@ gül
« Père castor, raconte-nous une histoire. »
Comme tout, la philosophie à une histoire. L’un des grands moments de cette histoire est « critique de la raison pure », de Kant. Cela pour un seul motif : pour la première fois était admis que la raison ne pouvait avoir connaissance de l’ensemble du réel. Bref, qu’il est vain de vouloir comprendre certaines choses. Le bonheur en est une.
Un siècle plus tard vint Bergson. S’il lui aussi admettait les limites de la raison, il offrit un peu d’espoir : là où la raison se perdait, l’intuition pouvait trouver un chemin.
L’intuition bergsonienne semble être cette pensée quotidienne dont vous parlez. Par exemple, pour écrire un article : une fois les connaissances acquises, la feuille blanche en face de soi, il faut un certain effort de pensée pour commencer l’écriture, relier les données entre elles dans un langage cohérent. Imagination contrôlée ou analyse émancipée, cet effort est ce que Bergson appelle intuition.
Mais l’intuition n’est pas imagination, elle ne peut inventer ce qu’elle ne connaît pas. Au final, le plaisir comme la sérénité ne peuvent être compris que par ceux qui l’ont vécu. Ainsi un illetré qui connaît la sérénité en parlera souvent mieux qu’un savant qui l’ignore - car l’intuition guidera le choix de ses mots.