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Commentaire de Christian Delarue

sur Ces patrons qui nous jettent le discrédit


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Christian Delarue Christian Delarue 30 août 2009 12:39

L’entrepreneur ou l’individu appelé à se concevoir comme une entreprise

Critique de la nouvelle servitude volontaire.

Le mode de production capitaliste présuppose des rapports sociaux dans les structures de production qui mettent en conflit le travail et le capital. Ce dernier défend non seulement la liberté d’entreprendre, le droit de propriété privé mais un type d’activité fondé sur le dynamisme, l’inventivité, la créativité. Le capitaliste type est non seulement un organisateur mais aussi un meneur d’hommes et de femmes qui fonde son leadership sur l’exemplarité de son activité. Le capitaliste dans la PME ou la firme transnationale tout comme d’ailleurs son compère le haut fonctionnaire dans le cadre étatique sont des conquérants dans un monde d’hyper-concurrence, de compétition généralisée.

Ce qui a changé avec le néolibéralisme c’est que ce type d’individu n’est plus le propre des grands dirigeants mais le modèle de quasiment tout un chacun. Le néolibéralisme ne laisse pas la figure de l’entrepreneur à l’artisan du vieux capitalisme ni même aux petits patrons de PME, ni même aux grands patrons de firmes transnationales. Le capitalisme social qui s’était développé après la seconde guerre mondiale était fondé sur une régulation de la vieille discipline du travail imposée par le capital au travail. Les travailleurs obéissaient, effectuaient la tâche prescrite avec le sentiment ambivalent du travail bien fait mais aussi de leur exploitation. Ils pouvaient se montrer zélés mais sans apologie du système d’exploitation . Le zèle provenait d’une motivation extrinsèque, pour avoir un meilleur salaire. Une nécessité . Aujourd’hui, presque tous les salariés, surtout les cadres intermédiaires, tendent à se concevoir comme un patron de lui même. Il en vient à critiquer le patron qui n’en fait pas assez. Il travaille en heure supplémentaire non payée. La motivation première est devenue intrinsèque. Bref il a intégré la mentalité entrepreneuriale du néo-capitalisme. L’être humain s’est conformé à la logique marchande et capitaliste pour produire plus, toujours plus de marchandises et de profits. La finance n’a fait que rajouter sa logique parasitaire à celle du néolibéralisme concevable comme phase et comme logique de domination sans limite du marché et de l’entreprise capitaliste et ce à des fins de pure productivistme. Le capitalisme tardif ne pose aucun sens à l’humanité. Le « travaillisme » effréné semble être sa seule valeur. Et en France N Sarkozy son grand ordonnateur.

Pourtant ce modèle activiste du travail n’est pas sans inconvénient aussi bien pour l’auto-entrepreneur que pour les autres travailleurs. A l’évidence tous ne suivent pas le rythme d’enfer imposé. Pas mêmes les cadres qui pourtant prétendent être les nouveaux modèles du système. Il y a des gagnants et des perdants et les perdants n’ont qu’à devenir gagnant ou périr. Le système est fondamentalement odieux et barbare mais les objets marchands sont si beaux et la diversion médiatique si efficace. Les barbares roulent en Porsche, en Ferrari, en super 4X4 ! Crise climatique ? Réponse : marché du carbone et on continue ! Le problème est que l’idéologie d’accompagnement de ce mode de gouvernement des humains ne prévoit pas la panne, le repos, le rythme de sénateur, la petite productivité, la RTT (réduction du temps de travail). Pour la rationalité néolibérale on gagne ou on meurt. Le monde est fondé sur la compétition uniquement, pas sur la tolérance, la solidarité. Le néolibéralisme qui pose la « fin de l’histoire » (Fukuyama) et le « Il n’y a aucune alternative » (TINA) de Margaret Thatcher ne pense pas l’arrêt de la compétition ni même un adoucissement. Tout juste une moralisation nécessairement hypocrite. Quant à la refondation néo-solidariste verte de type keynésienne elle peine à se mettre en place sous les auspices du retour à "un pur capitalisme" (M Husson).

Dans ce cadre les quelques revendications de libération qui laisse libre d’agir l’entrepreneur dans un cadre qui limite le travaillisme productiviste et qui demande d’abord la sobriété financière aux très riches. Il s’agit d’enclencher sur plusieurs pays occidentaux à forte productivité une réduction forte du temps de travail de l’ordre de 25 heures hebdomadaires afin que le principe de civilisation humaine qui veut que "nul ’est exempt de participer à la production de l’existence sociale" puisse s’appliquer. Ce qui signifie embauche des privés d’emploi mais aussi augmentation des salaires notamment pour les prolétaires, ceux et celles disposant de moins de 3000 euros par mois de salaire.

Christian Delarue


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