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Commentaire de ffi

sur Habitants d'Autun, de la Bourgogne et de la Gaule, on vous ment !


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ffi ffi 20 août 2009 21:41

@Antenor,

Oui, il s’agit de la colline de la cathédrale. Les points de vues photographiques sur celle-ci montrent bien qu’elle est en position dominante.

Il me semble que vous suivez la même logique que les archéologues de Napoléon 3 : vous souhaitez absolument que Bibracte soit très haut. Peut-être est-ce le cas, dans ce cas, effectivement, le Mont-Saint-Vincent est nettement mieux placée que le mont Beuvray.

Vous faites peu de cas de ma remarque (en analogie avec le Ballon de Guebwiller), qui suppose que le mont Bibracte (Beuvray) indique la direction à suivre pour joindre la ville de Bibracte, ce qui dans ce cas place Bibracte vers Autun. A moins que vous ne considériez que le mot Beuvray et le mot Bibracte n’aient aucun rapport entre eux, et que leur ressemblance soit fortuite, ce qui est tout-à-fait possible, mais que je peine à croire.

Personnellement, je suis assez prudent en ce qui concerne la transposition des paysages contemporains jusqu’à une si lointaine époque, car le travail millénaire l’a certainement transformé, et ceci d’autant plus depuis la mécanisation de l’agriculture. Par exemple le canal du centre a nettement asséchée la Dheune, et on devine encore son ancien lit par les photos aériennes. Cependant j’ignore si elle était navigable. Pourtant c’est ce que semble dire Strabon. (en assimilant le dubis à la Dheune). J’étais même disposé à imaginer une modification du réseau hydrographique car c’est une zone calcaire (relief karstique) comme l’indique les nombreuses résurgences de rivière et grottes connues en Bourgogne. Dans ce cas il est envisageable qu’un changement dans le réseau hydrographique souterrain cause la diminution brutale du débit d’un cours d’eau ou bien encore son augmentation. Mais là, je manque trop d’information pour aller plus loin dans cette voie.

Mais Autun n’est pas trop à l’Ouest : Elle est à équidistance entre la Loire et la Saône, dans une position légèrement retirée du point de passage de Longpendu ce qui lui permet de toucher au nord le bassin versant de la Seine, en passant par l’Arroux. C’est donc un emplacement idéal pour contrôle le commerce en Gaule entre la méditerranée, l’Atlantique et la Mer du Nord.

Si je prends l’exemple du Poitou, il fait seuil entre la Loire et l’Aquitaine. Les Pictons contrôlaient ce passage. Ils avaient une flotte importante, réquisitionnée par César. Ce qu’il faut savoir, c’est que le marais poitevin actuel n’en était pas un. A l’époque c’était un golfe, le golfe du Poitou et la mer venait jusqu’à la ville de Niort comme l’atteste l’ancien port. Il a été transformé en Marais entre les XIIIème et XIXème siècle (carte : http://herage.org/histoire_poitou_carte_0.htm). Avec leur flotte, les pictons pouvaient commercer sur toute la côte Atlantique, jusqu’en Angleterre (http://svowebmaster.free.fr/Histoire_Poitou.htm).
Cependant il y a une distance conséquente de 70 km entre Niort et Poitiers. Pourquoi Poitiers était-elle si retirée de la mer ? Pour tenir en même temps le seuil du Poitou ? Automobilistes que nous sommes, toujours si pressés, n’avons pas la notion des temps de parcours : les itinéraires de Google indique qu’il faut 15 heures à pied pour faire Poitiers Niort. Niort est donc à une journée de cheval de Poitiers, ce qui est tout-à-fait acceptable pour fonder la nation Pictone autours de ces deux pôles (Océan / seuil du Poitou). Je pense que la mesure de l’étendue d’une nation à cette époque se compte en journée de Cheval sur terre ferme, et journée de Navigation pour la mer et les fleuves. Celle-ci dépend bien-sur de la configuration du terrain. De plus Poitiers est à 30km de la Vienne, rivière par laquelle pouvait s’effectuer la navigation vers la Loire (soit 5 heures à pied) laquelle passe à Chauvigny (http://www.francebalade.com/poitou/chauvigny.htm) sur la route Poitiers-Bourges.

Lemonum (Poitiers) est qualifiée d’oppidum. Pourtant, connaissant bien la région, il n’y a pas vraiment de hauteur à Poitiers. Si la ville contemporaine culmine à 116 mètre, les plateaux alentours sont au moins aussi élevés (120, 115 mètres). Elle est simplement entourée de part et d’autre de « canyons », dont certains anciennement marécageux, assez étroits, d’une profondeur variant entre 20 et 30 mètres et d’une largeur de 200 mètres ou s’écoule des rivières. La partie Septentrionale de la ville descend en pente assez raide vers ces rivières (5-10%). C’est suffisant pour faire de la ville de Poitiers une place forte. Pour un assaillant, 30 mètres à descendre, suivit d’une rivière, puis 20 mètres à remonter, ce n’est pas rien, surtout face à des remparts. N’oublions pas qu’à l’époque, il n’y a ni char, ni canon, à la limite des tours en bois poussées par les hommes. Le moindre obstacle aquatique, la moindre déclivité donne une supériorité importante pour ceux qui tiennent la place.

