Ces patrons qui nous jettent le discrédit
Chevreux, Société Générale, Valéo, Crédit Agricole...Plus loin mais tout aussi stupéfiant, AIG, Merill Lynch, Bank of America...Autant de sociétés dont les patrons bénéficient de bonus incompréhensibles, se chiffrant à millions parfois même après les aides versées de l’Etat à leur entreprise, ou encore leur manque patent de résultats.
Ont-ils seulement conscience que par leurs agissements ils nuisent à l’entrepreneuriat français, dont je fais partie, au même titre que des dizaines de milliers de chefs d’entreprise. Ils nous décrédibilisent, nous procurent l’opprobe par assimilation et assassinent le fondemement de la morale libérale. Ont-ils perdu le sens de l’éthique ou ne l’ont-ils jamais eu ?
Quelques éléments pour recentrer le débat. Ces patrons, comme le rappelait il y a quelques jours un journaliste d’Europe 1, ne réprésentent tout d’abord que 1% des patrons français. Mais ce "pourcent" est suffisant pour que les 99 autres patissent de leurs agissements, suffisant pour que le prisme par lequel la politique oeuvre à l’aide des journalites, déforme la vision de l’économie libérale . Le vers est dans le fruit.
Pourtant, il n’est pas inutile de rappeler que le revenu moyen des chefs d’entreprises français est de l’ordre de 4.400€ par mois, loin des stock options, golden bonus et retraites chapeaux des dirigeants des entreprises susvisées et autres du CAC 40. Il n’est pas inutile de rappeler que la France est constituée de PME/PMI qui assurent l’emploi à 80%, sans avoir attendu les bonus dorés pour fonctionner. Que les patrons de ces dernières se débattent entre les impôts, les charges, les prises de commandes, les contraintes sociales, la paperasserie, se battent contre les banquiers, les impayés, les licenciements, parfois même l’Etat et tout cela pourquoi ? Pour tenter de sauver l’emploi et le sens qu’ils donnent à leur combat...sans bien entendu pouvoir bénéficier du chomage ou de toute autre forme de garantie. Mais bien sur, pour comprendre cela il faut avoir créé, repris ou sauvé une entreprise, en aucun cas en hériter et encore moins être désigné à la tête d’un navire dont on ne connait pas les commandes.
Et cela, le Medef ne l’a ni vu ni compris.
Et pourtant, même au siècle dernier la simple hérédité n’étant pas une garantie de compétence dans les affaires, la continuité de l’entreprise passait par une attentive formation des fils d’entrepreneurs ou, à défaut, de leurs neveux, jusqu’à ce qu’ils soient capables d’assumer des fonctions de responsabilités, puis d’être associés à la gestion. Où est passée cette longue formation au métier et à la responsabilité de l’entreprise ? Dans les grandes écoles et les grands corps ? Ce peut-être une solution respectable. Elle devient cependant illusoire si elle est soumise à la dictature du court terme, à l’attrait du profit immédiat et à l’absence d’éthique. Car si l’entreprise est l’organisme économique, l’entrepreneur lui donne la vie, la direction, la conscience, il est la force motrice de la structure sociale (Paul Leroy-Beaulieu).
Un entrepreneur est un batisseur et il n’y a d’entreprise que dans une vision à long terme.
Sont-ce donc des entrepreneurs que ces patrons qui oublient l’intérêt général et privilégient le leur à très court terme au détriement de la stratégie de l’entreprise dans son contexte économique ? Qui changent de postes comme d’employés, de fournisseurs comme de chemises ?
Je puis vous dire que non car pour eux, point de souci du prochain ni modération des pulsions d’avidité et d’accaparement. L’esprit de lucre aura pris le pas sur la morale entrepreneuriale, sur les règles de droit et d’équité qui prévalent chez la majorité d’entre nous, chefs d’entreprise.
Mais cela non plus le gouvernement ne le voit pas et fait d’une actualité centrée sur les grands patrons un cas semble-t-il général. Il faut bien des boucs émissaires...et l’on prend des "non patrons", au sens éthique du terme, pour moraliser tous les vrais, les autres....
Je ne remercie pas ces pseudo patrons et j’ai honte pour eux.
Je ne remercie pas l’Etat de leur préter tout ce crédit médiatique.
L’inévitable Loi qui va être imposée et dans laquelle peu d’entre nous vont se reconnaitre, viendra probablement briser l’entrepreneuriat dans sa conscience propre, l’envie d’entreprendre simplement et librement. Mais s’il faut en passer par là, pourquoi pas. Cette Loi de toute évidence, n’atteindra pas plus durement un vrai chef d’entreprise qui a de la conviction, que les coups qu’il prend à chaque étape de la construction de son entreprise dans un tel contexte.
Mais il est une chose que la Loi ne remplacera jamais, c’est la morale et la conscience de l’autre, le sens de l’éthique. C’est une question de respect, d’éducation, de valeurs et légiférer sur ce point me semble bien délicat ! Des voyous, il y en a eu de tous temps, partout et il y en aura encore demain. C’est le genre humain qui le veut...
Sur ce dernier sujet : lire l’entrepreneur et l’éthique (blog .tpe-pme.com)
Cyber entrepreneur
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