Dans les pays musulmans, il y a plus de rites que de religion.
Il y a comme une fin de l’Histoire : les salafistes et autres acharnés du « retour aux sources », tout en condamnant la bidâa (l’Innovation) en viennent eux-mêmes à inventer des « traditions », des rites et des sunnas pour asseoir leur autorité.
Ce n’est pas que le ramadan.
Le problème naît du principe coranique (pourtant très noble) que nous sommes tous égaux devant Dieu et devant la vie. Tout musulman a le droit de devenir Calife.
Comme il est impossible d’avoir 300 millions de Calife, nos prosélytes « exercent » leur droit à l’égalité en se comportant comme des chefs et même comme des tyrans.
Cet état d’esprit qui donne le droit à n’importe qui (mais alors vraiment n’importe qui) d’interpréter et d’imposer sa vision de l’Islam a des conséquences gravissimes.
1. A partir du principe d’égalité, il se trouve que n’importe quel cancre ou rebut de la société trouve dans la « culture » coranique un moyen d’attirer la considération : les sociétés musulmanes respectent les gens qui « savent », en l’occurence les escrocs qui baragouinent quelques versets. Il s’ensuit que le tocard qui hier encore se sauvait devant la police pour avoir commis un larcin se met tout d’un coup à jouer les imams d’occasion habillé en gandoura et du k’hol dans les yeux.
2. Les mêmes qui invoquent le principe d’égalité ne s’embarrassent pas de réflexion pour vous répondre, quand ils sont coincés, que tel ou tel « oulema » (savant, docteur de la foi) a émis une fetwa. La lâcheté accompagne la suffisance et l’ignorance. Leur prétention à « légiférer » s’efface devant leur tendance quasiment héréditaire à s’en remettre aux anciens et aux « plus savant ». Or d’après le Coran, « Ceux qui font les fetwas sont les plus près de l’Enfer » et nos apprentis docteurs de quartier ont peur de l’Enfer. Ils préfèrent la version avec 70 vierges.
3. L’Islam rappelle que chacun est responsable individuellement de ses actes, de ses pensées et de ses intentions. Personne n’intercèdera pour personne et personne n’a le droit d’imposer quoi que ce soit. Mais nos islamistes trouvent toujours des interprétations qui les arrangent et s’affranchissent de tout. Ainsi traduisent-ils le Jihad et la nécessité d’inciter au bien : le « bien » pour eux est, non pas d’aimer son prochain ou d’aider les gens mais de se garantir une place au Paradis en échange de leur aumône bidon et surtout en échange de leur « combat » pour la religion de Dieu.
Pour eux, veiller à l’observance stricte de ce qu’ils ont « compris » est un acte de bien donnant droit à des « bons points » chez le Tout-Puissant.
4. Dans les pays musulmans, face à la pratique calme de l’Islam, il y a toujours les manipulateurs du discours religieux : les islamistes déclarés et souvent l’Etat : Le roi du Maroc qui se fait passer pour le « commandeur des croyants », héritier direct du Prophète, en Algérie une nomenklatura bigote, favorable à une islamisation qui prend en tenaille la population et qui joue sur le principe du respect absolu de l’autorité en terre d’Islam.
Bourguiba a été un grand casseur de tabou. Il démontrait en direct que le ramadan ne devait pas être une contrainte : il mangeait à la télé.
Il y a les islamistes affichés et les autres : les policiers, les gendarmes, les représentants de l’Etat ayant une quelconque autorité ne sont en fait que des islamistes objectifs quand le policier vous demande si la femme qui vous accompagne est votre légitime ou quand ils arrêtent un couple au parc zoologique d’Alger en train de « casser » le ramadan...et qu’ils les enferment dans la plus triste prison algéroise pour « atteinte à l’islam et au prophète »...les juges sont des cancres et ils ne pensent pas à inculper dans ce cas les Dupont et les Smith qui bouffent. Un blasphème est un blasphème : pourquoi un « infidèle » serait-il épargné ? parce qu’on assimile tout algérien, tout marocain et tout arabe à un musulman. Même si Jean Dupont est algérien, on ne lui tiendra pas rigueur de ce qu’il mange pendant le ramadan.
Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, Alger gardait ses cafés et restaurants ouverts même pendant le ramadan...