver dans le marbre nos Grands Principes, nos aïeux eurent à tenir compte de tous ceux qui restaient dans la foi, qui conservaient le sens du sacré.
Il fut alors convenu de concevoir deux espaces, chacun avec son vestiaire. A la maison, on pouvait croire en Dieu, en ville on ne devait croire qu’en la Société non religieuse (La Société devenant notre nouveau Dieu, on devait désormais mourir pour elle et non plus pour la foi en Dieu)
Mais même un tel concept devait encore être adapté au fait qu’il y avait d’abord des énormes bâtiments religieux à traiter (On ne pouvait les couper en morceaux pour les placer dans les maisons), et qu’il y avait des tas de processions, messes et autres kermesses que les croyant tenaient à pratiquer ensemble. Ce qui débouche automatiquement sur le droit de chacun de se réunir en masse et de pratiquer avec une ostentation certaine..

S’il est concevable qu’il puisse y avoir une religion disons discrète, ce n’était certainement pas le cas de la religion chrétienne. Nous avons été extrêmement habitués à l’ostentation religieuse (Et maintenant l’ostentation est passée de la gourmette de communion à sens sacré, à la montre bling-blang à sens social ; de la petite chaînette à médaillon pieux au collier de verroteries)
Alors nos Grands Principiants durent admettre dans la douleur que la liberté du culte pouvait, malgré tout s’exercer dans la rue, et finalement partout sauf, sanctuaire des sanctuaires Ferrystes, à l’école (Mais les forces du sacré sont telles qu’il y a toujours eu des écoles confessionnelles, bien que payantes !) 

A cause de ce modus vivendi originel, il reste tout à fait possible, pour des millions de croyants, de quelque confession que ce soit, de se regouper par millions et quasiment n’importe où. On peut, dans une école strictement laïque, entendre les volées des cloches du curé, tous les quart d’heure.
On peut aussi avoir des villes entières dédiées au commerce de religiosités


En fait, la gratuité de l’enseignement laïque républicain était la carotte, l’argument vénal, qui a fait que de plus en plus de gens ont abandonné le sacré. Et de générations endoctrinées en générations endoctrinées, les écoliers sont devenus des adultes acquis à la laïcité (Jusqu’au moment actuel où le manque de sacré commence à se faire ressentir)



Ainsi, Jules Ferry, (Qui eut l’idée de faire comme faisaient les congrégations : endoctriner les gens depuis leur enfance mais cette fois selon les dogmes républicains), pourtant férocement anti religieux, n’est pas allé jusqu’à interdire purement et simplement les religions, partout.
Nous avons donc gravé dans le marbre, en même temps que nos Grands Principes de Liberté (Qui sont en fait des principes ne valorisant que la Société, en rien l’Individu) le droit du culte y compris dans l’espace public. Notre Nation devint à la fois laïque (avec des aspects très raides) et confessionnelle (Avec des allures laxistes)

Comment se fait-il que nos arrière-arrière-arrière grands parents n’aient pas imaginé qu’un jour, forts des ces Principes de tolérance religieuse, il y aurait dans nos rues des manifestations religieuses mais d’une tout autre religion ?
Pourquoi, alors qu’il y avait des gens comme Jules Verne, ont-ils manqué à ce point d’anticipation ? 

Nos Grands Principes d’ Egalité étaient au fond essentiellement anti monarchistes et ils visaient à bloquer tous les monarques d’Europe en même temps.
Tout ayant été considéré à l’échelle Européenne (Et un peu Américaine) nos Principes admirent que toutes les confessions européennes pouvaient s’exprimer librement. Il y avait trois tiers, il ne fallait pas s’en mettre deux à dos à la fois.

D’autre part, Jules Verne était Blanchiste (Cf Robur le Conquérant)
Les Européens d’alors connaisaient un peu le reste du Monde, mais ils étaient convaincus qu’étant d’une race supérieure, étant les seuls véritables humains non dégénérés, il n’y avait pas à énvisager le cas de bougnoules regroupés autour d’un dieu en forme d’oiseau. On était convaincu que les non-Blancs seraient matés à tout jamais.
(Seuls quelques personnes cultivées réalisaient que la Civilisation Blanche n’était pas forcément un sommet)


On était généralement tellement convaincu de la supériorité des Blancs et de leur aisance à contrôler le Monde, qu’il était inenvisageable qu’un jour, des sauvages comme les appelait Buffon, des sujets comme on les appelait encore en 1950, puissent débouler ici sans fers aux pieds, bénéficier des pleins droits et réclamer leur liberté de culte, aussi différent soit-il.

