Bon article, agréable à lire.
Je partage l’essentiel de cette analyse. Il existe suffisamment d’éléments convergents, à la fois au niveau programmatique que dans leurs vision de la société, pour que les responsables du PS, des écologistes et du MoDem puissent entamer un dialogue constructif dans le cadre d’un projet d’alternance.
Néanmoins, deux éléments importants me semblent sous-estimés dans votre analyse :
- au niveau budgétaire, le MoDem prône une réduction des déficits et de la dette (et donc des dépenses publiques de fonctionnement), au nom de la responsabilité des gouvernants vis à vis des générations futures. Les 150.000 emplois jeunes, le reversement d’une partie de la TVA et les différentes mesures de relance proposées par le PS lors de son université d’été sont difficilement compatibles avec un engagement de restriction budgétaire. On peut potentiellement trouver plus de points communs avec les écologistes, car uen relance « verte » tient plus de l’investissement que du fonctionnement, et peut donc être acceptée par les différents partenaires.
- au niveau de l’Europe, il existe une ligne de fracture qui n’est pas au niveau du libéralisme (le MoDem n’a rien de néo-libéral, et il vient de cosigner avec les écologistes et le PS l’appel à une taxe Tobin pour financer l’adaptation aux nécessités écologiques des pays en voie de développement) mais au niveau de la vision fédérale de l’Europe : là aussi, il y a plus de convergence entre écologistes et MoDem qu’entre ceux-ci et une partie du PS, partisante d’un statu quo.
Plus politiquement, il reste que le principal obstacle à un tel débat demeure l’ego et les calculs personnels des responsables des différents partis :
- chez les écologistes, les reponsables Verts, traditionnellement « de gauche » (comme Cécile Dufflot) sont très opposé à un dialogue avec le MoDem et préfère rester proche des communistes, afin de concurencer sur sa gauche un PS qui souffre d’une image déconnectée des milieux défavorisés. Il y a là fracture avec les écologistes venus de la société civile, plus ouvert au débat, et dont l’électorat est plus modéré.
- Au PS, les réticences sont multiples : beaucoup d’élus redoutent de devoir perdre des responsabilités locales au profit de leurs alliés potentiels en cas d’accord global ; les calculs de lutte pour le pouvoir entre présidentiables sont puissants, et il y a une différence de stratégie entre les « classiques », qui s’appuient sur les militants, plutôt opposés à un tel accord (en raison de leur origine), et les « progressistes » qui s’appuient sur les électeurs socialistes (plus favorables à l’accord) et qui ne voient que dans un accord avec le centre une possibilité de victoire en 2012 (et donc d’être ministre).
Au final, beaucoup dépendra de cette lutte entre ambitions locales et ambitions nationales : il est probable qu’une victoire en 2012 passe par une large alliance de l’opposition comprenant les modérés (la seule « gauche » n’est pas majoritaire en France), mais le spectre de Bayrou, candidat unique au MoDem (tandis que le PS en possède une douzaine et les écologistes aucuns) pèse sur les discussions. Les récentes déclarations de Mme Royal, Mrs Chevènements et Baylet, et la remise en question de l’élection de Mme Aubry d’un côté, et la constitution d’un accord à gauche du PS de l’autre (NPA, PG, PC) pourrait néanmoins faire basculer les plus réticents vers un débat clarificateur entre progressistes.