En allant, donc, à « la source », on trouve ceci, particulièrement instructif :
Phyllis
Rosenzweig : Pourquoi les rayures et pourquoi précisément
8,7 cm ? Cette mesure revêt-elle un sens spécial
?
Daniel Buren : Il n’existe aucune raison pour les rayures
en soi ; elles sont le résultat d’un processus naturel
qui a débuté vers 1964 lorsque mon travail s’est
développé. Je faisais de grandes peintures qui étaient
peintes exception faite des parties préalablement recouvertes
de papier-cache adhésif. Lorsque le papier-cache était
enlevé, il laissait de larges rayures verticales qui révélaient
le support sur lequel le reste avait été peint.
À l’automne 1965, en achetant des fournitures pour mon
travail au célèbre marché Saint-Pierre à
Paris, j’ai trouvé du lin à rayures qui était
généralement utilisé pour des coussins et
des matelas. Il était fin, c’était du coton très
léger, et ressemblait aux stores utilisés pour recouvrir
les terrasses des cafés et restaurants de Paris et du monde
entier. Ce matériel ressemblait exactement à ce
que j’avais essayé de faire de façon formelle avec
la peinture pendant plus d’une année – quoiqu’avec
moins de succès. J’ai acheté plusieurs mètres
et j’ai immédiatement commencé à travailler
avec. Les rayures sont devenues un modèle, un signe que
j’ai plus tard appelé mon outil visuel.
Ou comment découvrir l’eau chaude, et s’en faire une « marque de fabrique » ; démarche, comme on peut le voir, particulièrement artistique et créatrice.
Moi, pendant des années, je recouvrais des supports de petits pois, jusqu’à ce que je découvre, un jour, dans un vide-grenier, qu’il existait des tissus à pois ; depuis, j’en ai fait mon « outil visuel » ; et je compte, bientôt, recouvrir l’arc de triomphe de petits pois.
Chui un artissse conceptruel...