La mise en cause d’un texte - tel l’ouvrage de Roger Garaudy Les Mythes fondateurs de la politique israëlienne, le numéro de la revue L’Infini (Gallimard) sur « La question pédophile » ou encore La Rage et l’Orgueil d’Oriana Fallaci - est-elle (serait-elle dans le cas de L’Infini, qui jusqu’ici a bénéficié d’une grande discrétion) justifiée ? La censure recherchée par la veille idéologique (« comme à Moscou en 1934 », disait Christian Combaz) nie évidement la présomption d’innocence et empêche ou prévient, pour longtemps, l’examen des textes par une grande partie du public, fût-il éclairé (et ce, alors que la traduction française de Mein Kampf reste en vente au siège parisien des Nouvelles Éditions Latines). L’hebdo L’Événement du Jeudi (25-31 mai 2000) imprimait en gros caractères « la Campagne de France] [de Renaud Camus], truffé de passages antisémites », puis donnait, en tout petits caractères et dans une marge fort étroite, quelques extraits de l’ouvrage, dans lesquels un lecteur attentif et à l’esprit non prévenu ne trouvera rien qui corresponde ni à la définition de l’antisémitisme donnée plus haut (hostilité à l’égard des juifs en général), ni aux exemples célèbres fournis par le concile de Latran IV, Drumont, Céline ou Jouhandeau … Tout au plus une distance, une réticence à l’égard du communautarisme juif. Les lecteurs de L’Événement du Jeudi ne disposaient ni de la définition, ni d’exemples du phénomène en cause. L’on prend ainsi, à vouloir « traiter » sur la place publique et dans la précipitation des questions complexes, le risque de nombreuses « erreurs judiciaires », manipulations et intimidations.