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Accueil du site > Tribune Libre > La démocratie libérale est-elle l’opium des peuples ?

La démocratie libérale est-elle l’opium des peuples ?

Lors de chaque débat politique, lors de chaque intervention des représentants des différents partis français, nous remarquons une constante, et une seule : il s’agit de prendre des mesures démocratiques, parce que nous sommes en démocratie, et parce qu’il ne faut pas, surtout, que le pouvoir soit absolu. Depuis le Parti Socialiste, qui dénonce à tout va les pointes d’autorité de l’UMP au pouvoir, incompatible selon lui avec sa conception de la démocratie, jusqu’au parti présidentiel, qui s’insurge régulièrement contre les mouvements de grève, qui restreignent les libertés de ceux qui veulent travailler (par exemple, les grèves des cheminots), tout le monde s’estime démocrate, mais à sa façon... Au final, qui est mystifié, sinon le peuple ?

 
C’est en opposition à la démesure de la monarchie absolue que la France entrait, officiellement en 1789, en démocratie, sous-entendu : l’idée que les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, étaient contrôlés par une seule personne, en l’occurrence Louis XVI, ne semblait plus acceptable (c’est la théorie qu’émet Montesquieu dans L’Esprit des Lois). Désormais, le peuple entier, fossoyeur de l’arbitraire royal symbolisé par la Bastille, serait maître de son destin. Bel idéal, hélas jamais réellement accompli. D’où l’enjeu historique majeur en France : l’achèvement de la Révolution.
 
La notion d’arbitraire : l’origine et la finalité
 
Dès l’origine, un problème de fond était posé. En effet, il était impossible de conclure que parce que le Roi gouvernait seul, son action n’était pas orientée à l’avantage du peuple. Comme l’affirme Aristote dans le Politique, dans la Royauté, "un seul individu a en vue l’avantage commun" et seule la tyrannie, "déviation" de la Royauté, est mauvaise en tant qu’elle "vise l’avantage du monarque". Ainsi, cette accusation d’arbitraire, qui consiste à dire que le pouvoir ne doit pas être laissé à une seule personne, quand bien même cette personne connaîtrait les besoins de son peuple, est essentiellement négative, et n’offre aucune garantie s’agissant de la réussite d’un pouvoir commun.
C’est ce que dit Platon dans la République, quand il prend fait et cause pour une forme de gouvernement où des philosophes rois auraient le pouvoir : "Aucun homme, quel qu’il soit, en aucune fonction de direction, dans la mesure où il exerce cette direction, ne considère ce qui est son intérêt propre, ni ne le prescrit, mais bien ce qui est utile à celui qu’il dirige et par rapport auquel il est l’expert en son art". Aristote, quant à lui, va jusqu’à certifier "que par nature les uns soient libres et les autres esclaves, c’est manifeste, et pour ceux-ci la condition d’esclave est avantageuse et juste".
Bien sûr, il n’est aujourd’hui pas question de considérer les paroles de ces illustres penseurs comme un exemple à suivre, mais il importe toutefois de noter la confusion qui a pu être établie entre le fait d’être le seul à gouverner et le résultat de ce pouvoir, comme si un homme qui conduisait seul un bateau ne s’intéressait pas au sort de tous les marins, mais uniquement au sien. Tout cela est absurde, et s’il fallait que tous les marins se mêlent de s’essayer chacun au gouvernail, la situation ne pourrait qu’empirer.
 
