Au delà de la question du vol de données
informatiques, c’est aussi le fait que ce soient ces fichiers là qui ont été
falsifiés à des fins de calomnie, et que l’on pourrait au moins théoriquement accuser
Bourges et Robert de les avoir eux-mêmes faussés, ce que je crois pas un
instant d’ailleurs.
L’ironie de la chose c’est que ce sont précisément
les accusations de Denis Robert (la plupart du temps récusées en justice, mais
pas toutes) qui ont permis la calomnie, puisque pour le commun des mortels
cette chambre de compensation internationale est équivalente à magouille internationale
et fraude fiscale, alors qu’en réalité la fraude fiscale n’a rien à y voir (ou
alors indirectement) puisqu’il s’agit du règlement de soldes sur les marchés
des capitaux : Clearstream par exemple est directement partenaire de la
Banque de France quand il s’agit de solder des achats/ventes d’obligations émises
par l’état français. Ce qu’il faut en retenir est que ce sont des montants énormes
qui sont en jeu, ce qui implique aussi que les clients de Clearstream aiment la
discrétion (rendre les transactions publiques, c’est aussi révéler les stratégies
des clients, cela ne se fait pas à l’échelle nationale, et pas plus sur l’international).
Mais on peut aussi imaginer que c’est par là qu’ont transités les fameuses
retrocomissions des ventes de frégates (par l’émission de titres bidons p.ex.).
Ce serait en fait possible d’en savoir plus, Clearstream serait obligée d’ouvrir
ses historiques de transaction, encore faut-il savoir ce que l’on cherche et
surtout qu’un juge français en fasse la demande officielle. Mais pour ça il
faudrait qu’on lève le secret défense, ce que personne n’a jamais voulu faire puisque
cela mouillerait trop de monde et de plus engendrerait des dépenses supplémentaires
pour le contribuable français à cause des amendes devenues inévitables
contractuellement. Que ce soit les clans de Mitterand, Chirac ou Sarkozy, ils
en ont probablement tous profité à des degrés divers, et aucun n’a eu intérêt,
dans l’exercice de son pouvoir, à rendre public le scandale. Pas plus, et pas moins,
aujourd’hui qu’hier. Il est - en principe, autre ironie de l’histoire - beaucoup moins risqué de faire circuler des
listings truqués et d’utiliser le ramdam médiatique généré par Denis Robert autour
de Clearstream à des fins de calomnie que de lever le secret-défense. Si Chirac
et ses sbires n’avaient rien eu à se reprocher, ils l’auraient levé quand ils étaient
au pouvoir. C’est un aspect des choses que l’auteur de l’article passe sous silence quand il attaque Sarko sur ce terrain.