Je vous invite à lire la déclaration de Jules Ferry, celui qui a tant de responsabilité sur nos états d’esprit puisque toute sa doctrine nous est entrée dans le crâne depuis l’école, au sujet du colonialisme et de lire la réponse que lui a faite Georges Clemenceau
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Ferry


Oui, tant que les nègres ne pouvaient les lire, nos Grands Principes d’Egalité Blanchiste nous permettaient de nous friser les moustaches et de monter des centaines de zoos humains partout en Europe et en France.
 (Il faut toujours le rappeler, bien des Européens protestèrent devant ce blanchisme)
Ils nous permirent d’obliger des bougnoules à se faire tuer dans nos tranchées contre des Boches qui prétendaient être des Super supérieurs dans cette folle course à la supériorité. Et ils nous permirent de ne surtout pas indemniser des tirailleurs des colonies, de ne verser aucune pension à leur veuves, à leurs orphelins.
Ils nous permirent d’effectuer des razias sur leurs régions et leurs peuples
Ils nous permirent d’inventer des frontières et d’en imposer sur la planète entière.
Nos Principes bourrés de mots mal définis nous permettaient d’abuser.



Mais en 1954, Pour la première fois de leur Histoire Moderne, les Français furent défaits à Dien Bien Phu. Le glas du dogme de la supériorité Blanche avait sonné.

Tous ces peuples qui avaient été considérés de très haut, ont découvert les uns après les autres que, finalement, les études scientifiques ça se torche asez vite, que les subtilités de la rhétorique française ça s’apprend assez vite, que la langue de bois des Français ça s’apprend aussi très vite, bref, en 50 ans, patatras, toute cette vision des Lumières qui était inconsciemment blanchiste, qui s’est tranformé en vision républicaine colonialiste très consciemment blanchiste, s’est effondrée. Parce que ça avait été pensé depuis un cerveau de Blanc qui n’imaginait pas une seconde qu’un cerveau de Non-blanc puisse l’égaler dans l’art de la manipulation.




Que faire aujourd’hui ?

Bin il faut cesser de criser comme des gosses à qui on a cassé un jouet fantasmatique. Tout est à réviser.
Toutes nos conceptions des choses, toutes nos visions ont été fondées sur des époques où l’on voyait le Monde de manière égoïste, antionaliste, raciste et prédatrice
Comment pouvons-nous encore prétendre à la souveraineté nationale alors que tous les jours nos Rafale, nos Mirage, bien de chez nous, bombardent et tuent des Afghans, qui même montagnards, même en guenilles, même divisés, sont tout de même plus chez eux que nous ?

C’est parce qu’on ne nous montre jamais d’images de ce viol quotidien que nous pouvons encore nous permettre de hurler « Ici c’est chez nous, t’as pas à venir foutre ta merde ici »

Non de Dieu, Français, pendant des siècles vous avez ravagé tous les recoins du Monde en piétinant toutes les cultures, vous avez été les plus bellicistes des Terriens, et soudain, depuis 50 petites années que vous êtes enfin dépiédestalisés, vous donnez des lecons de territorialité !



Ca suffit de faire des caprices d’enfant trop longtemps gâté, de gosse pourri !

Il faut réviser nos grands principes et les soumettre à la lecture non des Blancs mais du Monde entier cette fois.

Est-ce que notre contitution actuelle serait acceptée par l’ensemble du Monde ?

Devons-nous oui ou non maintenir une notion de territoire national et quels sont les degrés de porosité admissibles avant de sortir les fusils. 
Devons nous continuer à privilégier de plus en plus notre dimension sociale (et donc marchande) ou faut-il privilégier notre dimension individuelle ?
Devons-nous payer tant d’impôts au seul corps social ?
Notre système éducatif doit-il toujours être aussi centralisé et doctrinaire ?
Est-il normal que nous engagions notre armée sur un territoire qui n’est pas le nôtre sans le moindre débat parlementaire ?
Admettons-nous la pratique d’un culte ? N’importe quel culte ? N’importe où ?
La Société est-elle plus importante que l’individu ?
L’ingérence, à partir de quel seuil ?
Qu’est-ce que l’Ordre Public, qu’est-ce que l’atteinte à l’Ordre Public ? Qui peut en décider ?