La conception occidentale de la démocratie : la liberté doit primer
 
L’idée de démocratie fut donc entendue dès les commencements par "le gouvernement du peuple pour le peuple" (à noter qu’Aristote considérait la démocratie comme une dérive, en tant qu’elle vise selon lui "l’avantage des gens modestes"). Garantissant l’égalité devant la loi et les libertés individuelles (presse, opinion, propriété privée - un principe que ne reconnaît le Parti Communiste...), elle reste un idéal et est devenue une idéologie en elle-même : une proposition considérée comme antidémocratique serait immédiatement rejetée car vue comme tyrannique...
Cependant, il y a à vrai dire autant de conceptions de la démocratie qu’il y a de démocrates sur cette terre, certains s’intéressant plus à la liberté, d’autres davantage à l’égalité. En France, et, de toute évidence, dans l’Occident, c’est la liberté qui domine (la devise de la République française place la liberté en première place). Ainsi, par opposition aux régimes socialistes de l’Est pendant la Guerre Froide, qui privilégiaient nettement l’égalité, vu le sort qui était réservé aux libertés individuelles (de culte, d’opinion, de déplacement...), l’Occident a tout misé sur la liberté et, à ce titre, on parle de démocraties libérales pour caractériser les Etats-Unis, le Japon et les pays de l’Union européenne.
Cette insistance sur la liberté n’est pas simplement électorale et morale, mais aussi économique. Dans la lignée d’Adam Smith, il s’agit de promouvoir le libéralisme économique, autrement dit de faire jouer la concurrence, dans la limite de règles de moins en moins contraignantes (sauf en temps de crise, le protectionnisme est l’ennemi numéro 1...), sans s’inquiéter des réels besoins des peuples et sans que l’Etat intervienne pour redistribuer l’argent perçu par les entreprises.
 
Les individus contre le peuple
 
On l’a compris, la démocratie libérale est plus spécifiquement celle des individus. La défense des libertés individuelles (on peut penser l’inverse de ce que met en oeuvre l’Etat ; on peut faire tout ce qu’on veut, tout et n’importe quoi, du moment que cela ne gêne pas autrui ; ) et la passion des contre-pouvoirs, comme s’il était malsain que le pouvoir remis par le peuple -qui a la souveraineté- à ses représentants, soit trop important, entraînent inévitablement un rejet de tout ce qui n’avantage pas à tout moment les individus (les impôts ont beau garantir une certaine redistribution des richesses, ils sont mal vus par les citoyens les plus modestes), de tout ce qui ne correspond pas à leurs attentes à eux (ainsi, Yannick Noah, qui prétendait vouloir quitter la France si Nicolas Sarkozy était élu président de la République, ce qu’il n’a d’ailleurs pas encore fait).
En effet, on constate aujourd’hui une augmentation vertigineuse des inégalités dans notre pays, ce qui a une incidence pernicieuse sur le troisième pilier de la France, la fraternité. En revanche, la passion de la liberté, vue comme absence d’obstacles à nos caprices, est sans cesse poussée un peu plus loin.
Oui, sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique, tandis que la communauté se disloque, conséquence de l’égoïsme et des rancoeurs exacerbées par le creusement des inégalités, tandis que le communautarisme se développe, tandis que chaque groupe, chaque lobby, qu’ils défendent les bouddhistes de France ou les traders en crise, veulent que leurs droits à eux soient reconnus, au mépris de la communauté nationale et de l’intérêt général, se prépare dans les démocraties libérales la crise la plus grave, peut-être, qu’aura connue l’histoire. Marcel Gauchet avait vu, dans son article Quand les droits de l’homme deviennent une politique, que la défense des droits des individus avant tout était une impasse : "On aurait peut-être davantage de latitude pour les individus, mais certainement moins de capacité à délibérer en commun. Constituer les droits de l’homme en politique, c’était se promettre à l’impuissance collective".
 
La démocratie libérale, voulue par la bourgeoisie de 1789, a contribué à saper l’autorité et la solidarité des groupes : "L’éternelle ironie de l’histoire s’est chargée de solenniser cette intronisation, en faisant se téléscoper le bicentenaire de 1789 et la débandade de l’Empire soviétique. Par la grâce d’une nouvelle révolution des droits de l’homme, les vertus retrouvées de la révolution bourgeoise ont dressé leur autel sur les ruines de la révolution prolétarienne".
 
