L’entrepreneur ou l’individu appelé à se concevoir comme une entreprise
Critique de la nouvelle servitude volontaire.
Le mode de production capitaliste présuppose des rapports sociaux dans
les structures de production qui mettent en conflit le travail et le
capital. Ce dernier défend non seulement la liberté d’entreprendre, le
droit de propriété privé mais un type d’activité fondé sur le
dynamisme, l’inventivité, la créativité. Le capitaliste type est non
seulement un organisateur mais aussi un meneur d’hommes et de femmes
qui fonde son leadership sur l’exemplarité de son activité. Le
capitaliste dans la PME ou la firme transnationale tout comme
d’ailleurs son compère le haut fonctionnaire dans le cadre étatique
sont des conquérants dans un monde d’hyper-concurrence, de compétition
généralisée.
Ce qui a changé avec le néolibéralisme c’est que ce type d’individu
n’est plus le propre des grands dirigeants mais le modèle de quasiment
tout un chacun. Le néolibéralisme ne laisse pas la figure de
l’entrepreneur à l’artisan du vieux capitalisme ni même aux petits
patrons de PME, ni même aux grands patrons de firmes transnationales.
Le capitalisme social qui s’était développé après la seconde guerre
mondiale était fondé sur une régulation de la vieille discipline du
travail imposée par le capital au travail. Les travailleurs
obéissaient, effectuaient la tâche prescrite avec le sentiment
ambivalent du travail bien fait mais aussi de leur exploitation. Ils
pouvaient se montrer zélés mais sans apologie du système d’exploitation
. Le zèle provenait d’une motivation extrinsèque, pour avoir un
meilleur salaire. Une nécessité . Aujourd’hui, presque tous les
salariés, surtout les cadres intermédiaires, tendent à se concevoir
comme un patron de lui même. Il en vient à critiquer le patron qui n’en
fait pas assez. Il travaille en heure supplémentaire non payée. La
motivation première est devenue intrinsèque. Bref il a intégré la
mentalité entrepreneuriale du néo-capitalisme. L’être humain s’est
conformé à la logique marchande et capitaliste pour produire plus,
toujours plus de marchandises et de profits. La finance n’a fait que
rajouter sa logique parasitaire à celle du néolibéralisme concevable
comme phase et comme logique de domination sans limite du marché et de
l’entreprise capitaliste et ce à des fins de pure productivistme. Le
capitalisme tardif ne pose aucun sens à l’humanité. Le « travaillisme »
effréné semble être sa seule valeur. Et en France N Sarkozy son grand
ordonnateur.
Pourtant ce modèle activiste du travail n’est pas sans inconvénient
aussi bien pour l’auto-entrepreneur que pour les autres travailleurs. A
l’évidence tous ne suivent pas le rythme d’enfer imposé. Pas mêmes les
cadres qui pourtant prétendent être les nouveaux modèles du système. Il
y a des gagnants et des perdants et les perdants n’ont qu’à devenir
gagnant ou périr. Le système est fondamentalement odieux et barbare
mais les objets marchands sont si beaux et la diversion médiatique si
efficace. Les barbares roulent en Porsche, en Ferrari, en super 4X4 !
Crise climatique ? Réponse : marché du carbone et on continue ! Le
problème est que l’idéologie d’accompagnement de ce mode de
gouvernement des humains ne prévoit pas la panne, le repos, le rythme
de sénateur, la petite productivité, la RTT (réduction du temps de
travail). Pour la rationalité néolibérale on gagne ou on meurt. Le
monde est fondé sur la compétition uniquement, pas sur la tolérance, la
solidarité. Le néolibéralisme qui pose la « fin de l’histoire »
(Fukuyama) et le « Il n’y a aucune alternative » (TINA) de Margaret
Thatcher ne pense pas l’arrêt de la compétition ni même un
adoucissement. Tout juste une moralisation nécessairement hypocrite.
Quant à la refondation néo-solidariste verte de type keynésienne elle
peine à se mettre en place sous les auspices du retour à "un pur
capitalisme" (M Husson).
Dans ce cadre les quelques revendications de libération qui laisse
libre d’agir l’entrepreneur dans un cadre qui limite le travaillisme
productiviste et qui demande d’abord la sobriété financière aux très
riches. Il s’agit d’enclencher sur plusieurs pays occidentaux à forte
productivité une réduction forte du temps de travail de l’ordre de 25
heures hebdomadaires afin que le principe de civilisation humaine qui
veut que "nul ’est exempt de participer à la production de l’existence
sociale" puisse s’appliquer. Ce qui signifie embauche des privés
d’emploi mais aussi augmentation des salaires notamment pour les
prolétaires, ceux et celles disposant de moins de 3000 euros par mois
de salaire.
Christian Delarue
30/08 12:39 - Christian Delarue
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16/04 17:29 - mouton-garou
Bonjour, @ l’auteur Un article qui dédouane les petits patrons qui se prennent pour des (...)
10/04 04:26 - Jibus
@ l’auteure, J’applaudis, et plutôt 2 fois qu’une !!! j’ai moi-même (...)
09/04 19:47 - loco
C’est pas bien malin de se polariser sur le fric. Que ces gens nous piquent le pognon, à (...)
09/04 19:08 - Radix
Bonsoir Je suis désolé si je vous ai vexée, mais reconnaissez qu’un dîplome de Science (...)
09/04 17:08 - realworld
Comme chantecler, je garde mon mouchoir dans la poche. Personnellement je remarque que les (...)
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