Il me faut également corriger une nouvelle approximation de notre auteur. Il écrit :
« la célèbre opération Phœnix durant cette guère n’est autre que la copie conforme de la bataille d’Alger, qui avait vu un bon nombre de prisonniers tombés aux mains d’Aussaresses être »retournés« , par des tas de moyens y compris la torture, la répression familiale ou la dénonciation »
Il se trouve qu’un de mes proches a longuement pratiqué cette technique, qu’on appelle bleuïte, dans l’est-constantinois. Ceci me permet d’apporter les précisions suivantes :
1) Paul Aussaresses, qui a joué à Alger un rôle beaucoup moins important que celui que l’auteur et lui-même veulent lui faire tenir, n’est nullement l’inventeur de cette technique. L’initiateur en fut le capitaine Paul Alain Léger, brillant spécialiste de l’action psychologique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bleuite
http://paras.forumsactifs.net/les-personnages-remarquables-f36/capitaine-paul-alain-leger-t1294.htm
2) Le retournement des « bleus de chauffe » était purement psychologique. Il faut être débile comme certains auteurs pour imaginer que l’on peut convaincre quelqu’un de prendre les armes avec vous contre ses anciens frères d’arme par la torture ou la repression familiale...
3) L’efficacité de Paul Alain Léger fut redoutable. Il reussit à porter le doute dans l’esprit du grand chef FLN Amirouche au point que l’on estime que celui-ci fit executer environ 2000 de ses propres combattants tellement il craignait les defections. Sa wilaya fut ainsi complétement désorganisée et perdit l’essentiel de son efficacité sans que l’armée française eut à tirer un seul coup de feu. Par la suite devant les coups portés Amirouche décidera de se rendre à Tunis et sur sa route sera abattu par l’armée francaise ( sur information des dirigeants tunisiens du FLN)
Cette méthode fut étendue à l’ensemble de l’Algérie et, surtout aprés le 13 Mai 1958, les résultats en seront extraordinaires, plusieurs dizaines de milliers de fellaghas rejoignant l’armée francaise.
Merci à Momo de me permettre ainsi d’évoquer le souvenir de Khader, Saïd et Mustapha, « bleus de chauffe » de mon père qui venaient me chercher à la sortie de l’école du Lever de l’Aurore dans une Bône pacifiée.