Chère madame,
Je lis avec un certain intérêt votre réaction à ce débat et je m’étonne de vos propos.
Vous trouvez que l’école ne donne pas un niveau suffisant aux élèves et vous en accusez des professeurs qui préféreraient s’occuper des meilleurs élèves. La question que je me pose donc est celle-ci : pourquoi le niveau est-il mauvais, et non pas pourquoi y a-t-il de meilleurs élèves.(de toute façon, il y aura toujours de meilleurs élèves que d’autres)
Il me semble que, tout comme madame Royal, vous preniez le problème à l’envers.
Ca ne va pas, c’est donc la faute du professeur. Vous oubliez un peu vite, voire même trop rapidement, l’imputabilité du programme scolaire.
Analysons de façon simple les propos de madame Royal. Que dit-elle ? Que les professeurs du public seraient taillables et corvéables à merci. Qu’ils ne peuvent aller arrondir les fins de mois de leur salaire pas très mirobolants, surtout pour les jeunes prof, qu’elle compte utiliser. Je trouve cela choquant.
Elle dit que les élèves arrivent en 6ème et que là ils décrochent. La faute, elle l’impute au collège. Là encore, elle regarde le problème par le mauvais bout.
Pourquoi les élèves décrochent-ils, sinon parce qu’ils n’ont pas les bases nécessaires pour suivre, et avant tout un bon niveau de lecture. Le problème n’est pas forcément celui des professeurs, mais avant tout un problème de programme inadapté à l’école primaire où on fait faire des débats pseudo philosophiques sur la tolérance dans Azur et Asmar au lieu de faire apprendre correctement la conjugaison des verbes du troisième groupe.
Quelqu’un de mieux conseillé saurait sans doute cela et oserait le dire, même dans une réunion off. Ce qui ne semble pas être le cas de madame Royal.
Elle accuse des boîte de cours particuliers d’être à l’origine d’un déséquilibre des chances. D’où vient ce déséquilibre et pourquoi ? Que faut-il faire pour le combler ?
Voilà les vrais questions à poser et certainement pas interdire à des enseignants de faire de la transmission de savoir, fut-elle privée, sous prétexte qu’il faut coller une rustine sur la roue de secours.
Si le niveau d’entrée au collège était évalué par un examen d’entrée, croyez moi, peu d’enfants auraient le niveau pour être admis, et je vous concède bien volontiers qu’on ne trouverait sans doute que des enfants d’hommes et femmes politiques et d’enseignants, ou de personnes qui ont le temps d’enseigner eux-mêmes à leurs enfants ce que l’école primaire ne fait pas.
Bien à vous.