Il ne s’agit pas d’être contre-révolutionnaires, vous l’aurez compris, mais d’être révolutionnaires pour de bon, exaltant, en fait d’égalité, une juste adéquation de nos conditions de vie à nos besoins psychiques et physiologiques, et en fait de liberté, non pas cette ignoble mise en avant du caprice et de l’inconstance, mais l’obéissance à la loi naturelle de l’homme, au-delà des errances du temps et des humeurs, la sujétion docile et comprise à l’autorité, car dans la démocratie rêvée, l’autorité de l’Etat est tout sauf un ennemi, tout sauf un obstacle : c’est l’appui indispensable pour vivre bien - en communauté.
 
Pour plus d’informations :
florentingastard.blogspot.com/
 

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23 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 19 août 2009 10:22

    Vous dites : « Comme si un homme qui conduisait seul un bateau ne s’intéressait pas au sort de tous les marins, mais uniquement au sien. »

    Comparaison n’est pas raison. En matière de pouvoir on a dit l e pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou.

    N’opposez pas liberté et égalité : l’une ne va pas sans l’autre, pas plus que la lumière sans l’ombre.

    La démocratie libérale, n’est-ce pas cette politique qui vise à donner à chacun selon ses capacités, aboutit notamment à donner à chacun selon ses capacités de nuisance ? Faut-il rappeler que 90% des billets verts portent des traces de cocaïne ?

    Vous dites : « On constate aujourd’hui une augmentation vertigineuse des inégalités dans notre pays, ce qui a une incidence pernicieuse sur le troisième pilier de la France, la fraternité«  ;

    Oui, c’est vrai, la fraternité cède le pas à la charité.

     »Le libéralisme, cette non pensée intégrale« se caractérise par le remplacement de la raison par ce que ses zélotes désignent par l’avantageux euphémisme qu’est le mot pragmatisme. (réf Goya, Castoriadis).

    Le libéralisme est bien cette non pensée intégrale, où »Le compassionnel tient lieu d’analyse politique".

    N’est-ce pas un peu ce que vous faites là, avec des mots comme pernieuse (influence sur la fraternité) : du compassionnel ?


    • Florentin Gastard 19 août 2009 11:36

      Votre illusion, de plus en plus répandue, c’est que le citoyen ne doit s’intéresser à la vie politique de son pays que le jour de l’élection. Hélas, le vote lui-même ne fait jamais avancer les débats. D’où les encouragements des politiciens professionnels, qui incitent les citoyens rétifs à voter (par exemple l’argument massue du « vote utile ») car, même si ceux-ci ne se sentent pas réellement concernés, le vote donne une certaine caution à l’élection et cache la réalité du sentiment démocratique en France.


    • bernard29 bernard29 19 août 2009 11:11

      article qui parle de tout un peu .. C’est souvent ce que l’on fait avec le concept démocratique..

      vous dites :

      « ...être révolutionnaires pour de bon, exaltant,
      - en fait d’égalité, une juste adéquation de nos conditions de vie à nos besoins psychiques et physiologiques
      ,
       ....)

       ( AH BON , ET LES LIMITES ECOLOGIQUES ALORS !!!)

      -  » et en fait de liberté, non pas cette ignoble mise en avant du caprice et de l’inconstance, mais l’obéissance à la loi naturelle de l’homme ....."

       ( C’EST QUOI ? LA LOI NATURELLE DE L’HOMME  !!!)


      • COLRE COLRE 19 août 2009 12:29

        Florentin Gastard,

        Je ne voudrais pas avoir l’air professoral, mais je trouve que votre article est un peu un exercice de style, mais dans le style bâclé et insuffisamment structuré : quel est votre objectif ? où voulez-vous en venir ?

        C’est la démocratie en tant que régime que vous critiquez ?

        Ou c’est son dévoiement dans l’hypocrisie ?

        Ou c’est de dire que la démocratie ne saurait être QUE libérale ? et alors critiquable en tant que « libérale » ?