Voilà le genre de questions que nous devons nous poser devant le constat de la fragilité ou de l’ambiguité de nos Principes fondés sur des Visions dépassées.



 
En dehors donc des religions Européennes que nos Principes avaient intégrés, régnaient, dans les colonies, trois aures grandes religions (laissons là les discussions formalistes)
Le Bouddhisme, l’Indhouisme et l’Islam.
Il se trouve que nous avions colonisé surtout des territoires proches et qu’ils étaient déjà acquis à l’Islam. Nos Jésuites ont fait ce qu’ils ont pu mais ils ne l’ont pas emporté et c’est peut-être parce qu’en Métropole on chassait le curé à coups de balais.


Il est logique, que ces bougnoules, une fois devenus hommes à part entière, se tournent vers ce pays qui leur a bourré le mou, le dos et le cul à coups de Mère-Patrie.
 
« Maman, je m’a tuer pour toi, tu ne me reconnais pas ? »


Et les voilà nos enfants d’outre-mère, les voilà qui nous reviennent, avec leur religion, qu’ils ont le droit de pratiquer partout !






Cas du burkini en piscine publique.
Selon nos Principes, puisqu’on n’est pas à l’école on ne peut ni ne doit l’interdire par l’angle « Stop ! C’est un signe religieux ostentatoire ».
Concernant l’école, celles de l’Etat devaient être sans croix aux murs, sans curé dans les murs, mais les enfants pouvaient porter sur eux les signes de leur foi (Dont le port d’un uniforme limitait la visibilité

Reste l’angle de la sécurité (Risque de noyade) Pas trop facile à soutenir
Et l’angle de la propreté. Tant que le contrôle précis de la propreté corporelle des nageurs ne sera pas pratiqué, il sera toujours acrobatique de prétendre sans preuves qu’une personne en burkini est plus sale qu’un type en slip de bain qui ne s’est pas savonné ni curré les ongles.depuis 4 mois 
De même je n’ai pas été convaincu par cet argument hygiéniste au sujet du short de bain qui fut interdit, pas plus que par le port obligatoire du bonnet de bain.

Tremper dans une eau où trempent d’autres personnes c’est de toutes manières accepter de nager dans leurs humeurs et leurs pipis.

Ce que l’on pourrait dire de plus scientifique (On ne jure que par la science alors...) c’est que les gestionnaires ont besoin de limiter les choses qui bouchent les filtres. L’idéal étant alors de n’accepter que les nus rasés, gommés, épilés.

Enfin, il ne faut pas exclure une possibiité futuriste qui consisterait, hors toute considération de provocation, de concevoir des vêtements encore plus fermés, des combinaisons disons capotes, qui permettraient à chacun de se baigner en piscine sans avoir à mariner dans le pipi, la sueur, les glaires, les miettes anales et le cérumen des autres. Genre, à chacun sa merde.


Ca fait qu’au total, je ne vois pas d’argument en béton à opposer au port du burkini en piscine.
Si nous présentons des arguments bidons, et bien c’est la langue de bois qui continue et ça se retournera toujours contre nous.


N’empêche que c’est sympa la piscine. C’est encore un de ces rares endroits où l’on accepte de fait, de se partager ses jus intimes.





Au fond, ce qui ne cesse de se produire depuis un siècle, un siècle seulement, c’est que s’opposent deux principes, Un plutôt naturel qui tend aux comunautarismes : Piscine pour les textiles, piscine pour les naturistes, ailleurs pour les burkinis, etc. voilà ce que beaucoup souhaitent et sur tous les sujets

Et puis en face, il y a les républicains les plus nationalistes, qui tiennent à ce qu’on parle français dans tous les recoins de la France, qu’il y ait partout le même drapeau ; les mêmes lois, le même baril de lessive, le même emmental râpé, etc. Bref, ceux là privilégient la puissance étatique au détriment de la singularisation individuelle. 


Et depuis un siècle, ce sont les Républicains qui l’emportent et de très loin.
C’est eux qui font la France actuelle.


 .


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