Petit condencé pour les nuls en magouilles umpistes.
5, puis 23 novembre 2003
Jean-Louis Gergorin, vice-président d’EADS, remet au général Philippe Rondot des fichiers informatisés incluant des noms d’hommes politiques (Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn…), d’industriels (Philippe Delmas), de membres de services de renseignement, et de stars du show-biz (Laetitia Casta). M. Rondot reçoit l’ordre de Philippe Marland, directeur de cabinet de la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, d’enquêter sur les fonctionnaires concernés.
9 janvier 2004
Philippe Rondot se rend à une convocation de Dominique de Villepin, aux affaires étrangères. Il y retrouve M. Gergorin.
Selon les propos de M. Rondot aux juges, M. Gergorin présente un listing informatisé. Dominique de Villepin lui aurait demandé de diligenter une enquête, « sur instruction » du président de la République. La discussion, d’après des notes personnelles de M. Rondot saisies par la justice, porte aussi sur Nicolas Sarkozy. Ces notes mentionnent des « liens Sarkozy-Dassault-Le Figaro » et font une allusion directe au listing de Clearstream : « compte couplé N. Sarkozy, Stéphane Bocsa – à préciser ». M. de Villepin a démenti que le nom de Nicolas Sarkozy ait été prononcé.
3 septembre 2004
Une information judiciaire est ouverte par le parquet de Paris pour « dénonciation calomnieuse ». Elle fait suite à une plainte déposée avec constitution de partie civile au mois de juillet par Philippe Delmas. Elle est confiée aux juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons. L’affaire prend alors un tournant politique : outre la concurrence qui agite l’industrie française de l’armement, surgit la rivalité entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. M. Sarkozy accuse à mots couverts l’entourage de Dominique de Villepin d’être à l’origine de l’affaire.
15 octobre 2004
Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin s’expliquent en présence du chef de la DST, Pierre Bousquet de Florian, qui a montré à M. Sarkozy, alors ministre de l’économie, une note de ses services. M. de Villepin estime avoir « dissipé tout malentendu » ; M. Sarkozy lui reproche d’avoir diligenté une enquête sur lui sans l’en informer et de lui avoir caché les conclusions, qui l’innocentaient. Il reste convaincu que des éléments sont cachés : « Je n’ai qu’une demande, déclare-t-il au Monde, un service de l’Etat a connaissance d’une manipulation qui me vise et détient des renseignements. Ce que la police sait, il faut que la justice le sache aussi. »
31 janvier 2006
Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, qui veut savoir si la manipulation ne vise pas à l’atteindre politiquement avec l’aide d’officines ou de services de l’Etat, se constitue partie civile. Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin et Clearstream font de même en avril.
Mars-avril 2006
Perquisitions au plus haut niveau des services de renseignement français, notamment à la DGSE et au ministère de la défense et à l’état-major d’EADS, ainsi qu’au domicile du général Rondot, et à celui d’Imad Lahoud, l’informaticien d’EADS qui aurait travaillé en 2003 sur le dossier Clearstream pour la DGSE. EADS se constitue partie civile pour « dénonciation calomnieuse ». Michèle Alliot-Marie dément avoir été au courant dès 2003, comme le soutient l’hebdomadaire L’Express, de l’affaire Clearstream et d’avoir gardé le silence.