L’énergie « verte » ou « propre » : chacun pour soi ou service public en réseau ?
Contrairement à ce qu’indique le titre qui veut
souligner un point essentiel, la promotion de l’énergie propre ne fait
pas l’économie de la fiscalité « verte » qui à notre avis doit aussi être
« rouge » et de plus ne devrait pas être l’essentiel du projet « climat »
contrairement à ce que défend Nicolas Hulot et d’autres dont l’auteur de ce texte.
La contribution climat-énergie dite taxe carbone de la
commission Rocard prévue pour réduire la consommation d’énergie et la
réduction de gaz à effet de serre n’est pas une réussite à ce jour. Sa
mise oeuvre gouvernementale non plus. Les critiques ne cessent de
tomber. Une d’entre elles a attiré notre attention, celle d’un ami
co-fondateur d’ATTAC Guillaume DUVAL qui dans son article " Taxe
carbone : il faut raison garder " (1) dit en substance que l’injustice
sociale de cette taxe " ne doit pas retarder la montée en puissance
d’une fiscalité environnementale en France ". Ce choix écologique
anti-social est dur à entendre en période de crise économico-sociale.
Cette contribution présentent trop de défauts. J’en
vois quatre . Le propos est sobre car non spécialiste de la question
climatique et alors que déjà des auteurs avertis se sont prononcés. Par
contre, peu à ce jour ont défendu un service public national de
l’énergie propre (en lien avec une gestion publique mondiale de
l’énergie comme bien commun de l’humanité).
1 - Cette contribution présente quatre grands défauts :
Elle élude la question écologique et la question sociale et enjambe allègrement la question démocratique.
* Sur le volet démocratique,
à défaut de vote ou de consentement à l’impôt on apprend par sondage
que deux français sur trois contestent cette nouvelle taxe. On sent
qu’une vague de « communication-culpabilisation » va monter en puissance
dans les médias pour réexpliquer la nécessité d’un seul changement
individuel de comportement pour limiter la dépense d’énergie fossile
qui dispense des gazes à effet de serre qui sont à leur tour
responsables du réchauffement climatique observé.
* Sur le plan écologique,
elle exclue l’électricité . Il est certain que l’augmentation des prix
du charbon, du fuel et du gaz va favoriser la consommation
d’électricité. Mais l’électricité est exclue au motif du
nucléaire soit disant « propre ». Elle a d’autres défauts annoncés,
notamment son faible taux qui la rend aux yeux des spécialistes
inefficace.
* Au plan social, elle
exclue les entreprises polluantes mais pas les ménages qui n’ont pas
choisi le mode de production qui impose un mode de consommation. De
plus, elle ne va pas empêcher les riches de
surconsommer. Par contre, ce sont les prolétaires qui vont devoir être
vigilants et être « sobres ». Toujours la même rengaine de l’austérité
pour ceux d’en-bas et de gabegie maintenue pour les très riches. La
justice sociale est absente.
* Au plan fiscal, le
choix de la neutralité empêche le financement public de l’énergie
verte. Car la question est bien au-delà de la sobriété énergétique de
réduire la production d’énergie « sale » pour
développer celle dite « propre ». Une fois ce choix effectué se pose la
question du mode de production de l’énergie « propre » : privé ou
public ? Marchand ou non marchand ? En micro local ou en réseau
national ?
2 - Pour une gestion publique mondiale et pour un service public national de l’énergie propre.
D’autres questions ne sont pas abordés telle le besoins
de réformes de structure comme celle par exemple du logement "
écologique " pour tous en lien avec l’instauration d’un grand service
public national du logement.
L’énergie fossile représente 80 % de l’énergie
produite. Il faut réduire son extraction mais de ce fait investir dans
la production de l’énergie renouvelable. L’énergie doit devenir un bien
public à gestion publique pour l’humanité. Car nul ne peut se dispenser
d’énergie. Elle est vitale. L’énergie propre doit donc devenir un droit
garanti aux humains de la planètes. La question sera posée en décembre
au sommet de Copenhague.
Par ailleurs, l’énergie renouvelable dite « propre » ou
« durable » va dans les prochains mois avoir le vent en poupe plus
qu’auparavant si les gouvernements se mettent à taxer sur les énergies
fossiles et seulement ces énergies-là. Dés lors, le besoin de
production et distribution d’énergies propres va devenir impératif,
urgent et de façon massive. Cette production comme cette distribution
devra se faire sous appropriation publique et hors du marché pour que
tous y ait accès.
Imaginons que chaque ménage soit à égalité financière
par subventionnement public, ce qui n’est pas simple, peux-t-on penser
sérieusement que chaque ménage va être en droit de planter une éolienne
dans son jardin ! Cet individualisme est tentant. Il est à repousser de
même qu’un localisme de quartier ou de ville. Pour contrer la logique
marchande et privatiste (des transnationales) et pour promouvoir une
certaine égalité d’accès, il n’y a guère que le service public
national. Lui seul assure la péréquation tarifaire pour l’ensemble des
usagers du territoire.
C D
Taxe carbone : il faut raison garder Guillaume DUVAL