L’autre place forte des Pictons semble être Rezé (près de Nantes).
Entre Poitiers et Rezé, Google itinéraire indique un temps de parcours de 1 jour et 11 heures à pied (35 heures), cela doit faire deux bonnes journées de cheval, s’il existe quelques relais.

Reprenons cette mesure et voyons ce que cela donne pour la nation Eduenne (en temps de parcours à pied selon google) :

1) hypothèse Autun
Autun-Châlon-sur-Saône : 10 heures 36 minutes.
Autun-Digoin :
13 heures 20 minutes.
Autun-Nevers :
21 heures 11 minutes.
Autun-Decize : 15 heures 39 minutes.
Autun-Avallon : 16 heures 6 minutes
Autun-Semur-en-Auxois : 14 heures 55 minutes
Autun-Mâcon : 20 heures 48 minutes
Autun-Dijon :
17 heures 20 minutes

2) hypothèse Mont-Saint-Vincent.
Mont-Saint-Vincent / Châlon-sur-Saône : 7 heures 54 minutes.
Mont-Saint-Vincent / Digoin : 9 heures 51 minutes.
Mont-Saint-Vincent / Nevers : 1 jour 2 heures.
Mont-Saint-Vincent / Decize : 19 heures 25 minutes.
Mont-Saint-Vincent / Avallon : 1 jour 2 heures.
Mont-Saint-Vincent / Semur-en-Auxois : 23 heures 49 minutes.
Mont-Saint-Vincent / Mâcon : 10 heures 50 minutes.
Mont-Saint-Vincent / Dijon : 20 heures 1 minute.

Autun / Mont-Saint-Vincent : 9 heures 57 minutes

Il n’y a là aucun argument décisif, en analogie des mesures de la nation pictone, les deux hypothèses sont compatibles.
Mais, on ne peut dire qu’Autun est trop à l’ouest, car Autun est au centre des différents bassins versants et des voies commerciales. Si l’on veux dire qu’Autun est trop à l’ouest, il faut reconnaître qu’on peut dire tout autant que Mont-Saint-Vincent est trop au Sud par rapport à l’Armançon

Enfin, tout ceci reste de l’ordre des arguments. Ce qui peut trancher, ce sont des fouilles. Je soutiens l’idée que la localisation sur le mont Beuvray soit très douteuse et qu’il serait vraiment affligeant que les choses en reste-là.

Les hypothèses d’Emile Mourey ont du sens, et je pense qu’elles devraient être testées : il n’y a, au-delà de nos croyance, que peu d’assurance quant-à la vérité et c’est seulement si des hypothèses mènent à des déductions conformes à la vérité des faits telles que montrée par les découvertes archéologiques que l’on peut les considérer comme validées.

Or je suis bien d’accord pour dire que les « découvertes » du mont Beuvray, visiblement, (voir sur bibracte.fr) sont absolument dérisoires, ne serait-ce que comparé à Alise-Sainte-Reine. Pour ainsi dire, il n’y a rien au mont Beuvray qui n’indique une magnifique place forte en ces lieux.

Je suis donc outré par l’attitude des différents gouvernements et des sociétés d’archéologie. Aller jusqu’à inventer de faux vestiges (comme la reconstitution du Rebout) et les poser dans un parc à touristes ne peut que donner des idées fausses. En y collaborant, les archéologues détruisent eux-même leur métier dans le futur. En cherchant où il n’y a visiblement rien, fatalement, la prochaine étape, devant l’échec de l’hypothèse et l’incapacité de la remettre en question, sera de dire : « Puisque rien n’est trouvé sur le site de la prestigieuse Bibracte, alors c’est qu’il n’y a rien à trouver, donc l’archéologie préventive est inutile, donc, on peut construire des supermarchés partout sans avoir à fouiller ».

Personnellement, je suis pour tester toutes les hypothèses. Et je suis pour que ceux qui soutienne une hypothèse aient le droit de la soutenir jusqu’au bout et de l’assistance pour les aider dans la vérification.

Donc, continuez bien vos recherches.

Cela dit, l’assistance de toute la population d’une ville comme Autun serait précieuse pour faire bouger les choses, car ce dossier montre une certaine intention politique, et déjà au temps de Napoléon 3, et aujourd’hui encore, car être prêt à dépenser des millions pour faire un parc là où il n’y rien et négliger en même temps les endroits où il y a beaucoup, c’est comme qui dirait, pas très cohérent en terme de recherche effective de la vérité historique.


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