        Ou vous critiquez, en sous-main, les « droits de l’homme » comme défense des seuls droits de l’individu privilégié et non du « peuple ».

        Bref, je ne m’y retrouve pas : dommage, car c’est à la mode de critiquer la démocratie, et j’aurais aimé savoir de quelle critique il s’agissait pour vous. Si vous êtes en khâgne, vous devez être rompu à la dissertation et aux problématiques, thèse/antithèse, etc.

        Alors ? quid de votre but ? car votre conclu me paraît bien simplette.



        • Christian Delarue Christian Delarue 19 août 2009 13:30

          Le libéralisme politique (et celui des mœurs) n’est pas le libéralisme économique qui lui tend à justifier les rapports sociaux capitalistes et le capitalisme comme mode d’organisation économico-social. Pour dire les choses autrement le libéralisme économique justifie le pouvoir économique des sociétés anonymes, des entrepreneurs, des managers et des puissants avec ses règles de concurrence illimitée, de rentabilité, de profitabilité. Il ignore la justice sociale, l’égalité, la fraternité et la République sociale. Il pousse à la privatisation de tout, à la marchandisation du monde. Une mécanique infernale.

          Le libéralisme politique peut s’accommoder de plusieurs formes d’expression démocratique, de la plus restreinte (gouvernance et vote une fois tous les 5 ans) à la plus élargie. La version élargie remet en cause le libéralisme économique qui refuse la démocratie dans l’entreprise. La démocratie libérale pour les individus s’efface devant les portes de l’entreprise. Par ailleurs le libéralisme économique fait souvent alliance avec "l’Etat modeste" et le refus des services publics et sa logique d’intérêt général . A ce point il faut bien faire état du souci contemporain pour l’égalité. La liberté n’est pas sans limite. Notamment la liberté ne doit pas être le prétexte à la domination sans entrave des puissants sur 90 % des humains de la planète et de la nature. C’est d’ailleurs la nature qui va rebattre les cartes.
          Bien à vous . CD


          • Paul Cosquer 19 août 2009 14:07

            Excellent papier.


            • bernard29 bernard29 19 août 2009 14:38

              commentaire pointu


            • JahRaph JahRaph 19 août 2009 15:56

              Le système actuel est périmé, la Démocratie est occultée par le capitalisme, qui est le véritable moteur de notre civilisation.

              Notre Démocratie n’est qu’un cache sexe de la pire espèce.

              Je vous invite à commenter mon dernier article « Démocratie ??? » :

              http://blackmarianne.blogspot.com/


              • Florentin Gastard 19 août 2009 16:46

                J’ai lu, monsieur, votre article, et voilà ce que j’en pense :

                Vous dites : « Malheureusement, la volonté populaire a été bafouée par le président, celui-ci faisant passer par voix parlementaire ce qui a été rejeté par le peuple »

                Il manque à votre réflexion la notion de souveraineté. En réalité, le peuple, ne pouvant pas, pour des raisons techniques et pratiques, décider chaque question dans son entier, a délégué sa souveraineté à des élus, qui le représentent au Parlement. Dès lors, parler d’un manque de démocratie est faux ; il est vrai, cependant, qu’il est curieux d’organiser un deuxième vote ; du moins il serait plus logique de ne jamais consulter directement le peuple, si c’est pour avoir ensuite l’avis du parlement.

                Vous écrivez :
                « Si la Démocratie existait, alors le Peuple déciderait de l’entrée en guerre de la Nation, ce ne serait pas le choix du président. »

                Alors allez jusqu’au bout de vos idées et dites qu’il faut réviser la Constitution... De même, vous semblez considérer que le président ne représente pas le peuple ; c’est pourtant lui qui l’a élu, n’en déplaise aux abstentionnistes(qui n’étaient pas plus de 20% lors de la présidentielle) qui avaient pourtant la liberté de voter : les véritables fossoyeurs de la démocratie, ce sont eux.

