Bonsoir. Je ferais deux objections à votre article. Vous m’excuserez, je l’espère, si elles répètent, sous une forme nouvelle, des choses qui ont déjà été dites par d’autres internautes.
1. Vous semblez croire en la possibilité d’un despotisme éclairé. Pour vous, un monarque n’est pas forcément un tyran, du moment qu’il connaît bien les besoins de son peuple. Peut-être avez-vous en tête Platon et son philosophe-roi. En tout les cas, il me semble que votre idée est une chimère. Toute personne ayant, de manière durable, de grands privilèges, est nécessairement ignorante des besoins des déshérités. Les rois d’autrefois n’hésitaient pas à écraser les paysans d’impôts et à saigner le royaume par leurs guerres. Il en va de même aujourd’hui, où les « élites » financières, politiques et médiatiques n’ont aucune idée de ce que souffrent les gens du peuple. Ou plutôt, ils en ont une idée abstraite, qui ne les touche absolument pas.
Cela explique l’échec de toutes les révolutions communistes. En admettant que les leaders aient réellement eu la volonté de faire le bien du peuple, ils l’ont rapidement perdue en arrivant au pouvoir. En devenant de nouveaux monarques, ils n’ont plus eu qu’une préoccupation : garder le pouvoir le plus longtemps possible.
2. Comme d’autres l’ont dit avant moi, il n’y a pas à opposer la liberté et l’égalité. D’ailleurs, cette opposition est souvent faite par ces mêmes libéraux que vous critiquez. Ce sont eux, généralement, qui tiennent le discours suivant :
« Il faut choisir entre un régime égalitaire mais tyrannique (exemple : l’URSS) et un régime libéral mais inégalitaire (exemple : les Etats-Unis). »
En apparence, un tel discours est irréfutable. En fait, il est bien faible. Si on y réfléchit deux minutes, on s’aperçoit que l’égalité et la liberté sont intimement liées. Dans un pays tyrannique, il y a une inégalité politique entre gouvernants et gouvernés. Les Soviétiques de base n’étaient certainement pas les égaux des apparatchiks du Parti - à plus forte raison des nouveaux tsars Lénine, Staline et consort. De plus, l’inégalité politique s’accompagne généralement d’une inégalité économique : les membres de la Nomenklature jouissaient tout de même d’un certain confort. C’est d’ailleurs leur position privilégiée qui leur a permis de s’enrichir monstrueusement lors de la disparition de l’Union soviétique.
Inversement, de fortes inégalités économiques entraînent des rapports de domination, donc une absence de liberté pour le plus grand nombre. Cela vaut non seulement au plan strictement économique (où la domination s’appelle exploitation) qu’au niveau politique. En effet, dans une société où les inégalités économiques sont fortes, le pouvoir politique est aux mains d’une minorité de privilégiés, très proche du pouvoir économique. C’est très visible en France, avec la complicité entretenue par Sarkozy avec de grands patrons comme Bolloré, Lagardère, etc. C’est encore plus clair aux Etats-Unis, où les campagnes politiques sont officiellement financées par de grands groupes industriels et où la collusion entre le monde politique et le monde du business s’étale au grand jour (cf. par exemple la biographie de G.W.Bush et celle de Dick Cheney).
Amicalement, malgré nos différences idéologiques,
J. Grau
21/08 13:47 - Moristovari
Effectivement, l’Histoire montre que toute révolution est d’abord intellectuelle, (...)
20/08 20:03 - Florentin Gastard
Vous avez raison, votre réfléxion est très constructive ; vous réussissez à faire la synthèse (...)
20/08 20:00 - Carlène et ségola
Il serait urgent que vous lisiez Adam Smith qui n’a jamais prôné la concurrence (...)
20/08 19:34 - Moristovari
Article plein de bon sens mais, comme tant d’autres, simple constat stérile d’un (...)
20/08 12:02 - Florentin Gastard
Vous avez raison de vous méfier de l’égalitarisme. Inspirant la politque des « quotas » (...)
20/08 11:54 - Florentin Gastard
En réalité, je ne pense pas que l’égalité soit préférable à la liberté, et (...)
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