France Telecom : un suicide reconnu accident du travail ?
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La direction parisienne de
l’entreprise a été saisie d’une demande en ce sens de la famille de
Michel D., un cadre de France Telecom, qui avait laissé une lettre
expliquant son geste où il mettait en cause sa hierarchie.
La
famille de Michel D., un cadre de France Telecom 52 ans, qui s’est
suicidé le 14 juillet dernier, a demandé à l’entreprise que ce décès
soit considéré comme un accident du travail. En effet, Michel avait
laissé une lettre expliquant son geste où il mettait en cause France
Télécom.
Vendredi matin lors du Comité d’hygiène, de sécurité
et des conditions de travail de l’Unité de pilotage de réseaux du
sud-est basé à Marseille, la direction locale de France Télécom a
décidé de s’en remettre à Paris. L’observatoire du stress et des
mobilités forcés, un organisme créé par des salariés syndiqués de
France-Télécom, a critiqué cette décision de l’antenne régionale :
« C’est une volonté d’échapper à ses responsabilités », a déclaré Olivier
Flament à la sortie de la réunion.
« Nous n’avons même pas reçu de lettre de condoléances ! »
Pour
Christine, la sœur de Michel D., « France-Telecom ne veut pas se
prononcer car elle ne souhaite pas endosser la responsabilité de l’acte
de [s]on frère ». « L’employeur veut faire croire que son suicide est une
affaire privée. Notre famille a demandé à la direction de
France-Telecom il y a un mois et demi de requalifier le suicide de mon
frère en accident du travail. Mon père leur a écrit une lettre
recommandée dans laquelle il reprenait l’argumentation de mon frère
contre son employeur. Aucune réponse ne nous été notifiée pour le
moment. Le seul contact qu’on a eu avec France-Telecom s’est déroulé
deux jours après le décès de Michel. La DRH nous a fait comprendre que,
comme à l’armée, il existerait des « pertes autorisées compte tenu des
effectifs de France-Telecom ». C’est à la suite de cette conversation
que nous avons refusé toute représentation de la direction de FT aux
obsèques de mon frère. Nous n’avons même pas reçu de lettre de
condoléances ! »
Christine explique que son frère a toujours été
bien noté par sa hierarchie. « Il a donné trente ans de sa vie à son
employeur. Durant les semaines précédant son suicide, il nous
expliquait que tous les moyens étaient bons pour le dissuader de rester
dans l’entreprise. Ces derniers mois, les méthodes de management
avaient empiré. Il se surchargeait de travail parce qu’il considérait
que cela pouvait le conforter dans son poste. Il n’envisageait jamais
de se mettre en arrêt de travail de peur de ne pas retrouver ses
fonctions. Les relations entre collègues se détérioraient à cause du
management également. »
Juste une remarque pour noter que le métier de DRH (directeur des ressources humaines) est bien le métier le plus putassier qui ait jamais été inventé : ou comment mettre de l’huile dans les rouages de la machine à broyer...