                Bref, la démocratie, pour vous, c’est le bon Dieu, mais qu’en est-il de « la plus grande démocratie du monde », les Etats-Unis : la situation y est-elle idyllique pour autant ?

                Et puis qu’est-ce que c’est que ce « Parti humaniste » ?!


              • JahRaph JahRaph 19 août 2009 17:34

                @Florentin.

                Je persiste : la démocratie actuelle est pernicieuse. Ce n’est pas le plus compétent qui est élu (président, député, etc.), mais le plus populaire......... Il y a là une incohérence majeure, j’ai hâte de voir comment vous pourriez la défendre ^^


              • JahRaph JahRaph 19 août 2009 17:37

                @Florentin.

                Le peuple lègue sa souveraineté au gouvernement. En fait, on dit plutôt qu’il lègue à l’état l’exclusivité de la violence légitime. Mais cela repose sur un contrat social.

                Ce contrat social, vu les écarts de salaire qui explosent, est en train d’être rompu.


              • JahRaph JahRaph 19 août 2009 17:39

                La constitution, oui, est à changer en profondeur.

                La Démocratie, pour moi, cela n’a jamais été le bon dieu !! Je ne vois pas où vous êtes allé chercher cela...


              • arturh 19 août 2009 21:01

                L’auteur a par inadvertence, ouvert au moins un chapitre intéressant du débat sur la Démocratie.

                En effet, aujourd’hui, on le sait désormais, dans la vocabulaire de la Démocratie, il n’y a que des individus. Le peuple, n’existe pas en réalité dans le vocabulaire de la Démocratie, puisqu’il appartient désormais entièrement au vocabulaire du Totalitarisme, qu’il soit communiste ou fasciste.

                Comme personne n’ose plus s’attaquer frontalement à la Démocratie, on reconnaît donc aisément les ennemis de la démocratie au fait qu’ils renvoient au peuple alors que les démocrates ne peuvent renvoyer qu’aux individus, ou aux citoyens, pour parler de ceux qui sont investis d’un pouvoir politique en Démocratie.

                On vérifiera aisément que la dictature castriste, par exemple, ne peut parler que de « peuple » cubain. On peut dire que le peuple cubain tout entier soutient Fidal Castro. Dire qu’une majorité des citoyens cubains soutient Fidel castro, par contre, ça ne tient pas debout.

                Quant à l’article en général, purement idéologique, il n’a pas grand intérêt, puisque la Démocratie n’est pas une idéologie.

                La Démocratie est une théorie pragmatique d’exercice du pouvoir, théorie dont l’auteur semble tout ignorer.


                • Christian Delarue Christian Delarue 20 août 2009 00:41

                  Ce sont toujours des individus qui doivent décider, voter . Mais lesquels ?
                  Dans une aristocratie, c’est une minorité, celle au sommet. Dans une démocratie, c’est le peuple. ( Demos c’est le peuple cratos le pouvoir) Comprenez les individus formant le peuple. Donc pas de souci pour vous !

                  Cette première réponse ne suffit pas.
                  Les femmes sont-elles des individu(e)s pouvant décider ? Cela ne fait pas un siècle pour la France.
                  Les résidents étrangers sont-ils des individus citoyen ? Pas ceux extracommunautaires.
                  Peux-t-on voter à 18 ou 21 ans ? Cela a changé qu’ en 1974.
                  Faut-il ou non un patrimoine pour voter ? Plus maintenant mais à la place il y a le pouvoir des groupes de pression.

                  Est-ce plus clair now, que l’on ne peut se contenter de répéter individus c’est bien et peuple quelle horreur ?

                  Ce n’est pas tout. Des individus qui sont abrutis par le travail et intoxiqué par les médias forment des benêts. Et une démocratie qui fait voter chaque mois n’est pas la même que celle qui fait voter une fois tous les cinq ans.

                  En France le processus de démocratisation doit être relancé. Il faut lancer des Etats généraux de la démocratie pour éviter la dépossession de tous les individus du destin qui s’enclenche, notamment avec la crise climatique.

