Je pense que l’on oublie quelque chose de fondamental dans les suicides de FT (et d’autres entreprises comme Renault dont on n’entend plus parler, curieux non ?) : c’est qu’ils sont la conséquence du travail et non d’un souci extra-professionnel.
Je veux bien croire que la vie n’est pas toute rose, loin de là, mais les suicidés ou ceux qui l’ont tenté ont bien mis en exergue et en cause leurs conditions de travail et non leur vie en dehors du travail !
Même chose chez les suicidés de Renault.
il serait intéressant de comparer avec les taux de suicides dans les entreprises encore un peu publiques comme EDF, SNCF, RATP ... Vraiment intéressant !
L’article ne veut pas défendre FT soit. Mais l’article ne doit SURTOUT pas donner du crédit à des méthodes dites de « management » (sic) qui datent d’un autre siècle (le XIXème pour ne pas le citer).
Depuis quand dit-on à un salarié qu’il est nul, qu’il n’est plus bon à rien, qu’il ferait mieux de faire autre chose, qu’il est encombrant, qu’il dérange ses collègues de travail ?
Alors oui, il faut être un tantinet fragile pour accepter sans broncher de tels propos infantiles (la dernière fois que j’ai entendu « t’es nul » c’était dans une cours de récréation) sans mettre le poing dans la gueule de celui qui les tient mais ne faut-il pas être sacrément dénué de neurones pour les tenir ?
On le sait depuis longtemps : il ne faut pas être intelligent pour devenir riche (sinon les Nobel seraient les femmes et les hommes le plus riches du globe) mais utiliser une hiérarchie de branquignols tout juste issus d’un gardiennage de boîte de nuit pour virer du monde au lieu de clairement expliquer les choses entre gens sensés, non, décidément NON !
Mais faire des choses sensées ça coute cher c’est là le souci : plans de licenciements, de recasage, procès éventuels, etc.
Le fond du problème est là :
- déresponsabilisation de l’encadrement (au lieu de pratiquer du management d’équipe sa tâche consiste à faire le videur, pas besoin d’avoir fait des études pour cela) ;
- dévalorisation du Travail (plus de remerciement, plus de valorisation du travail bien fait, plus d’émulation, critique systématique, nullification des activités quoiqu’on fasse, etc).
Tout cela dans un seul objectif : minimiser les charges sociales de manière à augmenter les dividendes. Peu importe la méthode du moment que ça fonctionne. Et la première méthode consiste à ne pas augmenter les rémunérations.
En résumé, les employés, que l’on démotive à force de non-augmentation des rémunérations (il faut avant tout distribuer des dividendes) puis de non-valorisation de leur activité puis, si ça ne suffit pas, de placardage, de nullifications, d’insultes, sont désormais traités comme du BETAIL.
Ce bétail représente un poids mort : il faut donc s’en débarrasser le plus vite possible.
Qui fera le boulot à la place du bétail me direz-vous ? Le middle-management bien entendu !
Management qui fera 70 heures par semaine en s’imaginant s’offrir une place au soleil dans l’entreprise. Avant d’être, à son tour, considéré comme du bétail dont il faut se débarrasser.
Etc, etc.
C’est la philosophie d’entreprises comme Alcatel par exemple : virer tout le monde, sous-traiter un max et ne conserver qu’un ministaff de dirigeants. Dirigeants qui se gavent, par le jeu des golden parachutes, quels que soient les résultats de l’entreprise.
Et ce pb se répand à la vitesse de la poudre dans toutes les entreprises y compris les entreprises dites publiques qui historiquement entretiennent une très forte estime du travail (*). Car elles se privatisent progressivement.
En somme : privatisation = faibles salaires (mais forte rémunération des dirigeants et des actionnaires) => dévalorisation du travail => peu de motivation => recours à des méthodes d’encadrement de voyous => accidents (voir privatisation du rail au Royaume-Uni) => suicides.
Lorsque j’étais plus jeune j’imaginais l’entreprise comme un monde vivant où l’échange social, la promotion individuelle, l’acquisition de nouvelles compétences participaient à la dynamique d’ensemble.
Désormais, pour moi, mis à part quelques exceptions, l’entreprise, notamment la grande, est devenu un lieu de mort sociale totalement déshumanisé.
De toute manière le gouvernement a reconnu implicitement, en simplifiant le statut d’auto entrepreneur, que le salariat était voué à une mort certaine ou, tout du moins, à une stagnation et que le « travailler plus pour gagner plus » ne pourrait certainement plus jamais s’y appliquer sauf pour quelques dirigeants et sauf à posséder des activités annexes.
db
(*) On l’a encore vu lors des tempêtes de 1999, les employés d’EDF ont travaillé sans relâche pour rétablir le courant ; nul doute que la prochaine fois ils s’en taperont complètement.
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