Les journalistes ne comprennent en général pas grand chose à la finance internationale, aux opérations de marché, au clearing des flux et des titres, à la titrisation et aux LBO ... Mais ils écrivent quand-même des articles sur les faits qui traitent de ces sujets, relayant ce qu’en disent les protagonistes. Ils devraient chercher à mieux comprendre le fonctionnement de ces opérations, auprès des spécialistes, et faire acte de pédagogie en expliquant en mots simples aux lecteurs et auditeurs qui cherchent à comprendre de quoi il s’agit.
J’ai lu le livre de Denis Robert quand il est sorti. Très confus, qui complique beaucoup les choses et cherche à toute force de démontrer l’opacité de cet organe central de règlement-livraison qu’est Clearstream, le décrivant comme une grande lessiveuse, une plate-forme du blanchiment. Certes, des flux provenant d’argent sale peuvent très bien être placés en titres qui s’échangent entre intérmédiaires bancaires (chez qui les clients finaux sont domiciliés) via Clearstream. Mais cela ne veut pas dire que Clearstream blanchit cet argent. Clearstream n’est qu’un outil d’échange, comme l’est son concurrent Euroclear. Ces systèmes ont été audités et mis hors de cause.
Clearstream (autrefois appelé Cedel) a été créé pour permettre le règlement-livraison d’eurobonds (euroobligations, ou encore obligations européennes en devise échangées de gré à gré entre des acteurs bancaires de différents pays). Les banques achetant/vendant entre elles pour leur compte propre ou le compte de leurs client et Clearstream se chargeant de rapprocher les ordres d’achat et de vente entre les contreparties bancaires et d’assurer leur règlement. Clearstream ne connait pas le client final (normal, cela ne servirait à rien). C’est ce qui donne l’impression d’opacité.
Quand aux sous-comptes Clearstream, il s’agit de comptes internes (agences ou succursales de la banque cliente de Clearstream qui elle-même possède un compte publié) utilisés simplement pour une gestion interne, à l’instar de la comptabilité analytique des établissements, qui n’a pas à être publiée en termes réglementaires, comptabilité sociale et consolidée.