                  C’est autre chose que de sortir gratuitement les images du totalitarisme pour faire peur à qui peut s’en émouvoir.






                • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 19 août 2009 22:03

                  Tout ça c’est N’IMPORTE QUOI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

                  Il n’y a pas de MEILLEUR système que le nôtre : un(e) citoyen(ne) == une voix , dans le RESPECT des droits de l’homme ET de l’Etat de droit !

                  Dire le contraire est IGNOBLE et LIBERTICIDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


                  • Jordi Grau J. GRAU 20 août 2009 00:03

                    Bonsoir. Je ferais deux objections à votre article. Vous m’excuserez, je l’espère, si elles répètent, sous une forme nouvelle, des choses qui ont déjà été dites par d’autres internautes.

                    1. Vous semblez croire en la possibilité d’un despotisme éclairé. Pour vous, un monarque n’est pas forcément un tyran, du moment qu’il connaît bien les besoins de son peuple. Peut-être avez-vous en tête Platon et son philosophe-roi. En tout les cas, il me semble que votre idée est une chimère. Toute personne ayant, de manière durable, de grands privilèges, est nécessairement ignorante des besoins des déshérités. Les rois d’autrefois n’hésitaient pas à écraser les paysans d’impôts et à saigner le royaume par leurs guerres. Il en va de même aujourd’hui, où les « élites » financières, politiques et médiatiques n’ont aucune idée de ce que souffrent les gens du peuple. Ou plutôt, ils en ont une idée abstraite, qui ne les touche absolument pas.

                    Cela explique l’échec de toutes les révolutions communistes. En admettant que les leaders aient réellement eu la volonté de faire le bien du peuple, ils l’ont rapidement perdue en arrivant au pouvoir. En devenant de nouveaux monarques, ils n’ont plus eu qu’une préoccupation : garder le pouvoir le plus longtemps possible.

                    2. Comme d’autres l’ont dit avant moi, il n’y a pas à opposer la liberté et l’égalité. D’ailleurs, cette opposition est souvent faite par ces mêmes libéraux que vous critiquez. Ce sont eux, généralement, qui tiennent le discours suivant :

                    « Il faut choisir entre un régime égalitaire mais tyrannique (exemple : l’URSS) et un régime libéral mais inégalitaire (exemple : les Etats-Unis). »

                    En apparence, un tel discours est irréfutable. En fait, il est bien faible. Si on y réfléchit deux minutes, on s’aperçoit que l’égalité et la liberté sont intimement liées. Dans un pays tyrannique, il y a une inégalité politique entre gouvernants et gouvernés. Les Soviétiques de base n’étaient certainement pas les égaux des apparatchiks du Parti - à plus forte raison des nouveaux tsars Lénine, Staline et consort. De plus, l’inégalité politique s’accompagne généralement d’une inégalité économique : les membres de la Nomenklature jouissaient tout de même d’un certain confort. C’est d’ailleurs leur position privilégiée qui leur a permis de s’enrichir monstrueusement lors de la disparition de l’Union soviétique.

                    Inversement, de fortes inégalités économiques entraînent des rapports de domination, donc une absence de liberté pour le plus grand nombre. Cela vaut non seulement au plan strictement économique (où la domination s’appelle exploitation) qu’au niveau politique. En effet, dans une société où les inégalités économiques sont fortes, le pouvoir politique est aux mains d’une minorité de privilégiés, très proche du pouvoir économique. C’est très visible en France, avec la complicité entretenue par Sarkozy avec de grands patrons comme Bolloré, Lagardère, etc. C’est encore plus clair aux Etats-Unis, où les campagnes politiques sont officiellement financées par de grands groupes industriels et où la collusion entre le monde politique et le monde du business s’étale au grand jour (cf. par exemple la biographie de G.W.Bush et celle de Dick Cheney).

