Je voudrais rappeler une réalité aux professeurs de l’éducation nationale : une tendance lourde observée actuellement est une affluence record pour inscrire les élèves dans les écoles privées, qui doivent parfois même refuser du monde, tandis que les inscriptions dans les écoles publiques diminuent.
La baisse globale de qualité de l’enseignement public n’est pas un fantasme. Il ne s’agit pas évidemment de designer les enseignants comme boucs-émissaires, mais ils ne peuvent nier une part de responsabilité dans ce processus. Refuser de se remettre en question de leur part (et de tous les autres acteurs du système), c’est tout simplement inviter les acteurs privés à s’engouffrer dans la brèche, ce qui conduirait à terme à une marginalisation du système public déjà sous perfusion ; la mondialisation est aussi présente dans l’enseignement.
Jusque là, en France, l’Etat s’est efforcé de protéger le système tant bien que mal, mais cela ne sera pas éternellement tenable.
Les propos de Ségolène Royal sont peut-être typiquement « La mauvaise réponse à un vrai problème », du moins à en croire les réactions des concernés, mais le problème devra être abordé tôt ou tard, et le plus tôt ce sera fait, la moins douloureuse sera la « Révolution Culturelle » qui sera demandée aux enseignants.
On ne pourra pas faire l’économie de cette révolution. L’école a cette particularité, relativement rare parmi les services publics, d’avoir une performance directement, objectivement mesurable qui est le taux de réussite. Il faudra bien à un moment ou un autre que la prise en compte de la performance soit « intégrée dans le logiciel » du personnel enseignant. L’école publique ne pourra pas survivre en demeurant déconnectée des réalités globales.