Le dernier scud concernant Ségolène arrive par le biais d’une vidéo où elle tient des propos qui vont forcément provoquer un scandale car elle s’en prend aux enseignants des collèges et il suffit de voir les réactions des gens assis à ses côtés pour imaginer les remous qui vont suivre. Précisons que cette vidéo a été balancée sans l’avis de l’intéressée... Par qui ? Sire, gardez-vous à droite ; sire, gardez-vous à gauche !
Que dit-elle dans cette vidéo, qui au final, peut également lui faire gagner des voix ? Que les enseignants de collège devraient faire leur 35 heures DANS le collège. Et non s’en tenir à 17 heures de présence et faire le reste chez eux (bon, là, j’extrapole ses propos, mais j’imagine que c’est ce qu’elle sous-entend). Le problème nous dit la préférée des sondages, c’est que les gamins qui ont besoin de soutien scolaire doivent l’obtenir par le biais de sociétés privées, cotées en bourse, avec des intervenants qui sont des enseignants du service public ! Dès lors, pourquoi ces enseignants ne s’investiraient-ils pas sur le collège auprès des élèves qui en ont vraiment besoin, car l’autre problème induit par ce type de soutien scolaire privé, c’est son accès, forcément discriminant en fonction des moyens financiers. La question posée par Ségolène Royal est donc la suivante : « comment se fait-il que des enseignants du secteur public aient le temps d’aller faire du soutien individualisé payant, et ils n’ont pas le temps de faire du soutien individualisé gratuit, dans les établissements scolaires ? »
Je précise que je travaille depuis plus de quinze ans dans les quartiers en qualité d’animateur socioculturel et cadre territorial (et auparavant dans le milieu associatif). Je prétends donc pouvoir parler d’expérience au-delà de la simple indignation bornée et corporatiste. J’ai très rarement vu des enseignants de collège s’engager sur des problématiques de quartier en terme d’éducation ; la majorité refusant quasi régulièrement d’assister à des Projets ou Contrats Educatifs Locaux, répondant qu’ils ont assez à faire au collège. Mais cela passe souvent mal, car les autres intervenants sur ces dispositifs sont des responsables associatifs qui font bien plus de 17 heures par semaine pour endiguer les dégâts d’une école qui ne sait plus promouvoir le lien social ; ou alors d’autres fonctionnaires qui bien souvent sont là aussi au-delà des 35 heures (et oui, il en existe). De plus, sans les enseignants, ces réseaux perdent forcément de leur pertinence... Il y donc un problème de niveau d’engagement qui n’est pas le même pour tous les acteurs... D’ailleurs, dans des actions collectives, même les plus festives comme des fêtes de quartier, inutile de chercher les enseignants des gamins et des jeunes (hormis quelques exceptions qui confirment la règle) ; ils ne se déplacent jamais, partant sûrement du principe que ce qui se passe en dehors du collège ne les regarde pas (les élèves sont dès lors une sorte d’abstraction à leur entrée en cours ?...).
Quant au soutien scolaire lui-même, il y a effectivement beaucoup à dire. Le nombre d’élèves en soutien, y compris au collège, est assez surprenant. Certaines villes ont la moitié des élèves de tout âge en soutien scolaire !!! Comment dès lors ne pas se poser la question de l’enseignement et de la place de l’enseignant ? Le soutien scolaire, quand il n’est pas organisé par des sociétés privées, est mis en place conjointement par la commune et les associations locales. Dans les deux cas, c’est difficile à mettre en place faute de bénévoles. Les organisateurs tentent alors de trouver des jeunes étudiants ou des animateurs BAFA, en les rémunérant en tant que vacataires. Le recrutement est tellement difficile (d’autant que les étudiants ont cette année de nombreuses obligations pour leurs cours pendant ce qui est normalement du temps libre), que se fixer un quota à atteindre (tout en respectant la réglementation contraignante et inadaptée de Jeunesse & sports) prend le dessus sur la réelle capacité pédagogique des enseignants. C’est encore plus difficile à l’heure ou la CNAF se désengage de tous les dispositifs...
Alors que les enseignants soient présent dans le collège, ou auprès des organisateurs, me parait effectivement un minimum, particulièrement dans les quartiers les plus laissés pour compte ! Cela permettrait peut-être aux enseignants de prendre conscience d’autres réalités, comme, par exemple, les dégâts provoqués par les exclusions des élèves les plus difficiles, sans s’assurer de ce qu’ils vont faire pendant ce temps là, ni même si les parents peuvent être présent... Il est grand temps que tout le monde, et particulièrement les enseignants, se mettent au chevet de cette jeunesse qui doit construire la société de demain (dans laquelle nous vivrons encore de surcroît).
Elle a raison Ségolène, il faut espérer qu’une nouvelle génération d’enseignants, plus concernés que les actuels, acceptent d’échanger des privilèges contre un engagement plus pertinent et plus valorisant. Et que l’on ne me parle pas de la lourde charge des cours à préparer et corriger. Certes, c’est une réalité à prendre en compte, mais on tous dans ce travail de titan qui consiste à former des adultes responsables, des contraintes très lourdes. Qu’un enseignant passe, par exemple, des journées et des heures à trouver des financements pour assurer des salaires à ceux qui vont des cours de soutien, et on en reparle... Mais le mieux n’est-il pas de se rassembler au lieu de se diviser ? Chaque problème peut trouver des solutions, et je pense que des problèmes d’organisation sont plus faciles à résoudre que des vies brisées faute d’éducation.
Par contre, le vrai propos qui me fait dresser l’oreille dans les propos de Ségolène, c’est ce qu’on entend au début, qui la place en flagrant-délit de coup bas. On s’allie avec les syndicats pour gagner, tout en sachant qu’ensuite on va les attaquer pour réformer. pas très loyal, ça, Mme Royal.
10/01 15:00 - boonie
Moi qui suis enseignant, jamais je n’ai lu un tel monceau de bêtises et de méconnaissance (...)
10/01 12:09 - Léna
Y’en a marre qu’on crache sur les profs. Je suis fille d’enseignants et mes (...)
22/12 11:04 - JM
Votre article est intéressant mais comme d’habitude, on a la facheuse habitude de (...)
25/11 01:33 - Cochonouh
J’ai un copain prof de techno qui fait les vidanges et les carburateurs
25/11 01:31 - Cochonouh
25/11 01:21 - claire
l’idée que les profs doivent aider à faire du soutient scolaire gratuitement, pendant (...)
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