                    Amicalement, malgré nos différences idéologiques,

                    J. Grau 


                    • Florentin Gastard 20 août 2009 11:54

                      En réalité, je ne pense pas que l’égalité soit préférable à la liberté, et j’estime, comme vous, que les deux sont liées. Cependant, je critique dans mon article les démocraties libérales qui ont, vous l’avez compris, particulièrement insisté sur une conception de la liberté (qui n’est pas la vraie liberté) qui consiste à dire : l’homme a le droit de faire ce qu’il veut, à tout moment, à condition que cela ne gêne pas autrui. Le deuxième pilier de notre République, l’égalité, est d’ailleurs sérieusement mis à mal par cette conception puisque si chacun peut faire ce que l’on veut, cela va directement à l’encontre d’une conformité entre les individus. Et là où la liberté est un fait, l’égalité n’est qu’un droit (« libres et égaux en droits »).

                      Or la liberté dont je parle dans mon dernier paragraphe n’est pas le droit d’être différent (je pars du principe que les hommes se ressemblent), mais justement le fait d’agir en conformité avec soi-même, loin des tentations diverses exercées par le monde extérieur dans une économie néolibérale, le fait de pouvoir dire que l’on ne peut être libre que lorsque l’on n’hésite pas devant le choix, mieux, que lorsque l’on ne voit pas qu’il pourrait y avoir choix. Vous l’aurez vous-même remarqué : on ne se sent jamais aussi servile que placé devant de multiples alternatives.
                      En deux mots, et pour vous donner un sentiment général de ma conception de la liberté : il s’agit d’opérer une réintériorisation de soi-même, afin de ne pas être une proie vide face au monde extérieur ; il importe que vous penchiez vers l’objet désiré, plutôt que l’objet désiré penche vers vous (à lire aussi, cette fameuse phrase de Bergson, devise de mon site internet).


                    • Pauldac 20 août 2009 08:18

                      Bel article.

                      Cependant bien que l’égalité soit nécessaire dans certains domaines (« Les Hommes naissent libres et égaux en droit... »), l’égalitarisme me gêne car il porte en lui une profonde injustice, je lui préfère l’équité qui implique une notion de justice au lieu d’une froide équivalence mathématique.

                      Si je dois choisir entre la Liberté et l’Egalité, je choisi la première sans hésiter. La vision d’un monde façon ex-URSS d’individus uniformisés, standardisés pour satisfaire au dogme de l’égalité me terrifie bien plus que le libéralisme à l’américaine. Je suppose que cela fait de moi un salopard d’individualiste capitaliste.

                      Ceci dit, une nation qui serait fondée sur les notions conjointes de liberté et d’équité, je vote pour.


                      • Florentin Gastard 20 août 2009 12:02

                        Vous avez raison de vous méfier de l’égalitarisme. Inspirant la politque des « quotas » (féminisation de l’assemblée, etc), il ne s’intéresse pas à la vraie nature de chaque individu.
                        Mais quelle est votre conception personnelle de la liberté ?


                      • Moristovari Moristovari 20 août 2009 19:34

                        Article plein de bon sens mais, comme tant d’autres, simple constat stérile d’un certain présent idéalisé, sans vraie conséquence positive envers le futur imprévisible. Pour reprendre la citation de Bergson utilisée dans votre précédent article :

                        « Au fond des doctrines qui méconnaissent la nouveauté radicale de chaque moment de l’évolution il y a bien des malentendus, bien des erreurs. Mais il y a surtout l’idée que le possible est moins que le réel, et que, pour cette raison, la possibilité des choses précède leur existence  »

                        L’Homme croit souvent qu’avant d’être réel, les choses puissent être possible. Ce préjugé naturel est une erreur. Comme le dit Bergson, pour écrire les œuvres de Shakespeare, il fallait être Shakespeare. Une révolution ne s’anticipe pas comme un phénomène météorologique et ne se forge pas comme un outil. Une révolution, c’est un phénomène de masse, et l’Homme n’ayant aucune intelligence collective, la plupart des mouvements de foule sont affaire de simples pulsions individuelles qui s’accordent dans l’instant comme un diapason et créés l’action.

                        Or, ici, comme tant d’autres, vous constatez, vous imaginez. A priori cela n’a rien de fâcheux ; mais personnellement je pense que ces constats stériles, ces désirs exprimés, ces anticipations, freinent la possibilité d’existence d’une révolution : une révolution, c’est avant tout affaire de pulsion, et discuter d’un problème, tel qu’aujourd’hui tant de monde le fait sur internet - et plus rarement dans le réel - c’est libérer une partie de cette pulsion, c’est un catharsis.

                        Bref, parler de révolution sans la moindre action constructive, même à petite échelle, c’est diminuer la probabilité d’apparition d’une révolution dans l’avenir.


                        • Carlène et ségola 20 août 2009 20:00

                          Il serait urgent que vous lisiez Adam Smith qui n’a jamais prôné la concurrence généralisée, pas plus qu’il n’a été l’auteur de la théorie de la « main invisible » qu’on lui prête : il défendait l’existence de services publics, des droits de douane, du rôle de l’Etat et surtout du sentiment de justice (qui est chez lui la véritable « main invisible ») qui est le régulateur ultime de la société.

                          Rien à voir avec le néo-libéralisme.

                          • Florentin Gastard 20 août 2009 20:03

                            Vous avez raison, votre réfléxion est très constructive ; vous réussissez à faire la synthèse entre mes deux derniers articles, et m’incitez ainsi à avoir un peu plus de recul.

                            Même si j’estime que la notion d’inconscient collectif, qui n’a pas l’air de vous convaincre, a quelque chose de réel, je ne parle pas moi-même d’une révolution des masses, mais uniquement intellectuelle (on sait très bien que le règne fugitif des masses, dans les « années troubles » 1930 et 1940, est avant tout dû à la libération exacerbée et malsaine d’une pulsion de « vivre ensemble » alors que c’est l’individu qui est véritablement roi).


                            • Moristovari Moristovari 21 août 2009 13:47

                              Effectivement, l’Histoire montre que toute révolution est d’abord intellectuelle, culturelle : ainsi les lumières rendirent possible la réalité de 1789, le marxisme celle de 1917... Mais les révolutions des masses, toujours, trahissent celles des idées et finissent mal. D’où le mot de Deleuze : « toutes les révolutions ont échouées ».

                              Pulsion de vivre ensemble : ce ne peut être qu’un oxymore. Toute pulsion à pour origine et but l’individu. La solidarité nationale allemande des décennies 30-40 fut tout sauf une fraternité. Les nations vainqueurs de la grande guerre eurent un temps de fraternité due à la victoire (tout comme la courte unité nationale française après la coupe du monde 98) ; l’Allemagne perdante fit ce que fait tout mauvais perdant : trouver un bouc émissaire expliquant l’échec (les juifs...), critiquer l’attitude des vainqueurs (diktat de Versailles) et espérer une revanche (grande Allemagne, 3ème reich). Les idées d’Hitler incarnaient parfaitement ces désirs naturels à chaque allemand.

                              La seule intelligence collective humaine est indirecte et minimale : c’est les instincts et pulsions, et c’est pourquoi il est souvent plus facile de convaincre une foule qu’une personne. Le concept d’inconscient collectif de Jung à toujours été assez creux, hypothétique.

                              Critique envers l’utilisation comme argument d’autorité des idées de « démocratie » ou de « droits de l’homme » par les politiques, vous apprécieriez certainement la lettre G de l’abécédaire de Deleuze. Y ait dit : « Le respect des droits de l’Homme [...] ça fait tellement partie de cette pensée molle de la période pauvre [...] c’est du pur abstrait, c’est vide. » Nulle tables de la lois sacralisés, seule compte la jurisprudence, le cas par cas.

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